Le Dr Jean-Charles Delchier a eu beaucoup de chance. La femme vêtue d’une blouse blanche qui a porté trois coups de couteau à l’arrière du crâne et au visage de ce chef de service de gastro-entérologie au CHU Henri Mondor de Créteil (Val-de-Marne) alors qu’il était en consultation, et s’est enfuie en proférant des paroles de vengeance concernant la mort de son père, avait semble-t-il prémédité son geste. Il est en effet difficile de trouver le bureau du chef de service, situé au 13ème étage du grand hôpital, témoigne le délégué Sud de l’hôpital, dans Le Figaro.fr. Pris en charge et opéré sur place, le Dr Delchier est « extrêmement choqué », mais ses jours ne sont pas en danger. Hôpital sans structure ultra-sécurisée, Henri Mondor est un CHU où on peut déambuler facilement. « Ici, le patron ne s’enferme pas dans son bureau. On travaille en confiance », commente le délégué syndical.

Intervenant peu de temps après l’agression d’une consoeur gynécologue obstétricienne, à Soyaux, en Charente, encore à l’arme blanche, et encore pour des motifs de vengeance (une ancienne patiente de 53 ans (internée d’office depuis) qui lui reprochait le handicap de son enfant), et le passage à tabac récent d’un médecin de famille, ces actes de violence mobilisent la communauté médicale.  Ainsi, la Fédération des médecins de France (FMF), dénonce-t-elle « l’incurie des pouvoirs publics, leur désinvolture devant ces violences répétées à l’encontre des médecins. » Le syndicat se dit « affligé du manque de considération des autorités pour ce problème », malgré ses demandes réitérées et demande au Président de la République et au gouvernement « un geste fort » vis-à-vis des professions médicales.

La Confédération des syndicats médicaux français (Csmf), elle aussi révoltée, rappelle qu’en 2010 déjà, le ministère de l’Intérieur avait été saisi et des mesures visant à accroitre la sécurité des médecins et à les informer de la conduite à tenir en cas de difficulté avaient été arrêtées. Mais depuis, le dossier est au point mort.
Malheureusement, depuis cette date et la tenue d’une réunion début janvier, aucune mesure concrète n’a été mise en œuvre » alors que « les médecins libéraux sont là pour rendre service à leurs malades et à la population, pas pour mettre leur vie en danger ! » Le syndicat exige que la sécurité des médecins soit garantie quel que soit leur lieu d’exercice, en ville, clinique privée ou à l’hôpital, mais également lors des visites à domicile.  « Faute de quoi, la Csmf envisagera les modalités d’une action de protestation nationale afin de mettre le gouvernement face à ses responsabilités », menace la centrale.

L’Umespe, la branche spécialiste de la Confédération des syndicats médicaux français (Csmf), s’inquiète elle aussi de la situation « émergeante et inacceptable », liée à ces agressions particulièrement violentes et n’hésite pas à mettre en cause « les attaques répétées dans les medias, à travers les associations de consommateurs, les publications d’offres comparatives (…) qui tendent à rompre le contrat de confiance » entre les médecins et leurs patients et nuisent aux relations « humaines et sereines »…  « Un certain nombre de mesures doivent être mises en place, en urgence, pour sécuriser le travail des médecins et des personnels soignants », insiste à son tour l’Umespe. Selon l’Observatoire de la Sécurité 2009, créé par l’Ordre des médecins, une aggravation de la nature des actes est notée avec notamment une évolution des agressions physique (16% en 2009 contre 11% en 2008). Depuis ces trois dernières années, le département de la Seine Saint-Denis reste en tête des déclarations d’incidents, comptant 54 des 512 déclarations recensées par l’étude. Ce département est suivi de près par le Val d’Oise (31), l’Isère (26), la Seine-Maritime (26), le Nord (22) et le Val de Marne (22).La fiche de signalement (fichier PDF) permet aux médecins victimes d’agression de transmettre l’information à leur conseil départemental pour que le médecin agressé reçoive, s’il le souhaite, le soutien de l’Ordre et pour permettre au Conseil de l’Ordre de connaître plus précisément la nature des événements au niveau local, d’analyser les problèmes rencontrés par les praticiens et d’étudier les réponses possibles.

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Catherine Le Borgne