Les campagnes électorales décuplent les propositions les plus farfelues quant aux solutions du problème de l’accès aux soins en France.
La dernière en date vient du maire d’Orléans qui veut former 50 étudiants en médecine en plus, dans son territoire.
On lui a expliqué que former 50 étudiants par an en plus, en région Centre Val de Loire demandait des infrastructures et des lieux de stages que l’on n’avait pas. Que nenni, il les formera via la Faculté de Zagreb en Croatie !
Avec au minimum 8 ans d’études, cela ne résoudra pas le problème à court terme mais cela a fait le buzz à défaut d’être une solution efficace.
D’autres proposent d’empêcher l’installation des jeunes médecins dans les zones sur-dotées mais y-a-t-il des zones sur-dotées en France ? Même Paris devient un désert médical.
Supprimer la liberté d’installation est une mesure récurrente mais qui n’a aucune pertinence actuellement compte tenu du nombre majoritaire de zones déficitaires en France.
Le pire est de faire porter aux jeunes générations les erreurs des politiques depuis 30 ans.
Les maltraiter (les syndicats d’internes nous interpellent sur les nombreux signes d’angoisse et de dépression chez les étudiants), les obliger à travailler dans des territoires qu’ils ne choisiront pas, est scandaleux quand on sait la difficulté des études de médecine. Leur participation et leur rôle clé dans la bonne marche des services hospitaliers pendant leurs longues années d’études justifient qu’on les laisse choisir ensuite leur vie professionnelle sans coercition. L’argument utilisé par certains élus est que ces internes auraient une dette envers la nation qui a financé leur formation : c’est une fake-news ! L’Etat, en sous payant ces internes qui remplissent souvent les missions des médecins manquants dans les hôpitaux, économise 210 085 € pour un futur médecin généraliste et 366 587€ pour un médecin d’une autre spécialité.
Accompagnons plutôt ces futurs médecins et soyons à leur écoute, ils ont beaucoup à nous apprendre sur le numérique, les nouvelles formes d’exercice, la bonne adéquation entre vie professionnelle et vie privée.
D’ailleurs, les solutions pour améliorer l’accès aux soins, on les connait :
Aider les médecins en exercice :
· avec des secrétariats, des assistants médicaux en changeant le « service commercial » de la CNAM qui n’a pas les mots pour nous convaincre d’embaucher malgré les aides conséquentes,
· avec plus de lieux de stages ambulatoires (en médecine générale mais aussi en médecine spécialisée),
· avec la valorisation de l’exercice pluriprofessionnel sans monter les uns contre les autres puisqu’on a toujours travaillé avec les infirmiers, les pharmaciens, les kinés…
Le médecin traitant doit rester au centre d’une équipe, pour suivre 3 000 patients comme en Allemagne alors qu’en France la moyenne est de 840 par médecin. Les médecins généralistes sont épuisés quand ils parviennent à en suivre 1 500 à 2 000 dans certaines zones car ils sont seuls ou insuffisamment accompagnés.
Les Généralistes-CSMF ne cesseront pas de combattre les fausses bonnes idées indignes des politiques dont le rôle est d’anticiper et non pas d’être les fossoyeurs de l’accès aux soins de premier recours en France, comme ils le font depuis trois décennies.
Dr Sylvaine Le Liboux, Secrétaire Générale Les Généralistes-CSMF |