Aujourd’hui, la crise économique ne montre que le bout de son nez.
Succédant à la crise financière, elle va avoir des conséquences lourdes sur le Financement de la Sécurité Sociale et, en son sein, sur celui de l’Assurance Maladie.
Le Ministre du Budget, lucide, prévoit une baisse de recettes. Cette altération sera la conséquence de la baisse de l’emploi, d’une moindre rentrée de cotisations salariales et patronales. Au delà de l’accroissement du déficit, ces tendances lourdes vont entraîner des perturbations dans la population qui va, tôt au tard, arriver dans nos cabinets : augmentation du nombre de chômeurs, tensions au travail, … Toutes désespérances qui influent in fine sur notre activité et nous mobilisent pour répondre à la souffrance sociale, origine de souffrance physique et psychologique.
C’est dans ce moment que le gouvernement choisit de sortir une Loi dont l’architecture vise à mettre à bas le système actuel libéral et social.
Ne revenons pas sur ce qui fait notre opposition à ce texte. Il est le cheval de Troie d’une idéologie étatique, qui cherche sa légitimité dans l’accueil des jeunes confrères, mais qui rendra l’exercice médical repoussant pour anciens et nouveaux.
Profitant de la crise, le politique n’a de cesse de culpabiliser le secteur ambulatoire dans la dépense alors que la crise, comme nous venons de le voir, va entraîner une augmentation des besoins.
Est-ce vraiment le moment de démotiver les plus à mêmes de répondre à ces besoins en les montrant du doigt ? Est-ce vraiment moral d’invoquer la « crise » pour détruire l’édifice Assurance Maladie dans son caractère médical et social ?
Le récent sondage, fait par l’Institut CSA pour la CSMF, montre que les médecins adhérent au concept de la maîtrise médicalisée. Ils trouvent très négatifs les franchises médicales, d’autant plus qu’elles sont retenues la plupart du temps sur le remboursement de leurs actes.
Les médecins montrent une grande opposition à la Loi et à ceux qui la portent, Ministre et Président de la République. Vont-ils continuer à porter une Loi qui va à l’encontre de l’intérêt et de l’opinion de ceux qui sont sensés la mettre en pratique ? Le choix se doit d’être clair et rapide.
Pour l’instant, on sent bien que les Pouvoirs Publics ont dans l’idée de détruire l’aspect libéral de la médecine de proximité, d’en supprimer la liberté d’exercice, de conventionnement en contraignant l’installation.
Il vaudrait mieux soutenir l’effort des médecins généralistes et améliorer la qualité de l’exercice en libérant du temps médical de soin. Cela relève de la prospective et, dans cette période, ceux qui doivent décider ont plutôt le nez dans le guidon.
Espérons que le jour où ils le relèveront, la médecine de proximité ne sera pas un champ de ruines déserté par ceux qui la faisaient exister.