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Mail Les généralistes CSMF Novembre 2016

 

MAIL  Les Généralistes CSMF  ///  Vendredi 4 novembre 2016

HARO SUR LE GÉNÉRALISTE

La pénurie de médecins généralistes qui va s’aggraver dans les 10 ans à venir, et les problèmes d’accès aux soins qu’elle pose vis-à-vis d’une population vieillissante avec un nombre de plus en plus important de patients polypathologiques, auraient pu amener nos édiles à choyer leurs spécialistes en médecine générale pour leur montrer qu’ils les aiment et qu’ils sont prêts à les accueillir à bras grands ouverts.

Loin de là, ces édiles, dépourvus de toute empathie envers leurs médecins, préfèrent les harceler et les maltraiter.

Harcèlement tout d’abord par l’Assurance Maladie, son directeur et certains directeurs de CPAM.

Dans une interview à Egora en octobre 2016, le directeur de la CNAM annonçait que sa priorité était d’améliorer ses relations avec les médecins généralistes et reprendre avec eux des relations apaisées.

Or, que fait-il ? Il s’est lancé dans la chasse aux médecins pratiquant, à l’appel de plusieurs syndicats, la consultation à 25 euros. Ce harcèlement va encore plus loin puisqu’une directrice de CPAM, celle d’Ile et Vilaine, fait pression sur le maire d’une commune pour monter les habitants de la commune de Romillé contre ses médecins généralistes qui pratiquent le mouvement de désobéissance tarifaire du C à 25 euros. Heureusement, les élus et les habitants de cette commune ont soutenu leurs médecins qui pratiquent une médecine de qualité avec un tiers-payant social pour tous les patients qui le nécessitent, respectant ainsi le serment d’Hippocrate « …Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera.… ».

Pourquoi maltraiter ces médecins alors que le seul responsable de cette situation est le directeur de la CNAM qui, en janvier 2015, a refusé d’ouvrir des négociations tarifaires pour revaloriser la consultation des médecins généralistes, les traitant ainsi en paria de la médecine libérale ?

Harcèlement ensuite de la part de certains parlementaires, de droite comme de gauche, qui ont voulu embastiller les médecins généralistes dans des déserts. Eux aussi, plutôt que de valoriser la spécialité de médecine générale, ont fait leurs cette lapalissade : « En interdisant aux médecins de s’installer dans certaines zones, ils iront automatiquement en nombre dans nos déserts ! ». Chacun sait que ce type d’expérience ne fonctionne pas car d’autres pays l’ont testé sans succès, et que le seul résultat aurait été de voir, dans les zones considérées comme attractives, bon nombre de médecins s’installer en secteur 3, non conventionné, et de voir exploser le prix des patientèles des médecins conventionnés partant à la retraite puisque cela deviendrait la seule possibilité pour un jeune médecin : racheter cette patientèle pour exercer en secteur conventionné.

Au total, un amendement parlementaire qui ne pouvait profiter qu’aux patients à hauts revenus et aux jeunes médecins aux riches parents. Il ne pouvait en rien répondre aux besoins de la population et des médecins généralistes.

Enfin, et je terminerai par là car, malgré tout ce qui précède, il s’agit du plus abject : l’agression des professionnels de santé et tout particulièrement des médecins généralistes (65% des professionnels agressés sont des généralistes et alors que 55% des agressions ne sont pas déclarées).

Notre consœur de Châtellerault, dans la Vienne, a failli perdre la vie parce qu’aujourd’hui notre consultation de médecine générale est devenue un banal bien de consommation à une époque où l’on veut tout, tout de suite. Et ce n’est pas le tiers-payant généralisé qui marginalisera ce type de comportements.

Est-il surprenant de voir des individus avoir aussi peu de considération pour leur médecin généraliste, quand d’autres le traitent comme des parias ou comme des délinquants à emmurer dans des déserts ?

Nous souhaitons un prompt rétablissement à notre consœur même si un tel acte ne peut que laisser des séquelles.

Que faire face à cette adversité à l’encontre des médecins généralistes ?

Baisser la tête et subir en se disant que l’inéluctable est arrivé ?

Les futurs médecins nous ont montré la voie à suivre en se révoltant par un préavis de grève qui a fait reculer les parlementaires et leur amendement liberticide.

Nous devons faire de même et nous unir pour nous révolter, nous battre et faire face à ceux qui ont décidé d’harceler, de maltraiter, d’agresser les médecins généralistes.

Les médecins généralistes doivent soutenir et défendre leurs confrères de Romillé, et participer à la journée Santé Morte en Poitou Charentes.

Demain, il sera trop tard et nous aurons notre part de responsabilité dans des évènements à venir du même acabit si nous n’avons pas voulu RELEVER LA TETE ET DIRE NON.

Dr Luc DUQUESNEL,
Président de Les Généralistes CSMF

 

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