MAIL  Les Généralistes CSMF  ///  Mardi 28 mars 2023

ÉPUISÉS ET MALTRAITÉS…

Parmi les Plénières, les Sessions, les Ateliers, les Communications orales du Congrès du Collège de la Médecine Générale (CMG) qui a réuni près de 4 000 médecins généralistes au Palais des Congrès de la Porte Maillot la semaine dernière, une Plénière aura marqué les esprits. Il s’agit de celle consacrée à la Convention médicale qui réunissait sur une table ronde le Directeur de la CNAM et les Présidents du CMG et des syndicats représentatifs de médecins généralistes.

Les interventions de médecins généralistes présents dans l’amphithéâtre ont été marquées par une telle émotion avec parfois des trémolos dans la voix et des yeux qui piquaient que personne n’a pu rester insensible à ces moments de sincérités, mais aussi de l’expression de souffrances et de désespérances pour ces médecins qui ont le métier de médecin de famille chevillé au corps.

Leur 13ème mois, ce n’est pas 7 000 €, mais 1 700 ou 3 500 € pour 45 heures de travail par semaine, ce qui ne permet pas à un médecin libéral de vivre. Contrairement aux mots d’ordre de nos tutelles qui n’ont de cesse de nous dire que les jeunes médecins ne travaillent pas assez, ils ont démontré par leurs témoignages que la passion pour leur métier avait de moins en moins sa place dans un système de santé où la qualité des soins n’était plus une priorité. Face au consumérisme médical ambiant, le gouvernement a fait le choix de répondre à toutes les demandes de soins plutôt que de répondre aux besoins de santé de la population.

Comment croire qu’en cette période de grave pénurie en médecins généralistes, le rôle du médecin traitant libéral comme chef d’orchestre d’équipes de soins primaires a encore du sens alors que la politique de santé du gouvernement nous incite à :

– rejoindre les centres de soins non programmés aux prises en charge moins complexes et plus lucratives ?
– quitter nos cabinets et le suivi de nos patients pour effectuer plus de 50 % de nos actes en téléconsultations ?
– préférer le salariat avec des conditions de travail et de rémunération attractives tel ce centre de santé du Val de Loire qui se propose de cultiver la vocation des médecins généralistes moyennant un salaire mensuel de 8 000 € net pour 35 heures de travail hebdomadaire et sans gardes ?

En présentant des lois coercitives, nos parlementaires tentent de faire oublier leurs coupables responsabilités dans la pénurie médicale qui frappe tant la médecine hospitalière que la médecine ambulatoire. Ils vont faire fuir les jeunes encore attirés par la médecine générale.

Nos espoirs reposent aujourd’hui dans une reprise rapide des négociations conventionnelles. Celles-ci ne devront pas avoir pour thème imposé de nouvelles contraintes pour les médecins généralistes mais au contraire des incitations pour s’investir collectivement dans la prise en charge de la santé de la population de nos territoires.

Espérons que le Directeur de la CNAM et sa Directrice-adjointe, présents au congrès du Collège de médecine générale, auront été imprégnés de tous les témoignages de souffrances et de désespérances qu’ils ont entendus de médecins généralistes qui s’estiment à juste titre maltraités par ce gouvernement.

Merci au Collège de la Médecine Générale et à son Président Paul Frappé d’avoir permis à tous ces médecins généralistes, traversés par une crise identitaire, de repartir avec un peu de baume au cœur en se disant qu’ils n’étaient pas seuls et qu’ensemble, ils allaient se battre pour que la médecine générale garde sa place centrale dans notre système de santé.

Dr Luc DUQUESNEL,
Président Les Généralistes CSMF

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