92 % des consultations en France sont effectuées par la médecine ambulatoire et pourtant, ceux qui conseillent le Président de la République sont tous issus de la sphère hospitalière.
Il est temps d’écouter ceux qui, par leur agilité (dixit Nicolas Revel au moment de la crise sanitaire) ont accompagné les Français dès le début de la pandémie puis ont participé à l’extraordinaire taux de couverture vaccinale dans tout le pays aux côtés des autres professionnels de santé du premier recours, tout en continuant à soigner les malades chroniques.
Les médecins généralistes sont prêts à relever le défi de l’accès aux soins, encore faut-il y mettre les moyens organisationnels et faire confiance à toutes les innovations dans chaque territoire.
– Le SAS (Service d’Accès aux Soins), oui, mais sans les rémunérations inapplicables de l’avenant 9 (qui accepterait d’avoir des rémunérations variables pour le même acte et rémunérées un an après ?), sans l’obligaton de la plateforme numérique nationale souvent inadaptée et sans un modèle unique.
– Un médecin traitant pour tous, oui, mais avec une équipe autour de lui (assistants médicaux, secrétaires, infirmiers de pratique avancée). Il suffirait que 20 % des médecins aient un assistant médical pour que l’accès aux soins soit résolu, en France, sans que les médecins augmentent leur amplitude horaire de travail.
– La télémédecine, oui, mais au service de l’efficience (télé-expertise, télé-suivi) et pas au service du mercantilisme des cabines. Elles sont à l’origine de dépenses superflues, l’absence d’examen clinique et de coordination territoriale entraînant des prescriptions d’antibiotiques, des arrêts de travail, des explorations complémentaires aussi inutiles que coûteux.
– Également, donner la possibilité à chaque médecin d’embaucher un ou plusieurs professionnels de santé (en particulier de jeunes médecins en début de carrière qui souhaitent démarrer par du salariat).
Cet été, nous verrons malheureusement les conséquences et les limites de l’hospitalo-centrisme avec les nombreux services d’urgences qui vont fermer.
Dans certains départements, les 2/3 des médecins qui tiennent les services d’urgences ne sont ni urgentistes, ni inscrits à l’Ordre des Médecins, et donc source de soins inadaptés et de dépenses inutiles.
N’écouter que des patrons de SAMU et des ministres ex-médecins hospitaliers, c’est se priver de l’extraordinaire capacité d’adaptation et d’innovation dont font preuve les médecins généralistes de terrain.
Le prochain ministre de la Santé devra être à l’écoute de la médecine de premier recours, snobée par nos gouvernants depuis 20 ans et dont on paie les conséquences actuellement.
Se priver des propositions des Généralistes-CSMF, c’est faire un déni de la situation et entrainer une perte de chances pour nos concitoyens.
Dr Sylvaine Le Liboux, Secrétaire Générale Les Généralistes-CSMF |