MAIL Les Généralistes CSMF /// Mardi 28 novembre 2023

ABUS DE CONFIANCE…

Le ministre de la Santé, relayé par le directeur de la Caisse nationale de l’assurance maladie (Cnam), a demandé aux syndicats représentatifs de médecins libéraux de s’engager sur la voie de la qualité et de la pertinence des soins dans le cadre des négociations conventionnelles. Ceci concerne aussi bien les parcours de soins de certains patients atteints de pathologies chroniques pour éviter par exemple des hospitalisations aux patients atteints d’insuffisance cardiaque, que des prescriptions de médicaments et de biologie dont les données fournies par l’Assurance maladie démontrent qu’elles ne respectent pas tous les référentiels métiers générant alors des dépenses inutiles et parfois contribuant à la iatrogénie médicamenteuse. Si ces référentiels sont l’unique référence de nouvelles recommandations aux médecins, nous ne pouvons qu’adhérer à cette démarche qui sera de nature à améliorer la qualité des soins sans s’inscrire dans une maîtrise comptable.

Une telle démarche doit être accompagnée et il est nécessaire de donner les moyens aux médecins de la réussir. L’exemple des Groupes Qualité de médecins généralistes dans cinq régions françaises (Bretagne, Pays de la Loire, Normandie, Centre-Val de Loire et Hauts-de-France) démontre que cette qualité et cette pertinence sont au rendez-vous lorsque l’on fait confiance aux médecins qui s’y engagent et qu’aucune contrainte n’est alors nécessaire pour obtenir des résultats probants.

Or cette confiance de l’État envers les médecins libéraux existe-t-elle ? On peut en douter puisqu’il associe une partie des éventuelles revalorisations de la future convention aux économies générées par cette démarche qualité et pertinence des soins comme si elle ne faisait pas intégralement partie de notre ADN.

Aujourd’hui, les médecins libéraux sont même en droit de se demander si cet enjeu n’est pas, comme le contrat d’engagement territorial au mois de février, le nouveau moyen imaginé par l’Assurance maladie pour faire échouer cette nouvelle négociation conventionnelle.

Comment croire que la qualité et la pertinence des soins sont un enjeu sanitaire majeur pour ce gouvernement lorsqu’il ne réagit pas aux annonces de mises en place de cabines de téléconsultation dans toutes les gares et dans les supermarchés d’une enseigne de grande distribution ? Chacun sait que la qualité et la pertinence des soins ne sont pas les priorités de ces plateformes de téléconsultation qui s’inscrivent dans une financiarisation rampante de notre système de santé où l’objectif est de s’enrichir au détriment de notre système de protection sociale.

L’absence de réactions du ministre de la Santé et du directeur de la Cnam à ces annonces est un très mauvais signal envoyé aux médecins libéraux. L’État et ses représentants deviennent ainsi complices de détournement du patrimoine des Français, notre Sécurité sociale, ce qui constitue un abus de confiance à leur égard.

Finalement, qualité et pertinence des soins ne sont-ils pas qu’un leurre pour de futures contraintes et des objectifs comptables inatteignables qui rendront une nouvelle fois cette convention insignable ?

Dr Luc DUQUESNEL,
Président du syndicat Les Généralistes-CSMF

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EGORA – Interview du Dr Luc Duquesnel. “La future convention devra prendre en compte la complexité de l’exercice du médecin traitant”

Négociation conventionnelle : « Il faut mettre le paquet pour donner envie d’être médecin traitant ». En février dernier, la négociation pour la future convention médicale se soldait par un échec, laissant les médecins libéraux livrés à un règlement arbitral, qui ne leur a accordé qu’une revalorisation de 1,50 euro des tarifs des consultations. Après un mouvement de grève de grande ampleur à la mi-octobre, le dialogue a repris entre les syndicats et la Caisse nationale de l’assurance maladie (Cnam), avec une première séance multilatérale de négociation qui s’est déroulée mercredi 15 novembre. Le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF, appelle à « mettre le paquet pour donner envie d’être médecin traitant », à l’heure où « certains n’hésitent pas à dire que l’on pourrait s’en passer »…

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