Le rapport Hubert sur la médecine de proximité, souvent présenté comme un serpent de mer à force d’avoir été repoussé, semble sortir des limbes. Avant même qu’il ne lui soit remis en mains propres, jeudi dernier le chef de l’Etat avait déjà fait siennes quelques unes des  propositions les plus emblématiques du volumineux rapport de l’ancienne ministre de la Santé (200 pages) qui vise, après la mission Legmann et d’autres travaux,  à renforcer l’attractivité de la « médecine de proximité ».
A l’évidence, un consensus se forme sur la réforme des modes de rémunération, souhaitée par la Csmf, par l’Uncam qui y inclue le Capi. Egalement promue par l’UMP où l’on planche  sur l’avenir du système de santé et qui en fait une mesure « urgente ». Pour sa part, Elisabeth Hubert  envisage trois niveaux de rémunération  : le paiement à l’acte pour les actes les plus courants, un élément de forfait pour la prise en charge des patients en matière de prévention et d’éducation thérapeutique et une rémunération des structures, pour mieux prendre en compte (« avec des personnels dédiés ») les temps de coordination et de formation. Peu avant son départ de l’Avenue de Ségur, Roselyne Bachelot s’était, dans les colonnes du Panorama du Médecin et sur egora.fr, prononcée pour la mise en place d’un forfait de structure. L’idée est donc bien dans l’air.
Au Congrès des Maires, le 23 novembre, Nicolas Sarkozy a ainsi affirmé vouloir « complètement repenser le statut et la rémunération » des médecins. Il a aussi dit son intention d’aller « plus loin » dans le financement des études des futurs médecins qui s’engagent à s’installer dans des déserts médicaux. Sur le sujet, Elisabeth Hubert suggère des aides à l’installation (taux à prêt 0) et la création d’un fonds de garantie qui permette à un praticien, au bout de quelques années, de se voir solvabiliser le bien qu’il a investi, « de façon à assurer sa mobilité ». A priori, toutes ces idées ne devraient pas faire de grandes vagues dans la profession.
Il semblerait qu’il en aille de même sur le large chapitre consacré à la formation. Qui peut en effet s’opposer à la mise en place de stages obligatoires chez un médecin généraliste dans toutes les facultés de médecine et à la valorisation de la fonction de maitre de stage ? Si elle n’est pas opposée à l’allongement en quatre ans de la durée de l’internat en médecine générale, Elisabeth Hubert précise que cette réforme ne peut être engagée que si la durée du premier cycle des études médicales est réduite de 6 à 5 ans. Moins consensuel est la proposition de  régionaliser les ECN car, selon elle, « le caractère national a montré toutes ses limites ». L’effort pour améliorer l’attractivité de la profession devra aussi porter sur les systèmes d’information et la télémédecine. L’ancienne ministre a également souhaité que le DMP, qui ressemble aujourd’hui plus à une « bibliothèque qu’à un outil qui facilite la vie », n’empêche pas la création de fiches de synthèse et de messagerie sécurisée. Et pourquoi ne pas affecter une partie du Grand emprunt au développement des systèmes d’information en santé ? a-t-elle fait valoir.  Elle appelle enfin à « lever les fantasmes » tant sur le DPC (développement professionnel continu) en faisant plus confiance aux professionnels que  sur le problème de la responsabilité civile professionnelle, « pas si inquiétant que cela », selon elle.
Mais la présidente de la Fnehad (Fédération nationale des établissements d’hospitalisation à domicile) a prévenu que son rapport – qu’elle a mené et rédigé seule, a-t-elle tenu à souligner – contient quelques passages qui ne feront pas plaisir à tout le monde. Il faut donc s’attendre à quelques scuds, peut-être de même nature que celui dévoilé devant les étudiants de la faculté de médecine Paris V, en début de semaine, où fut évoquée la création d’une  « mission de service public » dans les zones sous-denses, où les médecins remplaçants devraient donner une part de leur temps et où il serait fait appel aux volontaires retraités.
Pour sa part, l’UMP évoque une remise en cause de la liberté d’installation pour les spécialistes dans les zones de sur densité médicale. Des idées qui fâchent, assurément.