Alors que plus de 700 000 patients en ALD se trouvent actuellement sans médecin traitant, le ministère et l’Assurance maladie ont lancé mi-mars un “plan d’actions”, qui consiste à recenser et contacter les personnes concernées pour les mettre en relation avec des médecins “volontaires” pour les accueillir dans leur patientèle. Objectif atteignable ou vœu pieu ? Exprimez-vous !

 

C’est l’un des “immenses chantiers” lancés par le Gouvernement, a rappelé mercredi dernier Emmanuel Macron : “Donner un médecin traitant à nos compatriotes – ils sont 600 000 – qui sont en affection longue durée”. “C’est le cœur de la convention médicale que le ministre prépare”, a insisté le Président de la République, lors de son interview télévisée. Quelques jours auparavant, le ministère et la Cnam avaient détaillé leur “plan d’actions” pour répondre à cette priorité. Reposant sur une démarche “aller vers” éprouvée durant la période du Covid, il consiste à contacter les patients concernés pour les mettre en relation avec un médecin.

 

Ces patients que vous voyez au moins 3 fois dans l’année

Leur nombre a explosé ces dernières années : d’après les chiffres communiqués par l’Assurance maladie le 16 mars, les patients en ALD sans médecin traitant étaient 714 000 fin 2022… soit loin du compte d’Emmanuel Macron. Ces personnes “représentent 10,6 % de la population totale sans médecin traitant (6,7 millions de personnes) et 5,5 % des personnes en ALD (13 millions de personnes). Elles recourent moins aux soins : 11 % n’ont vu aucun médecin en ville en 2021, contre seulement 2 % des patients en ALD avec médecin traitant”, détaille la Cnam.

 


Lors du congrès du Collège de médecine générale 2023, qui s’est tenu du 23 au 25 mars à Paris,
le Pr Paul Frappé a insisté avec humour sur la nécessité de “prioriser” les patients en ALD.

 

Dès cette semaine, un courrier ou un mail sera envoyé à l’ensemble des personnes âgées de 17 ans et plus en ALD sans médecin traitant pour leur proposer cet accompagnement, et “les informer de leur droit d’opposition à cette démarche et à la transmission d’informations aux médecins”. Dans un premier temps, l’Assurance maladie va “identifier” ceux qui, parmi ces patients, ont consulté “au moins 3 fois” un même médecin dans l’année, sans que ce dernier ne soit déclaré comme leur médecin traitant : ce serait le cas de 183 000 patients. Dans le courant du mois d’avril, une liste sera adressée par messagerie sécurisée aux médecins concernés, qui seront alors invités à déclarer ces malades dans leur patientèle… Les premières “mises en relation” sont attendues en mai. Enfin, à partir du mois de juin, les données sur le nombre de patients en ALD de chaque territoire seront transmises aux CPTS volontaires, tandis que les CPAM contacteront les médecins de chaque territoire pour leur demander s’ils souhaitent participer.

 

 

S’ils partagent la préoccupation du Gouvernement et de l’Assurance maladie pour les malades chroniques sans médecin, les syndicats s’interrogent sur le calendrier et dénoncent le manque de moyens mis sur la table pour relever ce défi. Dans le cadre des négociations conventionnelles, la Cnam avait en effet proposé de revaloriser de 8 euros le forfait patientèle médecin traitant pour un patient de 80 ans et moins en ALD (50 euros contre 42 euros actuellement) et de créer une consultation “d’accueil” d’un nouveau patient médecin traitant, valorisée à 60 euros. Des mesures tarifaires qui ne seraient entrées en vigueur, dans le meilleur des cas, qu’en octobre prochain. Quant aux revalorisations qui seront éventuellement intégrées au règlement arbitral – en cours de rédaction, il faudra attendre le début de l’année 2024. D’ici là, le nombre de patients en ALD sans médecin traitant pourraient avoir dépassé la barre des 800 000.

 

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Aveline Marques

Débat du jour :
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