INFIRMIÈRES EN PRATIQUES AVANCÉES : ÉVITONS LES POSTURES
La première question à se poser est de savoir s’ils répondent à un besoin. La réponse est bien évidemment oui. Les médecins généralistes ont de plus en plus de difficultés à répondre aux demandes de soins des français. Plusieurs centaines de milliers d’entre eux ne trouvent plus de médecins traitants. Surfant sur cette situation, nous voyons des officines proposer des téléconsultations à bas prix. Refusant cette « ubérisation » de la médecine générale, il nous faut impérativement permettre aux médecins traitants volontaires de libérer du temps médical pour prendre en charge plus de patients.
Au-delà de cette solution pour améliorer l’offre de soins sur certains territoires, l’infirmière en pratique avancée a un rôle majeur à jouer auprès du médecin traitant et de toute l’équipe de soins primaires. Elle doit faciliter la prise en charge de nos patients dans leur globalité, ce qui est devenu primordial avec le développement des patients atteints de maladies chroniques.
Prenons un exemple. Le suivi de nos patients diabétiques est défini par un référentiel HAS décrivant tous les examens complémentaires et les surveillances par d’autres médecins spécialistes qui doivent être réalisés. S’assurer que ces examens ont été faits et, si tel n’est pas le cas, les prescrire, nécessitent-ils d’avoir fait dix années d’études médicales ? Le médecin généraliste n’économiserait-il pas du temps médical si cette mission était confiée à une infirmière en pratiques avancées qui aurait aussi le temps de donner des conseils à ces patients ?
Bien entendu, ces nouvelles pratiques ne peuvent s’entendre que dans le cadre de prises en charge protocolisées définies par le médecin traitant et l’équipe de soins primaires et seulement si ce médecin, chef d’orchestre du parcours de santé du patient, a confié ce patient à cette infirmière pour de telles prises en charge.
Ces pratiques existent déjà, de façon protocolisée et dans le cadre d’un exercice coordonné, dans bon nombre de maisons de santé pluri-professionnelles et sans que cela nuise à la santé des patients, bien au contraire.
Beaucoup d’imperfections dans ces projets de textes ont été corrigées comme les modifications apportées à la liste des examens qui pouvaient être interprétées par ces infirmières.
Les prises de position caricaturales de certains syndicats montrent la déconnection qu’ils ont parfois avec les besoins des professionnels de santé libéraux et de leurs patients. Agiter des chiffons rouges pour faire naitre des réflexes corporatistes d’un autre temps ne sert ni ces professionnels ni leurs patients et ne pourrait que justifier la malencontreuse méthodologie de travail choisie par le Ministère de la Santé qui a écarté les syndicats représentatifs pendant 15 mois de toute concertation au profit des Ordres des médecins et des infirmiers.
Dr Luc DUQUESNEL,
Président Les Généralistes CSMF
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