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Mail UNOF Novembre 2010

Branche généraliste de la CSMF
UNOF-CSMF MAIL /// Jeudi 25 novembre 2010

DE LA DEMOGRAPHIE A LA REMUNERATION : COMMENT S’EN SORTIR ?

Les médecins généralistes attendent, attendent, attendent depuis plusieurs années que les paroles soient suivies d’actes. Les rapports et les études se succèdent à un rythme effréné. De l’Ordre qui se désole de la baisse démographique mâtinée d’absence d’installations, du rapport du Docteur Elisabeth Hubert dont les premières fuites ouvrent des perspectives sur les trois piliers : formation, rémunération, réorganisation, les idées ne manquent pas.
Cette présentation est belle et bonne. La balle est dans le camp des politiques. Quel niveau d’importance ceux qui nous gouvernent ou ceux qui pourraient nous gouverner donnent-ils au maintien de la médecine générale de proximité ? Quels moyens ?
Le débat risque de rapidement tourner court quand on aborde l’avenir sur l’angle économique. Pourtant, au-delà de la rémunération des individus, un investissement long et efficace s’avère nécessaire.
On parle à tout propos de coordination. Depuis 2004, des millions d’euro sont investis dans le dossier médical personnel … sans résultat. La légitimité de la dépense dans de tels domaines ne peut s’assoir que sur l’efficacité. La montagne administrative n’a toujours pas accouché de sa souris. L’argent dépensé aurait-il pu être plus justement alloué ? Que n’aurait-on dit si ces sommes avaient été dépensées sans résultat du fait des médecins généralistes libéraux ?
Pour accueillir les médecins dans les zones difficiles démographiquement, des mairies rurales ont fait des dépenses inconsidérées par rapport à leur budget. Elles n’ont souvent attiré que des médecins qui n’ont pas tenu le coup. Dépense engagée mal évaluée sans résultat probant. Le Conseil de l’Ordre vient de mettre l’accent sur cette dérive.
Faut-il vraiment donner d’autres exemples de dépenses inutiles ou mal évaluées, sans qu’à aucun moment les professionnels de terrain soient responsables ?
La future démographie médicale repose sur une réorganisation de l’offre de soins basée sur une entreprise médicale libérale viable, avec des médecins installés, des médecins associés exerçant sans forcément être installés, des professionnels de santé travaillant en coordination, aidés par une plate-forme d’aide administrative. Tout ceci dans un lieu ou dans une organisation uni ou pluri polaire dans des lieux différents, coordonnés. Pour cela, il faudra emmener les revenus de ces ensembles à des niveaux suffisants pour que l’organisation ne butte pas sur un mur financier. Le métier va changer, c’est évident. Les nouveaux arrivants et certains anciens ne refusent pas l’exercice libéral. D’ailleurs, le remplacement apparemment si populaire répond à une loi du marché libérale basée sur l’offre et la demande où actuellement la demande des médecins installés est supérieure à l’offre des remplaçants, ce qui leur donne un effet d’aubaine. Combien de temps durera-t-il ?
Il va de soi que seule une revalorisation significative doit faire la différence entre le médecin installé, sédentarisé, assurant la continuité auprès des patients, et celui qui viendra en force d’appoint ou pour des périodes plus courtes, sans investissement structurel. Sans parler de chefferie, il est évident qu’il ne pourra pas être fait l’économie d’un plan de carrière pour les premiers nommés permettant de rémunérer la continuité des uns eu égard aux autres. Cette évolution peut correspondre aux échelles gravies par les médecins hospitaliers au fil de leur parcours professionnel. Elle peut représenter un niveau de rémunération inscrit dans le rapport Hubert.
Devant ces carrières libérales différentes, chacun fera son choix. Autour d’un noyau dur pourront graviter des collaborateurs qui trouveront leur équilibre personnel pour apporter leur compétence au collectif.
Ce choix politique sera-t-il fait ? La longévité lui sera-t-elle accordée ? Des économies seront-elles faites dans d’autres secteurs que le soin pour obtenir un résultat ? Cessera-t-on de prendre les mauvaises mesures, d’essayer les mauvaises solutions, d’attendre de la technologie qu’elle s’appelle DMP ou télémédecine la solution à tous les maux ?
Seul l’avenir nous le dira. La proximité permanente d’élections qui rebattent les cartes politiques n’est pas la meilleure garantie de la nécessaire pérennité d’une quelconque action dans cette direction. Elle semble pourtant la seule permettant la coexistence de deux modes d’exercice complémentaires au service des patients.

Dr Michel COMBIER, Président de l’UNOF-CSMF

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