LA MEDECINE GENERALE COMME BASE D’UN EQUILIBRE SOCIETAL
La rémunération du médecin généraliste libéral fait donc débat. Les différentes autorités en Santé réfléchissent à la meilleure approche : une nomenclature des actes cliniques permettant une prise en compte de la complexité et du contenu de l’acte, forfaits complémentaires pour la structure, pour les prises en charge supplémentaires à l’acte des maladies chroniques ou de la Santé Publique, etc.
Sans me considérer comme une autorité, j’avais émis l’hypothèse d’une réflexion sur un plan de carrière du médecin généraliste libéral à l’identique du praticien hospitalier, cette amélioration du revenu pouvant reposer sur la sédentarisation et la continuité des soins sur plusieurs années qu’assure le médecin installé, par rapport à ceux qui ont une vision plus volatile de leur métier. Cette rémunération ne serait en rien pénalisante pour celui qui a fait le choix de rester dans une position intermédiaire ou intérimaire, mais pourrait l’inciter à s’installer en lui donnant une visibilité sur la durée d’un magistère.
A une époque, il existait un tarif spécial de notoriété qui s’appelait le DP, dépassement permanent, complémentaire de l’acte. A la différence avec ce type de complément, pour l’UNOF-CSMF, ce supplément (sur l’acte ou en forfait) devrait être remboursé et évoluer au prorata du temps écoulé dans un même lieu.
Cette idée a fait réagir, et beaucoup d’entre vous ne l’ont pas trouvé saugrenue.
Face au mur du blocage des honoraires, il faut bien essayer d’innover tout en restant dans un cadre libéral, en revalorisant la notion de service rendu sous toutes ses formes.
D’aucuns pensent qu’en maintenant une rémunération à l’acte basse, ils obligent les libéraux à travailler plus pour maintenir leur revenu et ainsi répondre à l’accroissement du besoin (ou de la demande) de soins dans un période de démographie médicale déclinante.
Cette erreur d’analyse commence à se traduire dans les faits. Ceux qui pourraient embrasser la carrière préfèrent rester au liseré de celle-ci en attendant que l’horizon se dégage, assumant la précarité pour éviter l’aliénation. Ceux qui ont quelques années de vol préfèrent soit lever le pied soit arrêter leur installation pour préférer un statut de remplaçant.
Laisser la question de notre profession à la simple loi de l’offre et de la demande dans une logique de marché est une erreur profonde dont les conséquences à court terme sont roupies de sansonnet face aux modifications des mentalités des médecins généralistes à long terme.
Plutôt que d’appuyer un coup sur l’accélérateur, un coup sur le frein, le politique devrait mettre en place un plan pluriannuel d’amélioration de l’exercice de la médecine de proximité incluant toute les professions, paramédicales, médecins spécialistes généralistes et d’organes ou de fonction.
Le politique ne pourra éviter un investissement qui nécessitera une augmentation des prélèvements sociaux. Le jeu d’une médecine proche de la population vaut-il la chandelle d’un peu d’impopularité immédiate ? Dans ces positions courageuses, on reconnait les politiques ambitieux de l’équilibre d’une société qui repose entre autres sur une santé de proximité efficace et humaniste. Faudra-t-il attendre 2012 pour voir naître cette nouvelle race ?