LE SYNDROME DE MAURICETTE

Lundi 4 janvier 2021, 17h, les vitres du Palais de l’Elysée tremblent sous les éclats de voix du Président de la République, la plupart des membres de l’assistance ont le visage blême.

La colère du Président est due à une campagne de vaccination jugée trop lente.

En comparaison avec d’autres pays voisins, comme l’Angleterre ou l’Allemagne, la France fait effectivement figure de mauvais élève : 250 000 Allemands ou un million d’Anglais ont déjà reçu les doses du vaccin Pfizer-BioN’Tech.

Et en France ?

Seule Mauricette, ou presque, a été vaccinée.

Quand l’Amérique, Israël, la Grande-Bretagne, l’Allemagne galopent, la France avance au rythme de l’escargot.

Quel est le principal coupable aux yeux du Président ?

C’est la Haute Autorité de Santé (HAS), entre autres, qui est fustigée et ce sont ses guides et ses recommandations qui seraient responsables de ce retard à vacciner. Le guide de 47 pages sur la vaccination en EHPAD et la consultation d’éligibilité à la vaccination du médecin traitant sont voués aux gémonies. Merci à Madame la Directrice de la HAS d’avoir résisté car le timing des hommes politiques n’est pas souvent synonyme de sécurité, ce qui peut poser des problèmes lorsqu’il s’agit de la santé des Français.

Dès la sortie de l’Elysée, les annonces pleuvent : 16 ou 26 millions de Français, selon les ministres, seront vaccinés fin juin.

100 centres de vaccination vont ouvrir, puis 300, puis 700, puis 1 000 et ils devront vacciner 1 000 à 8 000 Français par semaine et par centre, soit au maximum 8 millions de Français par semaine.

Oui, mais comment faire lorsque l’on nous a annoncé dès la fin novembre que nous ne pourrions disposer que de 500 000 vaccins par semaine d’autant que nous avons cru comprendre que ce gouvernement n’était pas un adepte des dilutions homéopathiques ?

Même s’ils en sont les premières victimes aujourd’hui, les professionnels de santé se sont massivement mobilisés pour créer ces centres de vaccination. Les médecins, infirmiers et pharmaciens assurent des vacations de vaccination, y compris dans les EHPAD et préparent les livraisons de vaccins pour ces établissements.

Victimes ils sont, car le 15 janvier les ARS leur ont annoncé une soi-disant inattendue pénurie de vaccins. Pénurie oui, inattendue non.

Et maintenant ces professionnels doivent retarder l’ouverture de centres de vaccination ou les fermer, rappeler des milliers de Français pour annuler leurs rendez-vous de vaccination.

La France, après avoir été la championne du monde des tests, est devenue la championne du monde des injonctions contradictoires.

Notre Président de la République aura donc été le premier à présenter comme séquelle du Covid-19 des symptômes définissant un nouvel état pathologique baptisé le SYNDROME DE MAURICETTE. Un syndrome qui peut, un temps, faire perdre la raison.

Heureusement, les Français peuvent compter sur leurs professionnels de santé qui, ne confondant pas vitesse et précipitation, et au fil de la livraison des vaccins, vaccineront tous les Français volontaires dans les meilleures conditions de sécurité afin de leur permettre de retrouver la vie d’avant.

Dr Luc DUQUESNEL,
Président Les Généralistes CSMF