C’est au retour de la troisième croisade contre les Albigeois et leur hérésie que mourut le roi Louis VIII de France, dit "le lion" (1187-1226). L’expédition avait été très meurtrière. Un grand nombre de soldats avaient péri, décimés par la maladie plus encore que par les armes. Pendant les trois mois de l’été de 1226, 22 000 Français succombèrent à l’épidémie de dysenterie et de fièvre palustre qui sévissait dans le camp, installé dans l’actuelle région Midi-Pyrénées.

 


Ce fut bientôt au tour du roi d’être frappé par le fléau. Il sentit les premières atteintes du mal le 29 octobre et s’alita le 3 du mois suivant. Cinq jours plus tard, il succombait à une dysenterie accompagnée de symptômes fébriles, sans que rien n’eût pu faire prévoir un dénouement aussi brusque. Il était âgé de trente-neuf ans.

 

Péché mortel

Cette fin subite d’un souverain qui, quelques semaines auparavant, chevauchait à la tête de son armée, donna lieu aux rumeurs les plus étranges. Le bruit courut qu’il avait été empoisonné. Les médecins, qui y perdaient leur latin, eurent alors une inspiration peu banale.

Attribuant la maladie de leur client à une trop grande continence sexuelle, ils lui prescrivirent le singulier régime que rapporte le chapelain de Raymond VII de Toulouse, Guillaume de Puilaurent, dans son Histoire des Albigeois, et que Voltaire, avec sa causticité habituelle, a traduit de la façon qui suit :

"C’est ici le lieu de relever un étrange conte que font tous nos historiens. Ils disent que Louis VIII étant au lit de la mort, les médecins jugèrent qu’il n’y avait d’autre remède pour lui que l’usage des femmes ; qu’ils mirent dans son lit une jeune fille, mais le roi la chassa, aimant mieux mourir, disait-il, que de commettre un péché mortel."

Car Louis VIII était fidèle à sa femme Blanche de Castille, petite-fille du roi Henri II d’Angleterre, qui était fort belle et dont il était, selon les dires, très amoureux. Le chroniqueur contemporain Péan Gatineau, chanoine de Saint-Martin de Tours, est très affirmatif sur ce point. Le roi, assure-t-il, "ne s’adonnait ni à la bonne chère, ni à la boisson, ni à la débauche : sa femme lui suffisait".

 

Femme de caractère

Plusieurs historiens ont parlé de l’amour que Louis VIII avait pour sa femme : "ils étaient si attachés l’un à l’autre que toujours on les voyait d’accord, et jamais reine n’aima tant son seigneur." L’auteur de la chronique rimée, à laquelle sont empruntées ces expressions, rappelle aussi, en plus d’un endroit, l’affection que Louis VIII et la reine Blanche avaient pour leurs douze enfants, parmi lesquels naquit le roi Louis IX (1214, 1270), connu sous le nom de Saint Louis.

Femme de caractère, aussi célèbre par sa beauté que par sa sagesse, Blanche de Castille ne ménagea d’ailleurs pas son soutien à son époux lorsque celui-ci voulut se lancer à la conquête de l’Angleterre en 1216-1217. Régente de France à la suite de la mort de Louis VIII en 1226, elle du faire face à de fortes contestations mais triompha des ligues formées contre elle et le pouvoir royal. En 1229, elle conclut le traité de Meaux-Paris qui met fin au conflit albigeois, croisade proclamée par l’Église catholique contre l’hérésie. Elle gouverna également la France lorsque son fils Saint Louis partit aux croisades.

 

Bibliographie. Louis VIII de France dit le Lion, né le 5 septembre 1187 à Paris et mort le 8 novembre 1226, fut roi de France de 1223 à 1226, huitième de la dynastie dite des Capétiens directs. Il était le fils du roi Philippe II (1165-1223), dit "Philippe Auguste" et d’Isabelle de Hainaut (1170-1190). Par sa mère, il est le premier roi de France qui descende à la fois d’Hugues Capet et de son compétiteur malheureux, Charles de Basse-Lorraine. Le court règne de Louis VIII fut marqué par deux brillantes campagnes : l’une contre les Anglais en Guyenne, l’autre contre Raymond VII de Toulouse.

 

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : M.D, d’après  Les morts mystérieuses de l’histoire, Docteur Cabanès.