Branche généraliste de la CSMF
UNOF-CSMF MAIL /// Jeudi 20 décembre 2012

ET ON REPART SUR LA DÉMOGRAPHIE MÉDICALE.

Il n’y a rien de plus normal pour un pouvoir politique que de répondre aux attentes de la population sur l’offre de soins. Les déserts médicaux sont donc à l’ordre du jour. Et chacun y va de sa chanson. La Ministre de la Santé, pragmatique, a compris les effets délétères qu’auraient des mesures contraignantes. D’autres, à l’Assemblée et au Sénat, de tous bords, seraient plus jusqu’au-boutistes. Il ne serait pas raisonnable actuellement de s’attaquer aux jeunes générations alors même que certaines mesures qui leur sont destinées, comme l’engagement de service public, contrat volontaire, n’ont pas encore produit leur premier effet. Il n’existe pas une étude vraiment fiable de l’évolution démographique. Sans base statistique partagée avec la profession, il ne pourra pas y avoir de mesures réellement adaptées. En parlant avec les responsables des organismes d’Etat ou de l’Ordre en charge des observatoires démographiques, on se rend compte de leur perplexité sur la qualité des chiffres, et de l’extension de ces chiffres aux réalités de terrain.
Personne ne sait quelles seront les aspirations des jeunes générations ni de la durée de présence dans la profession des plus anciens à l’horizon 2020-2030. Pour les nouveaux venus, on peut parier que formés en ville, exerçant une profession intellectuelle supérieure, ayant des conjoints avec des métiers s’exerçant essentiellement en urbain, ils n’auront que peu d’attirance à aller s’installer dans des lieux où tout ce qu’ils ont connu pendant leurs études n’existe pas, où le métier de leur conjoint est introuvable, où l’Etat a renoncé à tout service public. Devant les difficultés des retraites qui touchent tous les Français y compris la profession médicale, on ne connait pas l’âge de départ réel des médecins en exercice actuellement. De même, on voit bien qu’avec le départ des médecins à la retraite dans les grandes villes, les difficultés dans les centres urbains nous guettent aussi.

Les mesures annoncées par la Ministre de la Santé sont une première étape. Elles ne peuvent être qu’une première étape. Car on sent bien que c’est un peu court et que les effets, par exemple sur la formation, auront un résultat très retardé. Il faut regarder comment leur déploiement va modifier les comportements et les envies. L’analyse de la tendance permettra de prévoir les futures avancées sur la démographie. En attendant, il ne faudra pas oublier de se faire aider par les confrères plus âgés en s’appuyant sur la facilité de la poursuite de l’exercice, encore à créer. Ils peuvent être intéressés, pour des raisons professionnelles ou personnelles, à une réorientation de leur activité.

Ce problème de la démographie nous est en permanence reproché. Il va bien falloir le résoudre face à certains politiques qui veulent en découdre avec notre profession et qui la présente comme ringarde parce que n’acceptant pas la coercition. Ayons toujours en mémoire que la loi Bachelot contenait une obligation d’exercice déporté en temps partiel dans les zones en difficulté pour les médecins des zones les plus favorisées. L’action de la CSMF et de l’UNOF avait permis de faire disparaitre cette obligation.

Certains de nos arguments, d’une logique implacable, ne passent pas la barrière médiatique. Un peu comme les dépassements excessifs qui cachent la forêt de l’accessibilité aux soins qu’assure l’énorme majorité des médecins. Alors, il faut continuer à imaginer en attendant la remontée de la démographie, en faisant attention qu’un déblocage trop important du numerus clausus risquerait de nous ramener aux excès des années 80. Difficile d’aborder ce sujet complexe avec des solutions simples. En évitant de souffler les braises sous la marmite de la démographie, les pouvoirs publics ont pris le parti de la raison. Pour combien de temps ?

Dr Michel COMBIER, Président de l’UNOF-CSMF

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