MAIL Les Généralistes CSMF /// Mardi 12 mars 2019
CPTS : UN NOUVEAU PÉNITENCIER POUR LES MÉDECINS GÉNÉRALISTES LIBÉRAUX ?

Les Généralistes-CSMF ont toujours eu une approche positive et volontaire vis-à-vis des nouvelles organisations territoriales qui sont de nature à favoriser un exercice coordonné autour du patient de la part des différents intervenants du monde sanitaire, médico-social et social.

Ainsi les Equipes de soins primaires (ESP) et les Maisons de santé pluri professionnelles (MSP) réunissent le plus souvent les professionnels de santé de première ligne dont le médecin généraliste.

La Communauté Professionnelle Territoriale de Santé (CPTS) a vocation à permettre en son sein une meilleure coordination entre les acteurs de la première ligne et les acteurs de la deuxième ligne, c’est à dire les médecins spécialistes hors médecine générale dont l’expertise ciblée est indispensable.

Les Généralistes-CSMF se sont toujours opposés à ce que l’on impose aux médecins généralistes d’intégrer une de ces nouvelles organisations. Nous sommes en effet persuadés que les médecins généralistes le feront naturellement à partir du moment où elles répondront à leurs besoins et leurs apporteront des services et une qualité d’exercice que ne permet pas un exercice mono professionnel.

Trois projets de textes nous font nous interroger sur les véritables objectifs du gouvernement vis-à-vis de ces CPTS.

Tout d’abord, dans le cadre de la négociation d’un avenant à la convention médicale sur les assistants médicaux, la Caisse Nationale d’Assurance Maladie veut rendre obligatoire l’adhésion à une CPTS existante ou la participation à ses actions pour tous les médecins qui bénéficieraient d’assistants médicaux. Vu les futures missions obligatoires des CPTS, concernant l’accès à un médecin traitant et aux soins non programmés, comment ne pas imaginer qu’un médecin généraliste, bénéficiant d’un assistant médical, ne se verrait pas dans l’obligation de prendre comme médecin traitant des patients qui n’en n’ont pas et dont la liste serait envoyée par le conciliateur de la CPAM qui recense toutes ces demandes dans chaque département ? Les médecins généralistes prennent tous les jours de nouveaux patients qui n’ont plus de médecins traitants et la taille grandissante de leur patientèle en est la preuve. Ce qu’ils font aujourd’hui de façon volontaire ne doit pas devenir une obligation.

Les deux autres textes sont issus du projet de Loi de Santé dont le débat parlementaire va s’emparer prochainement.

Le premier est un amendement qui doit permettre, dans le cadre des CPTS, aux pharmaciens de prescrire certains médicaments en lieu et place des médecins généralistes dans le cadre de « petites maladies » laissant penser que l’on puisse s’affranchir d’un examen clinique ou de la connaissance du dossier médical du patient. La « petite cystite » n’est parfois pas due qu’à un problème urinaire et elle peut parfois devenir une urgence médicale. L’aggravation de la fonction rénale de tous nos patients âgés auxquels est distribué sans ordonnance l’Ibuprofène devrait pourtant interroger les parlementaires, surtout lorsqu’ils sont médecins, sur l’intérêt majeur de disposer des données de santé du patient.

C’est pour cette raison que Les Généralistes-CSMF estiment que, pour être médecin, il faut mieux avoir fait médecine.

Enfin et pour terminer, et de crainte que les professionnels de santé libéraux fassent n’importe quoi dans leurs CPTS, le projet de Loi de Santé prévoit, au niveau du département le plus souvent, la création d’un projet de santé territorial regroupant tous les projets de santé dont ceux des CPTS et celui du Groupement Hospitalier de Territoire, le fameux GHT. Dans une telle configuration, qui d’autre que le patron du GHT pourrait avoir vocation à assurer la gouvernance de ce projet qui surplombera tous les autres, assurant ainsi une mise sous tutelle des CPTS ?

C’est ainsi que l’on passe du virage ambulatoire à la tentation tentaculaire de l’hôpital de tout diriger dans le domaine de la Santé, dans et hors les murs.

Les médecins généralistes ne veulent pas devenir prisonniers d’un camp de travail, la CPTS, où leurs seraient imposées des obligations assorties de sanctions pour ceux qui résisteraient à l’emploi de la chlague.

Ne voulant pas être amené à sonner le tocsin demain, Les Généralistes-CSMF déclenchent la sirène d’alarme : soit les textes changent soit notre syndicat luttera contre la mise en place de ces nouveaux pénitenciers, les CPTS, et cessera de participer aux négociations qui mettent en place ces nouveaux carcans d’obligations qui visent à cadenasser notre exercice.

Après 30 années de régime au pain sec, les médecins généralistes attendent autre chose. Ils souhaitent qu’on leur donne les moyens de se réorganiser librement pour répondre aux demandes de soins des français car, aussi pour ces médecins, il est inacceptable de ne pas trouver de médecin traitant ou de ne pas obtenir de réponse à une demande de soins justifiée.

En tant que chef d’orchestre du parcours de santé, Les Généralistes-CSMF préfèrent la partition de l’Hymne à la Joie à celle de la Marche Funèbre.

Dr Luc DUQUESNEL,
Président Les Généralistes CSMF

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