LE GOUVERNEMENT FAIT LA PROMOTION DU GOULAG POUR LES MÉDECINS GÉNÉRALISTES !
Depuis plusieurs années, des médecins généralistes sont à l’origine de multiples initiatives impactant leurs organisations professionnelles, visant soit à améliorer la réponse aux demandes de soins des Français, soit à concevoir de véritables entreprises médicales libérales ou les deux à la fois.
Ainsi, depuis vingt ans, fleurissent des maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP), et plus récemment des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), des équipes de soins primaires (ESP), ainsi que des organisations territoriales où les médecins prennent en charge les soins non programmés.
Si, au départ, l’objectif principal était d’améliorer la qualité des prises en charge des patients atteints de pathologies chroniques grâce à un exercice coordonné pluriprofessionnel, les conséquences d’une démographie médicale de plus en plus déficitaire leur ont imposé de faire de l’accès aux soins une priorité absolue.
Depuis plus de dix ans, l’État a décidé d’accompagner ces nouvelles organisations en leur accordant les financements nécessaires à l’embauche des ressources humaines indispensables ainsi qu’à la rémunération des professionnels de santé participant aux actions du projet de santé de leur structure. Deux nouvelles conventions ont été créées, une pour les MSP et une autre pour les CPTS.
Depuis un an, au travers de négociations pour des avenants à ces deux conventions, la politique du gouvernement a radicalement changé. De l’aide financière et de l’accompagnement de ces nouvelles organisations qui prévalaient jusqu’ici, il a décidé d’imposer à une profession, les médecins généralistes, des contraintes lui permettant de prendre la main sur les organisations professionnelles de ces médecins.
Ainsi, dans l’avenant à la convention des CPTS, l’État a voulu imposer aux médecins de la CPTS de faire diminuer le nombre de patients sans médecin traitant sur leur territoire. Comment atteindre un tel objectif lorsque ce territoire perd la moitié de ses médecins généralistes ? Se contenter de voir les médecins, au prix d’importants efforts, augmenter leur patientèle médecin traitant n’est plus suffisant ! C’est l’unité de tous les syndicats de médecins libéraux qui a fait reculer l’assurance maladie, qui a finalement retiré cette obligation.
Dans une autre négociation en cours, un avenant à la convention des MSP, l’État veut rendre obligatoire la participation des médecins généralistes de la MSP au service d’accès aux soins (SAS), c’est-à-dire à la prise en charge des demandes de soins non programmés transmises par le centre 15. Que toutes ces demandes soient prises en charge ne lui suffit pas, il veut imposer à tous les médecins de la MSP de participer au SAS.
Là aussi, ce qui prime n’est plus l’objectif à atteindre, prendre en charge plus de patients sans médecin traitant ou toutes les demandes de soins non programmés, mais l’embrigadement de tous les médecins généralistes dans de véritables carcans imposés par l’État.
Tout ceci intervient après les négociations de l’avenant 9 à la convention médicale qui se sont terminées au mois de juillet 2021 et qui a vu l’État imposer aux médecins généralistes dans le cadre du SAS des conditions techniques inacceptables (partage de l’agenda de rendez-vous du médecin avec le centre 15) et des rémunérations indignes.
À chaque fois, l’État accompagne ces obligations de quelques revalorisations nécessaires comme la visite à domicile pour les médecins généralistes, ou pour les MSP et les CPTS.
Las de cette maltraitance de l’État à l’encontre des médecins généralistes, Les Généralistes-CSMF a appelé, dès la signature de l’avenant 9, à boycotter le SAS, rejoint depuis par d’autres syndicats. Les projets expérimentaux de SAS s’avèrent être un échec retentissant. Des dizaines de millions d’euros ont été dépensés, mais il n’y a toujours pas de médecins effecteurs pour prendre en charge les soins non programmés lorsque les agences régionales de santé (ARS) veulent imposer les conditions financières de l’avenant 9. Les seules réussites de SAS sont celles où l’on s’en est affranchi.
Le gouvernement doit cesser ces mesures discriminantes de harcèlement à l’encontre des médecins généralistes qui n’ont pour but que de mettre la main sur leurs organisations. Sinon, il justifiera leur départ de ces nouvelles organisations territoriales qui ont pourtant pour but d’améliorer l’accès aux soins.
La souffrance dans leur exercice professionnel, les médecins généralistes l’ont déjà. N’y ajoutons pas de la culpabilité de ne pas atteindre des objectifs inatteignables.
Si la politique du gouvernement ne change pas, Les Généralistes-CSMF, pourtant promoteur depuis vingt ans de toutes les nouvelles organisations visant à améliorer la prise en charge de la santé des Français, n’hésiteront pas, comme pour le SAS, à appeler les médecins généralistes à boycotter les MSP et les CPTS qui deviendraient des goulags au fil des textes réglementaires.
Dr Luc DUQUESNEL,
Président Les Généralistes CSMF
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