Pr. Olivier Goëau-Brissonnière :

Président de la Fédération des spécialités médicales (FSM), la structure porteuse du dispositif du DPC (développement professionnel continu), le Pr. Olivier Goëau-Brissonnière fait le point sur un ouvrage remis sur une nouvelle fois sur le métier par le nouveau gouvernement.

Egora : Le nouveau ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a voulu reprendre la consultation autour des décrets concernant le développement professionnel continue (DPC) en arrivant aux affaires.  Où en est-on ?

Pr. Olivier Goëau-Brissonnière : Les décrets concernant le DPC ont été ralentis dans leur sortie au moment du changement de gouvernement, mais cela ne signifie nullement qu’ils ne vont pas sortir ou qu’ils seront  profondément modifiés dans leur esprit. Parmi les quatre décrets qui concernent les médecins, l’un d’eux a été retouché de manière significative, c’est celui relatif à l’organisme de gestion du DPC : on y a institué une parité au conseil de gestion entre les médecins, l’Etat et les caisses d’assurance maladie. Ce texte concerne peu la fédération que j’anime. S’agissant des autres décrets, la commission scientifique indépendante a été sanctuarisée et il n’y a pas de changement fondamental dans la définition du DPC. Au total, onze décrets concernent les médecins et les autres professions de santé. Il y a parmi ces dernières, beaucoup plus que chez les médecins, d’importantes contestations relatives à la composition de certaines commissions scientifiques. Il est logique qu’il y ait plus de concertation à ce niveau-là. Il faut y voir également l’origine des retards.

La Fédération des spécialités médicales (FSM) acquiert un rôle central dans le dispositif. Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est la FSM ?

La FSM acquiert effectivement un rôle important, mais pas toute seule, avec ses conseils nationaux professionnels qu’elle regroupe et qui ne sont pas des sociétés savantes. Nous n’avons pas inventé, exigé la notion de DPC. Nous avons vu le DPC sur la route et nous avons considéré qu’il était très important de nous l’approprier. Par ailleurs, il ne représente qu’un des objets de la FSM, où l’on mène un objectif  global : épauler les médecins dans leur recherche de qualité, dans une organisation qui doit tendre rapidement à l’indépendance scientifique. Dans chaque spécialité, il y a un conseil national unique à gouvernance paritaire entre le secteur libéral et le secteur public au sens large et une intervention des différentes structures et fonctions de la spécialité est incluse dans la gouvernance. Le conseil national reste indépendant à tout point de vue, scientifique et financier. Ce fut la raison première de l’évolution de la Fédération des spécialités médicales et de la création des conseils nationaux qui ont pris vie.

Que répondez-vous si l’on vous interroge sur le financement des sociétés savantes ?

Je suis médecin, j’appartiens à une société savante ce qui n’a rien de choquant. Mais la fédération n’est pas un regroupement de sociétés savantes, mais un regroupement de conseils nationaux qui ne sont pas des sociétés savantes, je le redis de la manière la plus claire. Nous avons huit comités opérationnels, et l’un de ceux qui travaillent le plus depuis au moins six mois, est en charge des « structures et gouvernances ». Il s’emploie à toiletter les statuts des personnes morales que sont les conseils nationaux afin que tous  répondent à des critères très précis en matière d’indépendance, de parité entre les modes d’exercice et d’organisation de la représentativité. Le deuxième comité qui est aussi au  travail depuis six mois, traite d’«éthique et gestion des conflits d’intérêts ». Nous avons voulu d’emblée élaborer des règles qui se déclinent dans toutes nos structures, c’est à dire au niveau du bureau de la fédération, de son conseil d’administration et au niveau de la gouvernance des conseils nationaux professionnels, qui sont la porte d’entrée vers les spécialités. Enfin, un troisième comité associe à parité des libéraux et des médecins du service public. Il est coaché par un libéral et un « public » et il réfléchit à la mise en place du DPC, ce qu’est le développement professionnel continu,  quel peut être son cahier des charges. Il imagine aussi comment un professionnel peut avoir envie d’entrer dans le DPC. A cet égard, une idée tout à fait intéressante a émergée : celle d’une structure, installée dans chacune de nos spécialités, qui serait la porte  d’entrée du DPC. Le professionnel y prendrait connaissance de ce qu’il a à sa disposition,  il choisirait ensuite dans cette boîte à outil ce qui lui convient le mieux,  ferait son parcours et reviendrait vers cette structure d’accompagnement. La boîte à outils serait très vaste puisqu’il peut s’agir aussi bien  de registres de pratiques que de diplômes universitaires ou de participation à des formations cognitives  quelles qu’elles soient.

Comment est financée la FSM ?

Je voudrais qu’il n’y ait aucune erreur. La FSM n’a pour l’instant, que des financements liés aux cotisations des spécialités membres, et des subventions de l’Etat ou d’autres institutions telles que la Haute autorité de santé. A ce jour, c’est donc un principe de vie, la FSM n’a reçu aucun financement provenant de l’industrie. Il faut être très clair.

Le dispositif de DPC sera-t-il bientôt opérationnel ?

Je le souhaite, le plus rapidement possible. Quoi qu’on puisse entendre, beaucoup de professionnels souhaitent qu’un dispositif compréhensible se mette en œuvre. Nous aiderons à l’expliquer. Le DPC, c’est une démarche individuelle au sein d’une collectivité qui accompagne un médecin tout au long de sa vie professionnelle, mais en lui faisant choisir son parcours. C’est un concept qui existe dans de nombreux pays où on a  beaucoup travaillé  sur le sujet.

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Propos recueillis par Catherine Le Borgne