Le débat parlementaire sur le projet de loi de santé a donc débuté le 31 mars 2015.
Une loi de santé est toujours un moment important dans la vie politique d’un pays. Elle doit répondre à des besoins de santé de la population et avoir pour ambition de se donner les moyens de réorganiser son système de santé pour qu’il réponde au mieux à ses besoins.
La stratégie nationale de santé, initiée en 2013, a porté sur les fonts baptismaux ce projet de loi de santé qui s’annonçait de belle facture puisqu’il avait pour double ambition d’instaurer une véritable politique de prévention à un pays qui n’en n’avait pas et d’engager une politique de déhospitalisation en privilégiant le maintien à domicile grâce aux équipes de soins libérales sous la responsabilité et la coordination des médecins généralistes.
Comble de bonheur, ce projet de loi, né à l’ère des restrictions budgétaires, laissait espérer un autofinancement permettant d’investir sur les équipes de soins de proximité grâce aux économies générées à l’hôpital.
Que s’est-il donc passé au moment de l’accouchement pour que le carrosse annoncé se transforme en citrouille ?
Au rancart la politique de prévention, elle attendra quelques années, dans le cadre d’une prochaine loi de santé.
Aux calendes grecques l’investissement vers les équipes de soins de proximité : il ne faut pas fragiliser le « soldat hôpital », qui se voit affublé de l’étendard du SPH, le service public hospitalier, grâce au rétablissement d’un droit de naissance dont seront privées les cliniques privées.
Les médecins généralistes, auxquels on avait fait miroiter le rôle central du système de santé, se voient finalement amputés d’une partie de leurs missions au profit d’autres professionnels de santé et, afin de s’assurer qu’ils continueront bien à s’exténuer à faire de l’abattage dans leurs cabinets médicaux, on ne leur garantira que de maigres et méprisants subsides.
Pour s’assurer de la bonne gouvernance de cette organisation, le Directeur de la Direction Générale de l’Offre de Soins (DGOS) vient de demander à tous les directeurs d’hôpitaux publics de prendre la direction des communautés territoriales où les médecins généralistes œuvreront sous leurs ordres et où les autres médecins spécialistes libéraux auront disparu.
Ce projet de loi, avec ses 1688 amendements, apparait donc comme un long cortège funèbre, celui de la santé. Pour l’occulter aux yeux des français, le Premier Ministre et la Ministre de la Santé, tels deux co-pilotes en transe, brandissent 3 lettres qui brillent de mille feux, TPG, censées à elles seules résumer le projet de loi.
Le Tiers Payant Généralisé (TPG) est devenu une mesure idéologique aveuglant la Ministre de la Santé et le Premier Ministre à tel point que ce dernier, au soir d’une déroute électorale, annonce aux français qu’il les a compris et qu’il va bientôt leur proposer la mesure qui va les guérir de tous leurs maux, la mesure qui va leur redonner espoir : le TPG.
Les médecins généralistes ont compris que l’enjeu de cette loi n’est pas la santé mais le rassemblement d’une majorité parlementaire qui se délite.
Les médecins généralistes ont leur avenir entre leurs mains. Ils ont le devoir d’entrer collectivement en résistance et de se rebeller comme en 2002 afin d’enflammer les campagnes, et si du haut de sa tour d’ivoire de l’avenue de Ségur notre Ministre n’a pas entendu les 50 000 manifestants du 15 mars, peut-être verra-t-elle les fumées apparaître assez tôt pour éviter l’embrasement.
Décidément, faute de pilote pour la santé, ce gouvernement nous emmène droit dans le mur………à moins qu’il n’y ait tout simplement pas de politique de santé.
Dr Luc DUQUESNEL, Président UNOF-CSMF Dr Béatrice FAZILLEAUD, Secrétaire Générale UNOF-CSMF
Que peut-on extraire de positif de la future loi de santé, rebaptisée loi de modernisation de notre système de santé ? Tant d’espoirs ont été soulevés par le discours de déshospitalisation de la Ministre et son fameux virage libéral, que la déception est à l’image de l’attente. “C’est un immobilisme total, le gouvernement ne veut pas…