ET MAINTENANT, AU TRAVAIL…
Un nouveau gouvernement est formé et d’immenses chantiers l’attendent, tout particulièrement dans le domaine de la Santé.
Les médecins généralistes ont dû attendre plus de 6 ans pour voir le tarif de la consultation augmenter de 2€ et leur Ministre restera celle, où le dogme l’ayant emporté sur le bon sens, qui a voulu leur imposer une surcharge de travail administratif avec le tiers-payant généralisé obligatoire.
Même si 5 années de perdues ne se rattrapent pas, la nouvelle Ministre de la Santé a sur son bureau un dossier urgent : celui de la médecine générale libérale.
On croyait avoir touché le fond avec l’annonce en 2016 par l’Ordre des Médecins de la perte de 26% des médecins généralistes libéraux entre 2007 et 2025. Eh bien non. La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a publié, ce mois-ci, une étude « Les médecins d’ici à 2040 : une population plus jeune, plus féminisée et plus souvent salariée », qui montre que le manque de médecins généralistes libéraux sera encore beaucoup plus important du fait de la convergence de plusieurs facteurs : la spécialité de médecine générale n’est pas attractive auprès des futurs médecins y compris auprès de ceux qui sont formés à l’étranger, l’activité salariée est préférée à l’exercice libéral, le temps de travail hebdomadaire des jeunes généralistes diminue par rapport à leurs ainés, la population française augmente avec de plus en plus de patients atteints de pathologies chroniques entrainant des besoins de soins de plus en plus importants.
Le nouveau gouvernement doit donc prendre dès maintenant des mesures pour inciter les médecins généralistes à modifier leurs organisations professionnelles afin de faciliter l’exercice coordonné au sein d’équipes de soins primaires mais aussi entre les médecins généralistes et les autres médecins spécialistes, le médecin traitant restant le pilier de ces organisations où les pratiques avancées trouveront toute leur place.
Une fois mises en place, ces nouvelles organisations qui garantiront, non seulement une réponse aux demandes de soins de l’ensemble de la population mais aussi une prise en charge de leur santé avec la prévention, de nouveaux modes de rémunérations devront être expérimentés. Les huit mois de négociations conventionnelles de 2016 nous auront au moins appris que la consultation à 50€ n’est pas pour demain et que les syndicats qui le promettent aux médecins leurs mentent. De la même façon que l’hôpital estime que la T2A est inadaptée à la prise en charge de patients poly-pathologiques, les médecins généralistes dénoncent depuis plusieurs années une rémunération inadéquate pour toutes leurs consultations longues et complexes que nécessitent ces patients. De nouveaux modes de rémunération doivent donc être proposés pour leur prise en charge, sur la base du volontariat puisqu’il s’agira de « prototypes » et que vouloir les imposer n’amènerait qu’à une levée de boucliers de la part d’une profession malmenée depuis des décennies par les gouvernements successifs qui n’ont montré que peu d’attention pour ceux et celles qu’ils appelaient « les pivots du système de santé ».
C’est ainsi que la médecine générale libérale redeviendra attractive auprès des futurs médecins et que les français auront l’assurance d’avoir une prise en charge performante de leur santé en ambulatoire. La réussite d’un vrai virage ambulatoire ne peut qu’emprunter cette voie.
Dr Luc DUQUESNEL,
Président Les Généralistes CSMF
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