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MAIL  Les Généralistes CSMF  ///  Mardi 23 avril 2024

 

MAIL  Les Généralistes CSMF  ///  Mardi 23 avril 2024

MASSACRE À MATIGNON…

Le 6 avril 2024, le Premier ministre a annoncé le lancement d’une expérimentation dans treize départements afin de permettre aux Français de s’orienter eux-mêmes dans leur parcours de soins pour consulter des spécialistes sans adressage par leur médecin traitant.

Si cette mission a été confiée aux médecins de famille par la réforme de l’Assurance maladie de 2004 qui a institué le statut de médecin traitant, c’était pour au moins trois raisons :

– éviter le nomadisme médical auprès des médecins spécialistes dits du « second recours » parfois source de perte de chance, car aboutissant à des retards de diagnostics préjudiciables aux usagers ;
– raccourcir des délais de rendez-vous qui s’allongent d’année en année du fait de l’augmentation de la demande liée au vieillissement de la population et à une démographie médicale en berne ;
– permettre à un médecin, le médecin traitant, d’assurer la prise en charge dans sa globalité de chaque patient, garantie de qualité et de pertinence et donc du meilleur soin au meilleur coût.

Le 6 avril 2024, le Premier ministre a donc décidé d’expérimenter dans treize départements une nouvelle organisation des soins ambulatoires qui s’affranchit du rôle du médecin traitant et qui aura pour conséquences : des retards de diagnostic pour certains patients, un allongement des délais de rendez-vous auprès de ces spécialistes, un surcoût des prises en charge pour l’Assurance maladie et au total une perte d’attractivité pour le métier de médecin traitant.

De plus, chacun sait que le but d’une expérimentation est de l’étendre à tout le territoire national.

À ce stade, comment ne pas s’interroger sur le véritable projet du président de la République pour notre système de santé ambulatoire ? Comment peut-on avoir validé à deux reprises depuis dix-huit mois des lettres de cadrage pour les négociations conventionnelles qui, pour les médecins généralistes, annonçaient que la priorité haute était de rendre à nouveau attractif le métier de médecin traitant et, dix-huit mois plus tard, faire disparaître du revers de la main le rôle du médecin traitant pour bon nombre de Français ? Ce n’est pas la dernière lettre du ministre de la Santé qui est de nature à nous rassurer puisqu’il ne fait que confirmer les directives du Premier ministre.

Quel sens a aujourd’hui notre négociation où les revalorisations prévues s’adressent avant tout aux médecins libéraux, généralistes et autres spécialistes compris, qui s’inscrivent dans la prise en charge des patients dans le cadre du parcours de soins ?

Si le médecin traitant doit disparaître, il doit en être de même des forfaits et des consultations qui lui sont dédiés, et chaque médecin généraliste devra alors trouver un modèle économique favorable au travers de téléconsultations et de soins non programmés nettement revalorisés qui feront aussi le bonheur des fonds de pension dans le cadre d’une financiarisation galopante de notre système de santé.

Ce gouvernement nous amène à une croisée des chemins, mais se garde bien de nous délivrer un « road-book » sur la destination qu’il souhaite nous voir atteindre.

Comment ne pas être persuadé aujourd’hui que ce gouvernement est devenu un grand danger pour notre système de santé, pour les médecins libéraux et donc pour la santé de la population française ?

Dr Luc DUQUESNEL,
Président du syndicat Les Généralistes-CSMF

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Interview du Dr Duquesnel. Négociation conventionnelle : “Le gouvernement est l’unique responsable de là où nous en sommes”

Le 6 avril dernier, le Premier ministre a annoncé une série de mesures visant à améliorer l’accès aux soins en ville, à commencer par l’expérimentation de l’accès direct aux médecins spécialistes. Cette annonce, associée à l’iniquité de financement de l’hospitalisation privée par rapport à l’hospitalisation publique, a provoqué la colère des syndicats de libéraux dans un contexte de suspension de la négociation conventionnelle avec la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam). Pour le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF, « en remettant en cause le statut de médecin traitant », le gouvernement « fait tout pour amener à un échec des négociations conventionnelles »…

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