MAIL  Les Généralistes CSMF  ///  Lundi 23 janvier 2023

LA DOUBLE PEINE POUR LES MÉDECINS GÉNÉRALISTES

Nous n’avons jamais connu une période où se menaient de façon concomitante la négociation d’une nouvelle convention médicale et l’examen de projets de lois impactant lourdement l’exercice des médecins libéraux.

L’explication pourrait être la période exceptionnelle que nous traversons avec des problèmes inacceptables d’accès aux soins qui ont vocation à s’aggraver si rien n’est fait.

Jusqu’ici, l’État a pu maîtriser ces problèmes d’accès aux soins en maintenant à un tarif très bas le montant de la consultation, ce qui a obligé les médecins généralistes à travailler de plus en plus pour tenter de maintenir leur niveau de revenu.

Or ces derniers ne peuvent pas travailler plus (55 heures hebdomadaire en moyenne, et beaucoup plus pour ceux qui participent à la permanence de soins) et la jeune génération de médecins ne veut pas, avec raison, travailler autant que ses aînés.

Alors que faire ?

La loi RIST, soutenue par le président de la République et votée par les parlementaires, pense avoir trouvé les solutions :

– transférer les compétences du médecin généraliste entre autres aux pharmaciens qui pourront renouveler trois fois de suite les ordonnances oubliant ainsi que, lors de ce renouvellement, le médecin traitant réévalue et assure le suivi de l’ensemble des pathologies du patient avec tous les éléments qui figurent dans le dossier médical. Ainsi, le médecin traitant ne verra plus les patients diabétiques, insuffisants rénaux et insuffisants cardiaques que tous les six mois, voire plus ;
– permettre un accès libre à certaines professions de santé dont les délais de rendez-vous sont déjà de six mois à un an, et cela en dehors de tout exercice coordonné protocolisé ;
– permettre la réquisition de médecins généralistes libéraux pour assurer des gardes dans les services d’urgence lorsqu’ils manquent de médecins.

La CNAM, quant à elle, propose, pour la nouvelle convention médicale et afin de pouvoir bénéficier de consultations revalorisées, une liste à la Prévert de contraintes pour les médecins généralistes :

– augmenter le nombre de patients vus dans l’année,
– participer à la permanence des soins,
– participer au Service d’accès aux soins (SAS),
– participer aux actions des Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS),
– accepter des réquisitions de l’ARS,
– travailler le samedi matin.

Si bon nombre de médecins généralistes “cochent” déjà beaucoup de ces cases, le président de la République pense-t-il vraiment que c’est ainsi que l’on va rendre attractif un métier qui ne l’est plus, celui de médecin traitant ? Aujourd’hui, un médecin généraliste libéral a de multiples choix d’exercice autre que médecin traitant.

La CSMF a pris en compte le problème de l’accès aux soins et porte un projet qui, tout en rappelant les devoirs des médecins pour améliorer cet accès, précise les droits de ces médecins en fonction de la complexité de leurs consultations et les moyens nécessaires pour faire évoluer leurs organisations professionnelles avec entre autres des consultations à 30, 60, 75 et 105 €.

Aujourd’hui, tous les syndicats ont claqué la porte et suspendu leur participation à la négociation conventionnelle car le président de la République et son gouvernement, non seulement ne nous entendent pas, mais ils ont décidé d’humilier les médecins libéraux et tout particulièrement les généralistes.

Face à une telle situation, le métier de médecin traitant est condamné à moyen terme si nous ne nous mobilisons pas.

Les Généralistes-CSMF, après avoir appelé à la fermeture des cabinets médicaux les 1er et 2 décembre et le samedi matin à partir du 17 décembre, appelle à une grève illimitée de la PDSA à partir du 23 janvier.

Si malgré tout nous n’étions pas entendus, Les Généralistes-CSMF appelle l’ensemble des syndicats médicaux à mener de façon unitaire un mouvement beaucoup plus dur afin de nous donner les moyens de prendre en charge tous les Français.

Dr Luc DUQUESNEL,
Président Les Généralistes CSMF

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“Si les contraintes doivent être à la main des parlementaires, elles ne doivent pas être dans la convention médicale”

Quelques semaines après avoir appelé les libéraux à la fermeture des cabinets, la CSMF lance désormais une grève de la permanence des soins ambulatoires, pour une durée illimitée. Objectif : contraindre le gouvernement à débloquer des moyens supplémentaires pour la médecine de ville, alors que les propositions de loi ciblant les généralistes s’enchaînent. “On s’opposera à une telle convention”, prévient le Dr Luc Duquesnel, président Les Généralistes-CSMF, qui alerte sur les conséquences délétères du manque de reconnaissance des libéraux…

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