MAIL  Les Généralistes CSMF  ///  Mardi 30 janvier 2018

RELEVER LE DÉFI DE L’ACCÈS AUX SOINS

Chaque jour amène son lot de témoignages de français recherchant sans succès un médecin traitant, de patients n’obtenant pas de réponse à une demande de soins. Jusqu’à quand les français vont-ils tolérer une telle situation qui, au-delà des inégalités sociales en santé, crée une véritable inégalité territoriale d’accès aux soins ?

Plutôt que de rechercher les responsables de cette situation, les mêmes qui aujourd’hui veulent obliger les jeunes médecins à aller s’installer dans « des déserts médicaux », l’heure est à se retrousser les manches et à trouver des solutions innovantes pour que nous, médecins généralistes libéraux, soyons en mesure de répondre à ces demandes.

Tout d’abord, ne culpabilisons pas de ce triste constat car nous aurions tous préféré ne pas voir en vingt ans plus d’un médecin généraliste sur quatre cesser son activité sans être remplacé. Les premières victimes en sont les médecins généralistes eux-mêmes qui voient leurs journées de travail s’allonger et la fréquence de leurs gardes augmenter car, moins nombreux sur leur territoire, culpabilisent de ne pas être en mesure de répondre à des demandes de soins sous peine de mettre à mal la qualité des soins qu’ils délivrent, licencient à contrecœur leur secrétaire pour faire face à un doublement de leurs charges dû au départ de plusieurs associés et alors que ses collaboratrices sont indispensables au bon fonctionnement de leurs cabinets.

Malgré tout cela, il est de notre responsabilité morale d’apporter une réponse à la population sous peine de voir les services d’urgences submergés ou des assureurs proposer des consultations téléphoniques pour des prises en charge low cost auxquelles les français s’adonneront non par choix mais par nécessité.

Mais cette responsabilité ne peut être que collective et non pas individuelle. C’est à l’échelon de nos territoires que nous devons imaginer tous ensemble de nouvelles organisations pour garantir un accès aux soins dits de premier recours. Il n’y aura pas une organisation unique à dupliquer sur l’ensemble du territoire national, mais une multitude de mesures plus ou moins innovantes dont la complémentarité permettra de relever le défi de l’accès aux soins en prenant en compte les spécificités de chaque territoire et sans dégrader les conditions d’exercice des médecins généralistes.

Parmi ces mesures et de façon non exhaustive, citons : la délégation de tâches et les pratiques avancées pour permettre aux médecins généralistes de prendre en charge plus de patients, des assistants médicaux auprès de ces médecins pour leurs permettre d’optimiser le temps médical, la mise en place d’une régulation libérale territoriale des appels en journée, l’utilisation d’application numérique comme Vitodoc, l’ouverture d’unités de soins non programmés dans les maisons de santé pluriprofessionnelles, l’extension des horaires de la permanence des soins aux samedis matins et au 19h/20h en semaine, …

Après avoir relevé le défi de l’accès aux soins aux heures de fermeture des cabinets médicaux grâce à une organisation territoriale souvent exemplaire de la permanence des soins ambulatoire, les médecins généralistes doivent faire de même aux heures d’ouverture de leurs cabinets au travers de projets de santé territoriaux associant d’autres professionnels de santé.

C’est donc tous ensemble, professionnels de santé de premier recours que nous devons imaginer ces nouvelles organisations innovantes et, si besoin, demander les financements nécessaires à leurs mises en place et à leurs bons fonctionnements.

A l’heure où l’on ne peut que se féliciter de voir des Conseils Départementaux décider d’investir plusieurs millions d’euros pour garantir un accès aux soins même si c’est pour créer des centres de santé avec des médecins généralistes salariés, les médecins généralistes libéraux doivent trouver la même écoute auprès de ces collectivités et des tutelles pour obtenir le financement de leurs organisations avec l’engagement, bien sûr, de garantir un accès aux soins de toute la population de leur territoire.

Il est donc urgent de relever ce défi de l’accès aux soins. Ne pas le faire serait une faute impardonnable et les français ne tarderont pas à nous le faire savoir.

Dr Luc DUQUESNEL,
Président de Les Généralistes CSMF

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