ÉCHEC INTERDIT…
L’application du règlement arbitral à partir du 1er novembre 2023, avec le passage du tarif de la consultation de 25 € à 26,50 € (31,40 € pour les DROM), nous rappelle, tout d’abord, l’échec cuisant des négociations conventionnelles du début d’année. Échec, alors qu’une nouvelle convention était attendue avec impatience par l’ensemble des médecins des spécialités médicales cliniques, et tout particulièrement par les médecins généralistes.
Beaucoup de médecins généralistes ont décidé de ne pas subir l’humiliation d’une revalorisation de leur acte de base de 1,50 € (1,80 € pour les DROM) après sept années de blocage. Beaucoup sont déjà passés à 30 €, avec l’accord de leurs patients, et les autres seront nombreux à le faire la semaine prochaine. Il s’agit donc là d’un acquis avant même l’ouverture des négociations conventionnelles.
Comment réussir là où nous avons échoué il y a huit mois ?
Tout d’abord, en ne stigmatisant pas les médecins libéraux qui travaillent sur des amplitudes horaires différentes de leurs aînés. Il s’agit là d’un phénomène sociétal qui touche toutes les professions et que nous devons accepter.
Concernant la médecine générale, nous partageons les mêmes objectifs que l’Assurance maladie. Nous devons tout d’abord rendre attractif un métier qui ne l’est plus, celui de médecin de famille, tant auprès de ceux qui sont en exercice que des étudiants en médecine. La démographie médicale des médecins traitants s’aggrave plus rapidement que celle des médecins généralistes qui trouvent des solutions palliatives vis-à-vis d’un métier qui perd de son sens et s’orientent vers un exercice en centres de soins non programmés ou sur des plateformes de téléconsultations mais qui ne répondent pas à la demande de suivi des patients chroniques.
Les consultations longues doivent être revalorisées au même titre que le sont aujourd’hui les visites longues, car il s’agit de consultations complexes pour des patients polypathologiques souvent âgés. Le forfait médecin traitant doit être majoré et prendre en compte les médecins qui participent à la permanence des soins ambulatoires (PDSA) et au service d’accès aux soins (SAS), qui effectuent des consultations dans des cabinets secondaires, qui sont maîtres de stage. Tous ces médecins sont investis avec leurs confrères dans la réponse aux demandes de soins de la population de leur territoire. Ne pas le reconnaître ne peut que les inciter à abandonner ce qui aggrave leurs conditions d’exercice.
La deuxième priorité pour cette convention est de permettre aux médecins de famille de se réorganiser pour prendre en charge plus de patients sans travailler plus. Si l’assistant médical et l’infirmier en pratique avancée (IPA) le permettent, le modèle économique est trop souvent déficitaire pour les médecins de famille.
Si ces conditions sont remplies, Les Généralistes-CSMF sont prêts à s’engager encore plus sur la voie de la pertinence et la qualité des soins car, au-delà de la santé de nos patients, nous ne pouvons pas nous affranchir de l’impact économique de nos prescriptions.
Cette convention médicale ne devra pas oublier certains médecins généralistes qui ne sont pas médecins traitants et qui pour autant jouent un rôle essentiel dans notre système de soins. C’est le cas de nos confrères de SOS Médecins, mais aussi des médecins thermaux, peu nombreux et souvent oubliés par chaque convention médicale.
Afin d’éviter un nouvel échec de cette négociation et face à de tels enjeux et de tels besoins, nous ne devons pas hésiter à diversifier les moyens de les financer car ceux de l’État sont limités. Les Généralistes-CSMF sont favorables à faire appel au financement par les assurances complémentaires dans le cadre d’une option pratique tarifaire maîtrisée (Optam) pour tous les médecins libéraux.
Dr Luc DUQUESNEL,
Président du syndicat Les Généralistes CSMF
Toutes les informations sur les revalorisations au 01/11/2023 : https://www.csmf.org/revalorisations-du-1er-novembre-2023/ |