Branche généraliste de la CSMF
UNOF-CSMF MAIL /// Jeudi 24 février 2011

LA PEAU DE CHAGRIN

Les Médecins Généralistes, placés au centre du système par le discours politique, voient leur champ d’activité se réduire sans diminution de leur temps de travail. Pourquoi ? Tout d’abord, depuis l’arrivée des franchises médicales, les patients ont moins de recours. Les consultations sont plus longues, plus complexes et leur tarif est très dévalué par rapport au service rendu. Le nombre d’actes diminue globalement ; pas le temps de travail des Généralistes. Ceci, associé au blocage tarifaire, explique la baisse des revenus enregistrée depuis deux ans. Par ailleurs, le médecin traitant passe une partie de son temps à l’activité administrative non rémunérée, hors la présence du patient, mais toujours pour lui rendre service. De bonnes âmes souhaitent libérer au médecin du temps médical. Pour ce faire, elles souhaitent créer de nouveaux métiers para médicaux, engager des transferts de tâches, parfois même de compétences, entre professionnels. Rien ne prouve à l’heure actuelle que les médecins hospitaliers, pourtant aidés, aient vu au fil du temps leurs tâches administratives fondre comme neige au soleil. On les a plutôt entendus se plaindre de protocoles de plus en plus chronophages et papivores.
L’air du temps étant dans le transfert, transférons donc. Quoi ? Comment ? A qui ? Nul ne le sait. Les infirmiers ne le réclament pas vraiment. Ils souhaitent rester libéraux et éviter tout lien de subordination. Les médecins généralistes, plutôt empêtrés dans la paperasse, ne sentent pas l’utilité de ces transferts dont l’objectif semble plus économique que médical. Ils se verraient plutôt aidés par du personnel administratif. Sans moyens supplémentaires, c’est impossible. On propose au médecin de saisir la paperasse sur internet comme si la dématérialisation supprimait la contrainte administrative et la perte de temps médical.
En diminuant le champ d’intervention médical du Médecin Généraliste, on espère de substantielles réductions de coût. Pendant ce temps, le Médecin Généraliste perdant de l’activité, diminuera ses revenus, car personne n’a encore parlé de compensation à cette perte d’activité.
Envisager de nouveaux rôles pour les uns pour les autres, la belle affaire. Mais avant le début de commencement de l’exécution, il faudra mettre en place un mécanisme qui permettra au Généraliste de faire vivre son entreprise médicale sous peine de la voir péricliter. Il faut surévaluer le financement du temps médical au prorata de la perte d’activité. On en est loin.
Actuellement, trop d’incertitudes existent pour donner une vision sereine de l’avenir de nos structures. Aussi, nous sommes très sourcilleux sur ce qui dépouillera notre exercice. Il serait quand même paradoxal qu’il ne reste plus comme avenir pour les jeunes confrères (formés bientôt en dix ans) que d’aller dans les zones où personne ne veut aller, exercer à des heures que personne ne veut plus faire, effectuer des tâches subalternes que leur ont laissé d’autres, spécialisés dans des niches soignantes.
Un nouveau fonctionnement de la médecine générale est sûrement nécessaire, peut-être utile pour la société, mais il ne doit pas se faire sur le dos des généralistes en exercice ou en formation. L’évolution actuelle nous montre l’importance de la définition professionnelle de notre activité et de son périmètre, de la nécessité de notre fonction qui va bien au-delà de la définition scientifique du métier. La fixette des politiques sur quelques problèmes démographiques masque le travail fait au quotidien là où se trouve l’immense majorité des patients. Le lien permanent nécessaire dans les maladies graves et/ou chroniques entre le malade, les intervenants, les structures, champ d’action du médecin généraliste, responsable de la prise en charge globale, n’est pas suffisamment valorisé. Nous n’avons pas besoin d’aide qui nous dépouille de notre activité mais de moyens afin de pouvoir nous faire aider dans nos activités spécifiques. C’est au montant de l’investissement consenti par les tutelles vers la médecine générale que les Français pourront juger de la volonté du maintien de la médecine de proximité. Et non comme actuellement par l’accroissement sans moyen de notre cahier des charges. Espérons que l’avenir du système de soins fera partie du débat de la prochaine élection présidentielle. Ce serait nouveau mais c’est indispensable.

Dr Michel COMBIER, Président de l’UNOF-CSMF

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