Quelques semaines après avoir appelé les libéraux à la fermeture des cabinets, la CSMF lance désormais une grève de la permanence des soins ambulatoires, pour une durée illimitée. Objectif : contraindre le gouvernement à débloquer des moyens supplémentaires pour la médecine de ville, alors que les propositions de loi ciblant les généralistes s’enchaînent. « On s’opposera à une telle convention », prévient le Dr Luc Duquesnel, président Les Généralistes-CSMF, qui alerte sur les conséquences délétères du manque de reconnaissance des libéraux.
À près d’un mois de la fin des négociations conventionnelles, on entend beaucoup parler de « donnant-donnant » pour les médecins généralistes… Cela vous inquiète-t-il ?
Aujourd’hui, la situation de l’accès aux soins, tant pour les généralistes que les spécialistes, n’est plus acceptable. 650 000 patients en ALD sans médecin traitant – et ce nombre va augmenter de manière très importante ce n’est plus tenable. C’est pourquoi le projet de la CSMF est de dire que nous avons des devoirs que nous sommes prêts à remplir, mais il faut nous en donner les moyens : c’est ce qu’on appelle nos droits. Or, depuis le mois de novembre, dans le cadre de cette négociation conventionnelle, on ne parle que de devoirs, de contraintes… Cela a encore été le cas lors des bilatérales de mi-janvier avec l’Assurance maladie. Très clairement pour nous, un projet se construit avec les deux.
Au-delà de la Cnam, les propositions de loi qui concernent les médecins se multiplient au parlement…
C’est une situation très particulière. Effectivement, les parlementaires, au travers de la loi Rist, de la loi Garrot, de la loi Mesnier notamment, légifèrent sur nos devoirs. En sachant d’ailleurs que tout ce qui se passe au parlement ne concerne que les médecins généralistes. Sous la houlette du président de la République, c’est la double peine pour les généralistes : des devoirs dans le cadre de la convention médicale et dans le cadre des lois.
Est-ce encore possible de lutter contre ces lois, qui défendent notamment des mesures coercitives et l’accès direct ?
Oui, bien sûr. Nous ne lâcherons rien. On peut par exemple envisager de ne pas signer la convention médicale. Rappelons-le, ces lois n’auront pas d’effet positif, elles vont produire l’effet inverse avec bon nombre de jeunes généralistes qui décideront de ne pas devenir médecins traitants. Chaque jour qui passe renforce notre position : si les contraintes doivent être à la main des parlementaires, elles ne doivent pas être dans la convention médicale. Dans ce cas-là, on va revenir à une convention médicale qui ne servira qu’à négocier nos droits, c’est-à-dire les revalorisations tarifaires, et on s’affranchira des contraintes. Il ne serait donc évidemment plus question du contrat d’engagement territorial.
Après la mobilisation dans les cabinets en décembre, vous lancez une grève de la permanence des soins ambulatoires. Pourquoi ?
Le constat est simple : nous sommes déçus par les négociations conventionnelles qui sont dans une impasse. L’Assurance maladie ne nous parle que de nos devoirs. Depuis trois ans – et même plus, on ne fait que ça. Les généralistes donnent beaucoup, il n’y a aucun signe de reconnaissance venant du président de la République, de Matignon… Tout cela crée un ressenti très négatif. En plus, on nous refuse les discussions sur les revalorisations tarifaires. On va donc augmenter la pression et se déclarer en grève. Nous avons aussi, lors des groupes de travail avec la Cnam la semaine dernière, décidé de quitter la table. Ce n’est que le début.
François Braun et Emmanuel Macron ont toutefois déclaré qu’ils n’étaient pas fermés à une revalorisation du C… Rien ne vous a été proposé ?
Rien ! Il a été question des consultations de niveaux différents, mais on ne nous a rien proposé, on ne connaît pas le montant de rémunération de chaque niveau, pour quels médecins et quelles consultations seraient dans ces différents niveaux.
Vous avez déposé un préavis de grève illimité pour cette grève de la PDSa. Qu’est-ce qui pourrait faire cesser la mobilisation ?
D’abord, qu’on engage la négociation tarifaire. Et puis, le contexte : on ne peut pas avoir en même temps la loi Rist, les futures autres lois et le contrat d’engagement territorial. C’est l’un, ou l’autre. Il n’y aura pas de double peine pour les généralistes.