MAIL  Les Généralistes CSMF  ///  Jeudi 16 mai 2019

ASSISTANTS MÉDICAUX : UNE ERREUR HISTORIQUE

Après cinq mois de négociations non-stop, s’est déroulée le 9 mai la dernière séance de négociation. Celle-ci, comme celle sur l’accord conventionnel sur les Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (les CPTS), était la suite du discours du Président de la République au mois de septembre 2018 faisant des assistants médicaux et des CPTS les mesures phares pour améliorer l’accès aux soins et répondre ainsi aux préoccupations d’une majorité de français.

Si l’ensemble des syndicats médicaux s’étaient engagés à tout mettre en œuvre pour améliorer l’accès aux soins, ils avaient aussi rappelé d’emblée que l’assistant médical devait aussi permettre d’améliorer la qualité des prises en charge des patients.

Pour Les Généralistes-CSMF, cette négociation était le seul moyen dont nous disposons actuellement d’améliorer les conditions d’exercice des médecins généralistes libéraux confrontés à des rémunérations déconnectées du contenu de leurs consultations du fait d’un nombre de consultations complexes de plus en plus important lié au vieillissement de la population, mais aussi à de grandes difficultés pour répondre aux demandes de soins de la population.

La seule vraie question à se poser à l’issue de ces négociations est de savoir si nous avons atteint ces deux objectifs.

Lors de cette dernière séance, le Directeur de l’UNCAM nous a enfin proposé la possibilité d’une aide à l’embauche d’un assistant médical temps plein par médecin, demande formulée avec insistance par la CSMF depuis le mois de janvier. Malheureusement, la portée de cette possibilité s’en trouvera énormément réduite car elle sera réservée aux zones sous-denses et cela alors que chacun sait que beaucoup d’autres zones souffrent d’un cruel manque de médecins généralistes.

Si au total les médecins généralistes avec une patientèle importante, plus de 1721 « patients médecin traitant » (la moyenne nationale est de 872 patients par médecin généraliste), auront un intérêt évident à embaucher un assistant médical et cela quelle que soit la formule choisie (un assistant pour un, deux ou trois médecins généralistes), qu’en est-il des autres, soit 95% des médecins généralistes ?

Une chose est certaine, c’est que pour tous ceux qui s’approchent de la moyenne nationale, les objectifs à atteindre sont tellement élevés qu’ils seront dissuasifs. Même si ces médecins sont persuadés que ces assistants représenteraient une véritable plus-value pour leur pratique et pour leurs patients, qui peut imaginer qu’ils vont s’engager à augmenter leur patientèle de 20, 25 ou 35% selon l’option choisie ?

Or, ces médecins représentent principalement la nouvelle génération de médecins généralistes en exercice.

Si leurs ainés avaient, il y a 20 ou 30 ans, adapté leur projet de vie à leur projet professionnel, travaillant ainsi cinq jours par semaine ou plus, la nouvelle génération de médecin adapte son projet professionnel à son projet de vie, ce qui les amène à travailler moins longtemps et donc à avoir des patientèles moins importantes.

Alors que l’assistant médical était aussi censé donner des perspectives attractives à l’exercice de la médecine générale, nous nous retrouvons donc dans la situation paradoxale où la plupart des jeunes médecins vont se trouver exclus de ce nouveau dispositif.

Il s’agit là d’une erreur tant sur le fond que sur la forme. Sur le fond car ces jeunes médecins, même sans travailler plus longtemps, ont besoin d’un assistant médical pour prendre en charge plus de patients. Sur la forme car il n’est pas judicieux d’opposer ainsi deux générations de médecins généralistes qui ont vocation à vouloir rester les chefs d’orchestre du parcours de santé.

Au total, cet avenant à la convention médicale s’avère être une erreur historique au détriment de la médecine générale.

Dr Luc DUQUESNEL,
Président Les Généralistes CSMF

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