La revalorisation de la Médecine Générale, devenue médecine de proximité, après être passée par le premier recours, ou l’inverse, est sur toutes les lèvres des décideurs. On attend les actes. L’expression d’une volonté, certes nécessaire, n’est jamais suffisante. A partir d’une crainte démographique, on recherche à résoudre un paradoxe : d’un côté, le maintien de l’activité de médecins avec leur fonctionnement, leur habitude, leur légitimité reposant sur leur productivité au service des patients ; de l’autre l’accession des jeunes confrères au métier, actuellement libéral, avec leur volonté tout aussi légitime d’accorder leur vision professionnelle à leur plan de vie.
Dire aujourd’hui que les jeunes médecins veulent tous être salariés est faux. L’Inter-Syndicale Nationale Autonome Représentative des Internes de Médecine Générale (ISNAR IMG) vient de faire passer ce message. Leur exigence en terme d’environnement professionnel est pour nous un encouragement : encouragement à améliorer la gestion administrative, à gérer notre temps de travail, à coopérer avec d’autres professions, à éviter l’isolement. Bref, à rendre l’exercice attractif.
Nous avons les mêmes objectifs même si nous savons tous qu’un coup de baguette magique dans la période économique actuelle ne permettra pas d’arriver immédiatement à nos fins.
La restructuration de notre profession passe par la compréhension des problématiques de chacun. Un grand soir brutal de la médecine générale serait une catastrophe car finirait de convaincre ceux qui exercent d’accélérer leur départ sans garantir aucunement l’arrivée de nouveaux venus.
Dire qu’il n’y a pas eu d’évolution depuis dix ans est faux. Beaucoup de confrères ont modifié leur exercice. Le nombre de visites diminuant, ils ont restructuré leur offre de soins. Le rendez-vous, exceptionnel avant 2002, est devenu le mode d’exercice le plus répandu. Les prescriptions, le nombre d’actes, beaucoup de paramètres ont évolué. La conjonction d’une forte augmentation de l’acte en 2002 et les modifications de l’exercice n’est donc pas le fait du hasard. Le médecin libéral, quand on augmente significativement la valeur de son acte, quand on permet à tous d’accéder à la rémunération médecin traitant, améliore de lui-même sa réponse aux patients et n’augmente pas son activité, au contraire. Il la rend plus supportable. Le blocage des honoraires, les franchises, les contraintes nouvelles ont de nouveau alourdi la tâche et détérioré la qualité de l’exercice.
L’étape qui se propose à nous est donc capitale. Si les mots ont un poids, le politique doit investir dans la médecine libérale de proximité pour permettre de reprendre l’évolution bloquée depuis 3 ans, au bénéfice de chacun, installés et nouveaux confrères. La meilleure réponse à la demande des jeunes est l’amélioration de la vie des médecins en exercice et de la viabilité de l’entreprise libérale.
Faire prendre conscience à la population que la qualité des soins passe par des médecins généralistes biens dans leur métier doit faire partie de la communication des politiques pour expliquer les décisions attendues par la profession.