MAIL Les Généralistes CSMF /// Mercredi 19 octobre 2022

ACCÈS AUX SOINS : LA DISPARITION DU MÉDECIN TRAITANT !

Le ministre de la Santé, les parlementaires, les élus locaux, les usagers et les représentants des médecins libéraux s’accordent aujourd’hui pour dire que les difficultés d’accès aux soins en ambulatoire, sur la plus grande partie de notre territoire, n’est plus acceptable et que les médecins, avec les autres professionnels de santé, ont le devoir de trouver des solutions rapidement pour améliorer cet accès.

Sans revenir sur les causes de cette situation dont les gouvernements successifs et les parlementaires portent l’entière responsabilité, les médecins libéraux sont prêts à relever ce défi qui devient un devoir pour eux sous réserve qu’on leur en donne les moyens car ils ont aussi des droits.

Concernant les médecins généralistes, l’enjeu majeur est de permettre aux médecins traitants libéraux d’exercer leur métier de plus en plus complexe en libérant du temps médical pour prendre en charge plus de patients sans travailler plus. Cela ne pourra se faire qu’en innovant dans nos organisations en travaillant avec des assistants médicaux (au temps de formation inutilement long) et des infirmiers en pratique avancée (malheureusement formés au compte-gouttes).

Sans vouloir préjuger de la forme que doit prendre cette réorganisation professionnelle (regroupement physique ou virtuel, équipes de soins primaires [ESP], maisons de santé pluriprofessionnelles [MSP], communautés professionnelles territoriales de santé [CPTS]…), elle doit se donner la mission de prise en charge de la population d’un territoire où le médecin traitant doit rester le chef d’orchestre du parcours de santé des patients.

Pour répondre à ces nécessités, le gouvernement a deux leviers : le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2023 et la future convention médicale. Ils sont censés nous donner non seulement les moyens de nous réorganiser, mais aussi d’effacer le mépris ressenti par les médecins traitants libéraux dont l’expertise est valorisée à hauteur de 25 € pour des consultations de plus en plus complexes pouvant durer de 30 à 45 minutes. Aujourd’hui, être médecin traitant salarié d’un centre de santé est plus attractif que l’être en libéral. Des médecins généralistes de plus en plus nombreux abandonnent le métier de médecin traitant pour choisir des missions moins complexes et plus lucratives : travail en centres de soins non programmés, téléconsultations pour des plateformes…

Au vu du PLFSS 2023, on peut s’interroger sur la priorité affichée du gouvernement de permettre à chaque Français qui le souhaite de trouver un médecin traitant. Un objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam) à 2,9 % pour la ville alors que l’inflation est proche de 6 %, c’est la garantie d’une future convention médicale qui ne permettra pas aux médecins traitants d’assurer leurs missions et de retrouver l’espoir de plus de considération de la part de l’État.

Face à ce sinistre choix politique, le Comité de liaison inter-Ordres (Clio), où siège le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom), a trouvé la parade et le ministère de la Santé s’en félicite. Le Clio propose un transfert d’actes et d’activité des médecins traitants vers les autres professionnels de santé qui, en plus de leur activité, deviendront en quelque sorte des « officiers de santé ». Ils se verront aussi confier la prise en charge de première intention des patients sans médecin traitant.

Le choix a donc été fait de remplacer le médecin traitant par d’autres professionnels de santé plutôt que de lui permettre de prendre en charge plus de patients !

Le syndicat Les Généralistes-CSMF rappelle la nécessité de revaloriser l’acte de base du médecin traitant qui n’a pas augmenté depuis 2016 et de mettre en place une consultation à 60 € pour toutes les consultations complexes. La contrepartie devra être de garantir une nette diminution du nombre de patients sans médecin traitant et tout particulièrement pour les 630 000 Français en affection longue durée qui n’en n’ont pas.

Le syndicat Les Généralistes-CSMF appelle l’ensemble des syndicats représentants les médecins généralistes à défendre le rôle du médecin traitant dans notre système de santé et à une unité d’action dans les mois à venir.

Les perspectives noires annoncées, qui visent à faire perdurer le mépris de notre gouvernement envers les médecins traitants et à réorganiser progressivement des parcours de santé sans eux, ne verront pas le jour si tous ces médecins répondent présents à un appel à la mobilisation dans le cadre d’une unité syndicale.

Dr Luc DUQUESNEL,
Président Les Généralistes CSMF

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Alors que l’ajout d’une quatrième année au diplôme de médecine générale est prévu par le PLFSS pour la prochaine rentrée, les internes s’inquiètent d’un défaut d’attractivité de la spécialité et d’une possible pénurie de praticiens dans les territoires dans les années à venir. Attention ! appuie le Dr Luc Duquesnel, président du syndicat Les Généralistes-CSMF, cette année supplémentaire doit servir à appréhender le métier de médecin traitant et à « donner goût » aux jeunes professionnels de santé à se diriger vers le libéral. À ses yeux, il faut miser sur des organisations innovantes plutôt que sur la coercition…

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