UNOF-CSMF MAIL /// Mardi 12 mai 2015

LES MÉDECINS GÉNÉRALISTES VONT ENTRER EN RÉSISTANCE

C’est avec une grande délectation que ce gouvernement manie la santé en France.

Tout d’abord, au travers de son projet de loi de santé, il a réussi à rassembler une large majorité de gauche mise à mal par la Loi Macron. Pour la loi de santé, pas besoin de 49-3 ! Car, ne plus payer son médecin généraliste grâce au tiers-payant généralisé est une « vraie mesure de gauche » et ce n’est qu’après 2017, que les Français s’apercevront que la gratuité, annoncée haut et fort par ce gouvernement, aura un coût pour eux. Le désengagement de l’assurance maladie au profit des complémentaires santé, qui n’ont jamais été aussi présentes dans les médias, entraînera une augmentation majeure des tarifs de ces dernières, pour une prestation égale.

Ce projet de loi, que la Ministre annonçait comme une loi de déshospitalisation au profit de l’ambulatoire, s’avère en fait un texte pour asseoir la prééminence de l’hôpital public. Tout d’abord, dans le domaine de l’hospitalisation en mettant à mal les établissements de soins privés, mais aussi pour l’ambulatoire car, en imposant de nouvelles organisations territoriales et en ne donnant aucun moyen aux professionnels de santé libéraux pour s’organiser, c’est l’hôpital qui va sortir de ses murs et « investir » le domicile de nos patients.

Car, en effet, ce projet de loi de santé est couplé à une politique budgétaire qui considère la protection sociale, et donc la santé, comme la variable d’ajustement du déficit budgétaire de l’Etat. Avec la dernière annonce d’un Objectif National des Dépenses d’Assurance Maladie (ONDAM) à 1,75% pour 2016 au lieu des 2% prévu, les médecins généralistes, si rien ne vient bouleverser ce paysage cauchemardesque, considèreront vite comme une chimère les perspectives de revalorisation de la médecine générale en 2017 qui devaient découler de la prochaine convention médicale de 2016.

Et pourtant, malgré ce sombre et sinistre tableau, les raisons d’espérer sont là.

Cet espoir tient à l’ADN des médecins généralistes. Depuis 20 ans, ils ont montré qu’ils étaient toujours sur le front pour défendre la médecine libérale, pour faire exister leur spécialité médicale et pour mener des mouvements tarifaires.

Les priorités des médecins généralistes ont été clairement exprimées lors de la manifestation nationale du 15 mars 2015.

Tout d’abord, lutter contre un projet de loi qui détruit le métier de médecin généraliste en confiant à d’autres professionnels de santé une partie de son activité et contre le tiers payant généralisé qui, entre autres, va augmenter massivement leur travail administratif ; le tout… sans aucune garantie de paiement.

Et, dans l’idéal de la Ministre, un minimum de 7 jours d’avance de trésorerie demandé à l’entreprise libérale qu’est le cabinet de médecin généraliste, un cabinet qui n’a déjà même pas les moyens d’embaucher une secrétaire ! 60% d’entre eux n’ont même pas de secrétariat !

Alors oui, il existe d’autres priorités : obtenir rapidement une revalorisation de la consultation, acte de base du médecin généraliste, et obtenir rapidement une hiérarchisation des consultations pour prendre en compte les consultations complexes, de plus en plus nombreuses, que l’on peut assimiler à des C 2 rémunérées 23€ au lieu de 46€ !

Ce gouvernement a fait des choix qui, non seulement ne permettent de répondre à aucune des priorités des médecins généralistes mais, de plus, met en place l’asphyxie financière de la médecine générale et de la médecine libérale.

Alors, Madame la Ministre, ce sera « NON ! »

Les médecins généralistes vont ENTRER EN RESISTANCE.

Comme en 2002, l’UNOF-CSMF, premier syndicat de médecins généralistes libéraux, appellent les médecins généralistes à entrer en résistance pour défendre leur métier.

Au-delà de la grève administrative et du boycott des Délégués d’Assurance Maladie (DAM) et des médecins conseils qu’il faut impérativement continuer, l’UNOF-CSMF appelle l’ensemble des médecins généralistes à mener le combat au travers de deux actions :

– LA DÉSOBÉISSANCE CIVILE en refusant d’appliquer le tiers payant généralisé et à prévenir leurs patients par des affiches,
– LE RESPECT DU MÉDECIN ET DE LA QUALITÉ DE LA CONSULTATION MÉDICALE : « AU-DELA D’UN MOTIF DE CONSULTATION, ET EN DEHORS DE TOUTE URGENCE, JE REPRENDS RENDEZ-VOUS ».

Dès le 15 mai 2015, et tant que les médecins généralistes n’auront pas une cotation adaptée aux consultations complexes, les médecins informeront leurs patients que la qualité du travail médical exige du temps et que désormais « AU-DELA D’UN MOTIF DE CONSULTATION, ET EN DEHORS DE TOUTE URGENCE, LE PATIENT REPREND RENDEZ-VOUS ».

En cas d’exigence particulière du patient, le médecin généraliste appliquera un dépassement d’honoraire.

Chaque médecin généraliste doit savoir qu’il a son avenir en mains et qu’à chaque fois que nous avons mené de façon unie des mouvements, nous avons gagné.

Dr Luc DUQUESNEL, Président UNOF-CSMF
Dr Béatrice FAZILLEAUD, Secrétaire Générale UNOF-CSMF
 

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