SUITE DE LA MISSION FLASH SUR LES URGENCES : ESPOIR OU ENFUMAGE ?

La Mission flash, après un mois de travail acharné à parcourir la France pour rencontrer les acteurs de notre système de santé, libéraux et hospitaliers, a rendu ses 41 recommandations pour préserver la réponse aux soins urgents et/ou non programmés cet été.

Comment ne pas saluer ce travail, fruit d’une écoute des professionnels du terrain sur les problèmes rencontrés quotidiennement dans leur exercice, effectué par François Braun, Antoine Leveneur, Thomas Deroche, Delphine Tortiget et Karim Tazarourte ?

Ils n’ont pas hésité à briser un tabou en prônant la régulation des admissions en service d’urgence.

Plusieurs mesures concernant la médecine libérale sont de nature à économiser du temps médical pour permettre la prise en charge des soins non programmés (téléconsultations remboursées à 100 % par le régime obligatoire, transports des patients vers les lieux de consultation, mobilisation des médecins retraités…) tout en incitant les médecins à s’y investir grâce à des rémunérations que l’on nous refuse depuis plus d’un an.

Concernant l’extension au samedi matin de la permanence des soins ambulatoires (PDSA), confrontés à des vents contraires venant de l’Assurance maladie, la Mission flash est restée au milieu du gué en se limitant à l’extension de l’organisation de la PDSA au samedi matin. Ceci n’est pas acceptable et l’ensemble des médecins généralistes devront rapidement se mobiliser derrière leurs syndicats pour obtenir le droit d’être en week-end le vendredi soir tout en assurant la PDSA le samedi matin.

Et maintenant ?

Si l’annonce par la Première ministre de l’application globale de ces 41 recommandations n’était pas des plus rassurantes car faite sans discernement, il n’en n’a pas été de même de la nomination de François Braun comme ministre de la Santé. Il connaît notre métier de médecin généraliste libéral et toutes les difficultés que nous rencontrons pour tenter de conserver une bonne qualité des soins dans un contexte de démographie médicale de plus en plus déficitaire.

Tout reste à faire afin de permettre la mise en œuvre de ces 41 recommandations afin qu’elles ne restent pas comme lettre morte, et donc un nouveau rapport au fond d’un tiroir.

Il y a urgence et nous sommes dans l’attente des textes réglementaires et des ordres donnés aux agences régionales de santé et à l’Assurance maladie pour une application rapide car l’été a déjà commencé et les services d’urgence sont de plus en plus nombreux à fermer.

Notre nouveau ministre devra aussi avoir la force de résister à ceux qui prônent la contrainte à l’encontre des médecins hospitaliers ou libéraux considérant qu’ils sont soit des fainéants, soit des déserteurs. Ainsi, France Assos Santé, l’organisation de référence pour représenter les patients et les usagers du système de santé, demande à notre nouveau ministre d’instaurer l’obligation de garde 24 h sur 24 en médecine de ville. La radicalisation de cette association devenue adepte de propositions populistes représente un danger pour notre système de santé. Elle doit savoir que les médecins maintenus inutilement éveillés la nuit ne seront pas présents dans leurs cabinets en journée alors que c’est là qu’ils sont nécessaires pour répondre aux demandes de soins des Français.

Les médecins généralistes libéraux, malgré des conditions d’exercice déjà très difficiles, sont prêts à s’engager pour améliorer l’accès aux soins en innovant dans leurs organisations professionnelles. Ils ont pour cela besoin d’être accompagnés et non pas entravés dans cette démarche afin qu’innover ne soit pas synonyme de détérioration de leurs conditions d’exercice.

Dr Luc DUQUESNEL,
Président Les Généralistes CSMF

> REAGIR A CET EDITORIAL <
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À l’issue d’un mois de concertations, le Dr François Braun, nouvellement nommé Ministre de la Santé et de la Prévention, a rendu la semaine dernière à la Première Ministre une série de recommandations – toutes adoptées par Élisabeth Borne – pour lutter contre la crise des urgences et l’été noir qui s’annonce dans les hôpitaux. S’il salue le travail réalisé par l’urgentiste, le Dr Luc Duquesnel, Président Les Généralistes-CSMF, appelle à ne pas négliger l’impact de cette crise sur la médecine libérale et pour les généralistes en particulier. Il est essentiel, à ses yeux, de permettre aux médecins de ville de gagner du temps médical pour affronter les trois mois à venir, tout en accompagnant les patients dans un meilleur usage du système de santé…

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