UNOF-CSMF MAIL /// Lundi 2 février 2015

MAGICIENNE OU ILLUSIONNISTE ?

Décidemment, le projet de loi de Santé nous réserve bien des surprises.

Tout d’abord, rappelons que l’ensemble des partenaires, Ministre et médecins libéraux, partagent le constat qu’il faut impérativement que les professionnels de santé libéraux s’impliquent plus dans la prise en charge des patients atteints de pathologies chroniques afin d’éviter bon nombre d’hospitalisations, et partagent aussi l’objectif de faire de cette loi, une loi de déshospitalisation.

Le problème pour la CSMF était que non seulement cette loi n’allait pas atteindre son objectif, mais aussi qu’elle n’était ni plus ni moins qu’une loi anti médecine libérale.

Qui aurait pu imaginer il y a encore quelques semaines de retrouver l’ensemble des syndicats représentatifs de médecins libéraux participant à un rythme effréné à des réunions de travail pour réécrire des pans entiers de ce projet de loi ?

Que s’est-il passé ?

Tout d’abord, la mobilisation massive des médecins libéraux à l’appel de l’UNOF-CSMF pour fermer les cabinets médicaux du 24 au 31 décembre, puis le mouvement de grève administrative en cours, ont obligé le gouvernement et l’Elysée à remettre en cause leur stratégie d’imposer leur texte en l’état.

Il aura aussi fallu une Ministre convaincante pour faire admettre à ces syndicats de médecins libéraux que si, en effet, l’écriture de ce projet de loi allait sur bien des points à l’encontre de la médecine libérale, cela n’était pas sa volonté et que la responsabilité en revenait à ses services où il est vrai on croise plus de médecins hospitaliers que de médecins libéraux.

Enfin, il aura fallu que le premier syndicat de médecins libéraux, la CSMF, accepte de travailler à la réécriture de cette loi, conscient des enjeux et des nécessaires évolutions de l’organisation de notre système de santé qui doivent placer, non plus l’hôpital, mais la médecine libérale et les autres professionnels de santé libéraux au centre de cette nouvelle organisation.

Cette attitude de la CSMF a été courageuse car le comportement de la Ministre depuis 6 mois et la proximité des élections professionnelles aux Unions Régionales des Professionnels de santé (URPS) ne pouvaient qu’inciter à un refus de s’engager dans des groupes de travail et donc à claquer la porte au plus vite d’autant que les médecins libéraux n’ont aucune garantie que les conclusions de ces groupes de travail figureront dans la loi.

Depuis le 26 janvier 2015, des réunions de travail quasi quotidiennes se tiennent avec l’ensemble des syndicats représentatifs de médecins libéraux. Les pilotes de ces groupes laissent entendre que l’espace de liberté est vaste pour réécrire ce projet de loi et donner toute sa place à la médecine libérale.

Par contre, une chose est certaine : le travail est colossal et va nécessiter plusieurs mois. Il ne sera donc pas terminé à la date butoir fixée par la Ministre, le 15 février 2015.

Une question est donc posée : la Ministre de la Santé est-elle sincère ou cherche-t-elle à gagner du temps et à affaiblir le mouvement de révolte des médecins libéraux ? Est-elle une magicienne qui permet aux médecins libéraux de ré écrire la loi anti médecine libérale rédigée par les technocrates de son ministère ou est-elle une illusionniste qui aura laissé les syndicats de médecins se nourrir d’espérances chimériques ?

Si elle est sincère, elle doit annoncer immédiatement un report de l’examen de la loi par le Parlement initialement prévu début avril.

Si elle ne l’est pas, elle ne modifiera pas le calendrier parlementaire étant persuadée qu’après avoir affaibli le mouvement des médecins libéraux, elle pourra se contenter de petites modifications marginales et qu’au final sa loi restera une loi pro hôpital et anti médecine libérale.

Pour l’UNOF-CSMF, l’heure du choix est venue : soit on continue de travailler assidument dans le cadre d’un calendrier revu avec un report de l’examen de la loi par le Parlement, soit on claque la porte des groupes de travail estimant que la Ministre nous mène en bateau.

Dans les deux cas, le succès de la manifestation nationale du dimanche 15 mars 2015 à Paris sera capital, soit pour imposer au gouvernement et aux parlementaires la prise en compte dans la loi des conclusions des groupes de travail, soit, dans le deuxième cas de figure, pour dire à la Ministre que l’on ne veut pas d’une loi anti médecine libérale.

Dr Luc DUQUESNEL, Président UNOF-CSMF
Dr Béatrice FAZILLEAUD, Secrétaire Générale UNOF-CSMF

 

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Groupes de travail sur la loi de santé : Une stratégie ministérielle pour gagner du temps ?
 

« Des syndicats de médecins ont exprimé une opposition ou des inquiétudes vis-à-vis de certains points de la loi de santé. Ils expriment le sentiment que le projet de loi ne reflète pas ce qu’ils attendaient, c’est la raison pour laquelle j’ai installé une concertation sous forme de quatre groupes de travail. Ils ont déjà commencé à travailler », vient d’expliquer Marisol Touraine, à l’occasion du discours prononcé lors des vœux à la presse, le 27 janvier.

 
 
 
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