MAIL  Les Généralistes CSMF  ///  Vendredi 25 novembre 2016

LA SANTÉ TOTALITAIRE

Il est de bon ton, lors de chaque élection présidentielle, de voir chaque profession s’intéresser au programme de chaque candidat pour y rechercher ce qui peut, de près ou de loin, les concerner. Certains appellent cela du corporatisme. Soit, mais ne seraient-ils pas accusés d’inconséquence s’ils ne le faisaient pas ?

Il en va donc des médecins libéraux comme des autres professions de rechercher si la santé, absente des débats télévisés même s’il s’agit d’une préoccupation majeure des français, occupe tout de même une place dans les programmes de ces candidats.

Cet intérêt semble parfois se limiter à ce qui concerne nos organisations professionnelles ou l’évolution de nos revenus.

Sans nier l’importance de ces sujets, la lecture de certains programmes peut nous amener à nous questionner pour savoir si l’essentiel est vraiment là.

En effet, la lecture de certains programmes est de nature à remettre en cause l’éthique qui nous habite tout au long de notre exercice quotidien.

Ainsi, certains prônent la perte de certains avantages sociaux lorsque des malades ne respectent pas les conseils que leur médecin leur aura donnés. Fini la prise en charge à 100% dans le cadre des affections de longue durée pour le diabétique qui n’observe pas son régime, pour le fumeur atteint d’un cancer du poumon ou d’une BPCO qui n’arrête pas de fumer, pour le cirrhotique qui n’arrête pas de boire, pour la non observance d’un traitement…

De nombreuses études ont démontré quels étaient les facteurs déterminants dans l’appropriation d’usages garants d’une protection contre l’apparition de certaines maladies. Ce sont l’éducation, le milieu socioculturel et socioéconomique.

Ces programmes nous proposent un changement de paradigme où le médecin ne serait plus le témoin tolérant du mystère de la vie et du destin de son patient, mais deviendrait le policier des comportements, tel un militant de l’extrême possédé d’hygiénisme et en charge de l’application d’une santé publique devenue un totalitarisme rampant.

Demandera-t-on demain aux médecins de devenir des flics et des juges, enquêtant tout d’abord sur le bon suivi des règles de santé imposées et dénonçant ensuite ceux qui y dérogent auprès de l’assurance maladie, leur faisant perdre ainsi tout ou partie de la protection sociale dont ils bénéficiaient jusque-là ?

Demandera-t-on demain aux médecins d’abandonner leur humanisme pour devenir les grands ordonnateurs d’une santé normalisée et totalitaire, imposée comme un diktat ?

Lisons donc attentivement les programmes de ces candidats et n’hésitons pas à dénoncer ce qui remet en cause les valeurs essentielles qui nous animent dans la prise en charge de la santé de nos patients.

Dr Luc DUQUESNEL,
Président de Les Généralistes CSMF

 

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