UNOF-CSMF MAIL /// Jeudi 26 juin 2014

QUAND L’IDÉOLOGIE L’EMPORTE SUR LA RAISON

La Ministre de la Santé a présenté la semaine dernière sa future loi de santé.

Au-delà des priorités annoncées que sont la prévention et l’exercice coordonné pour la prise en charge des patients atteints de poly pathologies, la Ministre de la Santé a présenté comme mesure emblématique la mise en place du tiers-payant généralisé obligatoire pour les médecins généralistes.

La logique voudrait que les éléments phares d’une nouvelle loi correspondent à des besoins.

Or, quels sont les besoins des usagers et des médecins généralistes, leurs médecins traitants ?

Les usagers demandent un droit à l’information, un accès à leurs données de santé et un parcours de santé qui soit lisible. Ils n’ont jamais revendiqué le tiers-payant obligatoire !

Les médecins généralistes libéraux crient leur désespoir de voir l’état et l’assurance maladie jeter un regard aussi méprisant sur leur spécialité : la médecine générale. Rien d’autres ne peut expliquer une telle dévalorisation de leurs actes : 23€ est une injure faite au médecin généraliste à l’issue de chaque consultation.

Ces médecins ne peuvent plus financer leur secrétariat alors que les secrétaires doivent jouer un rôle de plus en plus important pour les soulager des tâches administratives et pour aider les patients âgés dans leur parcours de soins.

Donc, non seulement le tiers-payant généralisé ne correspond pas à une demande des français ni de leurs médecins généralistes, mais sa mise en œuvre va banaliser le recours aux médecins généralistes (comme c’est le cas aujourd’hui pour l’accès aux services d’urgence) et imposer aux médecins de consacrer un temps de secrétariat important pour s’assurer que les 400 mutuelles leur règlent bien la part complémentaire des honoraires.

L’UNOF-CSMF ne voit qu’une justification à une telle mesure : supprimer la honte qu’ont les médecins généralistes à la fin de chaque consultation à ne demander que 23 € à leurs patients puisqu’ils ne leur demanderont plus rien !

Le coût de gestion du tiers-payant généralisé obligatoire est connu, c’est 3,5 € par acte !

De plus, il offre la possibilité au financeur de décider de ne pas rémunérer les médecins : c’est le cas des Etablissements d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (EHPAD) à tarification globale qui refusent de régler la Majoration Personne Agée (MPA) aux médecins généralistes pour les patients de plus de 85 ans, et à partir du 1er juillet 2014, la MPA de tous les patients de plus de 80 ans.

Ajouter à cette mesure :

– la volonté du gouvernement de mettre en place des infirmières cliniciennes pour effectuer une partie des missions des médecins généralistes,
l’étatisation de notre système de santé avec une mise sous tutelle des médecins généralistes par les Agences Régionales de Santé (ARS) dans le cadre d’un service public territorial de santé,
– un DPC exsangue parce que spolié d’une partie des fonds destinés à la formation des médecins libéraux et qui ne permettra plus à ces médecins de se former,
– et, pour finir, une application au 1er janvier 2015 de la loi sur l’accessibilité qui va être d’un coût exorbitant pour les médecins généralistes,

et chacun aura compris que cette loi et le mépris entretenu vis-à-vis des médecins généralistes sont le signe que l’idéologie est en train de l’emporter sur la raison.

TROP, C’EST TROP.

L’UNOF-CSMF, qui a été en 2002 LE syndicat du C à 20 €, ne sera certainement pas le syndicat du C à 19,50 € !

Si à l’automne le projet de loi n’a pas évolué, l’UNOF-CSMF entrera en résistance et appellera l’ensemble des médecins généralistes libéraux à combattre cette loi comme ils l’ont fait pour la loi HPST.

Dr Luc DUQUESNEL, Président UNOF-CSMF
Dr Béatrice FAZILLEAUD, Secrétaire Générale UNOF-CSMF

 

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