Branche généraliste de la CSMF
UNOF-CSMF MAIL /// Jeudi 24 novembre 2011

Les deux bouts de la chaîne

Rappelez-vous. Ce n’est pas si lointain le temps où les décideurs proclamaient que les producteurs de soins étaient seuls responsables de l’accroissement des dépenses. Ils oubliaient vite l’évolution des maladies chroniques et/ou graves, du vieillissement de la population, des avancées médicales. Pour lutter contre ce qui leur semblait la seule cause de leur déficit endémique, ils incitaient les médecins à anticiper leur départ avec le Mécanisme d’Incitation à la Cessation d’Activité (MICA) et restreignaient les admissions dans notre métier par un numerus clausus serré. Ce sont les mêmes ou leurs descendants directs qui, maintenant, veulent un médecin dans chaque village en souhaitant contraindre les jeunes générations pour résoudre un problème de démographie médicale, résultat de leur inconséquence. Tout est alors mis sur le dos des futurs médecins. Le coût de leurs études par exemple. On veut leur faire rendre gorge de cet investissement, oubliant rapidement les services qu’ils rendent à l’hôpital avec une rémunération indigne. On fait vite le deuil de la charge pour sa famille ou pour lui-même que représente un étudiant qui passe dix ans en formation. Contraindre à la fin des études des jeunes hauts diplômés sera voué à l’échec. L’échappatoire sera vite trouvée comme elle l’a été dans tous les pays comparables qui ont appliqué cette politique, les frontières n’étant pas de nos jours un obstacle pour aller voir la qualité de l’herbe du champ voisin.
Nous avons tous un devoir : rendre attractif les métiers médicaux pour que la relève s’installe naturellement. Comment faire ? Sûrement pas en chargeant au-delà du raisonnable la responsabilité économique des médecins en exercice. Actuellement, tout le buzz fait autour des arrêts de travail est particulièrement contre-productif en termes d’image professionnelle. Placer le médecin dans une position de culpabilité sociale alors que celui qui recueille l’aide collective est le patient, souvent pour des raisons valables, ne peut qu’entraîner un sentiment d’irrespect du professionnel. Elle ne peut qu’emmener l’observateur à remarquer qu’on préfère casser le thermomètre plutôt que soigner le mal. Au fil du temps, on retrouve toujours le discours dominant, culpabilisant le producteur de soins, responsable de l’accroissement des dépenses. Ce qui a changé par rapport aux années 90, c’est le nombre : plus de patients très demandeurs, moins de médecins, de plus en plus sollicités.
Est-ce en faisant des médecins généralistes ou des autres spécialités les boucs émissaires de tout ce qui ne marche pas dans la gestion de la dette qu’on incitera des jeunes générations à venir au relais ? Pas plus qu’en les obligeant à choisir un plan de vie professionnelle qui n’est pas le leur. Il serait temps d’agir positivement sur les deux bouts de la chaîne pour permettre de maintenir le lien social indispensable dans cette période de vaches maigres.

Dr Michel COMBIER, Président de l’UNOF-CSMF

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