Alors que l’actualité est brûlante autour de la loi de santé, Mélanie Marquet, interne en médecine générale et nouvelle présidente de l’Inter Syndicat National des Internes (ISNI), semble omniprésente dans les médias. Un rôle important pour une jeune femme dynamique et motivée qui débute dans le syndicalisme.

 

C’est un putsch des internes qui l’a propulsée dans la lumière. Mélanie Marquet, 28 ans, interne en médecine générale montpelliéraine a pris la présidence de l’ISNI en janvier dernier, après le départ du président en place Mickael Benzaqui, évincé par une motion de défiance du syndicat. “Ça a été un moment très douloureux “, confie la jeune femme. Elle était en effet porte-parole du syndicat sous sa présidence. “Le bureau était en place depuis un mois et demi. Cette motion de défiance a été quelque chose de très violent. Il y avait beaucoup de pression, d’animosité, ça n’était pas confortable”, témoigne-t-elle.

 

“Je ne suis à l’ISNI que depuis le printemps 2014”

Elue après le départ de Mickael Benzaqui, Mélanie Marquet a sauté dans le grand bain du syndicalisme alors qu’elle savait à peine nager. “Je ne suis à l’ISNI que depuis le printemps 2014. Je me suis impliquée pour la première fois dans le syndicalisme au début de mon internat, au sein du syndicat des internes du Languedoc Roussillon (SIRL). Ce sont les rencontres qui ont forgé mon engagement syndical. J’ai tout de suite été très à l’aise dans ce monde. Ça a été comme un coup de foudre. Je me sens à ma place dans cet environnement”, s’enchante Mélanie Marquet.

L’élection de Mélanie Marquet à la présidence marque un pas dans l’histoire de l’ISNI. Encore jamais, un interne de médecine générale n’avait pris la tête du syndicat, connu pour son tropisme hospitalier. Avec un généraliste à la tête de l’Ordre national des médecins et la médecine générale de plus en plus au cœur des débats, est-ce une histoire de mode? “Non”, répond tout de go la présidente rappelant que “toutes les spécialités sont représentées à l’ISNI”. “Il y a toujours eu des internes de médecine générale à l’ISNI. Le syndicat a une vision transversale de la profession de médecin”, ajoute-t-elle.

Pourtant, l’élection de la jeune femme a fait couler de l’encre et a délié certaines langues. “Mélanie Marquet n’a pas été élue pour ses compétences mais uniquement parce qu’elle est interne en médecine générale”, glisse un syndicaliste étudiant. “Elle est sous influence très avancée d’Emmanuel Loeb (ancien président de l’ISNI pendant deux mandats NDLR)”, ajoute-t-il. Une influence que ne nie pas la principale intéressée, bien qu’elle tempère ses propos. “C’est Emmanuel Loeb qui m’a fait rentrer à l’ISNI. C’est lui qui m’a dénichée et qui m’a fait confiance”, explique-t-elle, reconnaissante. Effectivement l’ancien président conseille la nouvelle arrivante, mais il n’y a rien d’exceptionnel à cela estime-t-elle. “En deux mois, je dois mener un mobilisation importante des internes. C’est un moment très fort syndicalement. Il est important d’avoir l’expérience des anciens. Emmanuel Loeb a été très présent sur la gestion de la grève”, se réjouit Mélanie Marquet.

 

“Elle a aussi une très grande capacité à fédérer”

De son côté Emmanuel Loeb ne tarit pas d’éloge sur la nouvelle présidente. “Elle n’a pas besoin de moi pour faire ce qu’elle fait. Elle est dynamique, a un franc-parler. Elle n’est pas dans un jeu politique, ce qui lui importe c’est l’intérêt des internes. Elle a aussi une très grande capacité à fédérer, beaucoup plus que moi”, constate-t-il. Un avis qui n’est pas partagé par tous. Certains lui reprochent justement, dans la mouvance d’Emmanuel Loeb, de relancer “une gueguerre” entre syndicats et “de vouloir tirer la couverture à elle, pour l’ISNI”. Sur le réseau social Twitter; il était également reproché au syndicat de vouloir s’approprier le succès de la manifestation du 15 mars. Des syndicalistes seniors estiment également que la jeune femme, très présente médiatiquement, “commence à prendre le melon”.

Un constat que nie Emmanuel Loeb qui considère plutôt que Mélanie Marquet “est capable d’affirmer ses opinions mais est aussi prête à accepter les critiques. Elle est restée humble et à l’écoute”, constate-t-il.

“Je suis très franche, ce qui n’est pas le cas de tout le monde dans le petit milieu du syndicalisme”, estime Mélanie Marquet avant d’ajouter, “je ne suis pas dans le calcul politique ni dans un plan de carrière. Je suis d’ailleurs encore trop naïve sur le jeu politique. J’ai encore trop tendance à faire confiance”, juge-t-elle. Quant à sa soudaine notoriété, la jeune femme souhaite s’en servir pour “devenir une interlocutrice incontournable”.

 

“C’est plus un sacrifice qu’un bénéfice”

Si la fonction de présidente de l’ISNI est un travail à plein temps (Mélanie Marquet a du se mettre en disponibilité), c’est aussi une mission “très stimulante et enrichissante”, selon la jeune femme qui ne cache pas néanmoins sa fatigue. “Cette fonction est un sacrifice de vie personnelle. C’est un travail 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. C’est plus un sacrifice qu’un bénéfice”, constate la présidente qui trouve toutefois “agréable cette sensation de faire quelque chose pour l’intérêt collectif”. “A son âge, elle a eu bien du courage de prendre un tel poste. Elle porte sur elle un énorme poids. Elle a déjà réussi à mener son combat et à faire entendre la parole des jeunes. C’est déjà une belle victoire”, note le Dr Eric Henry, président du syndicat des médecins libéraux et organisateur du Mouvement pour la santé de tous, qui la trouve néanmoins “obtue sur la médecine libérale”.

D’ailleurs quand elle évoque son avenir, celle qui deviendra généraliste sait qu’elle choisira un mode d’exercice ambulatoire “mais pas forcément libéral”. Elle aimerait monter une équipe pluri-professionnelle dans une maison de santé. “J’ai une appétence pour la coordination d’équipe. J’estime que le travail collégial est très important. C’est d’ailleurs un des aspects très positif de l’hôpital”, juge-t-elle.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin