On entend parler, avec juste raison, de l’avenir de notre profession qui repose, comme pour toute la société, sur les jeunes générations.
Celles-ci avancent leur revendication, leur projet de vie professionnelle et personnelle. Elles ont des moyens de pression forts qui reposent beaucoup sur une liberté acquise et maintenue par leurs ainés.
Parlons un peu de ces ainés qui sont encore le gros des troupes de la Médecine Générale en activité.
N’ayons pas peur de rappeler ce que fut leur première partie de vie professionnelle. Arrivés au bout de 7 années sur le marché de travail de la Médecine Générale, ils se sont installés dans une période concurrentielle sans arrière pensée autre que celle de rendre service et de réussir leur vie professionnelle.
Cette vie professionnelle s’accompagnait de contraintes horaires lourdes, d’évolutions conventionnelles erratiques, de dévaluation constante de l’exercice de la Médecine Générale.
Rappelons ici qu’il faut attendre 2005 pour voir l’astreinte de la permanence de soins honorée. Les Médecins Généralistes ont, pendant des années, rempli leur obligation déontologique (avant qu’elle devienne facultative) sans que celle-ci soit rémunérée.
Tous les Médecins Généralistes qui ont passé la cinquantaine et qui sont numériquement majoritaires, se retrouvent piégés par les mesures prévues dans les années à venir, tels que les nouveaux modes d’installation, les mesures démographiques, l’insécurité sur leur revenu de remplacement qu’est l’ASV.
Par le travail effectué, par leur investissement au service de la Santé de la population, ces médecins attendaient meilleur sort, tout aussi légitime que celui des nouveaux arrivants. Ils attendaient aussi un minimum de solidarité comme celle dont ils ont fait preuve à l’égard des générations qui les ont précédés. Si le gouvernement choisit de modifier les règles du jeu pour répondre aux évolutions sociétales, il doit aussi assumer toutes les conséquences pour ceux qui sont dans les tuyaux et éviter pour eux toute mesure délétère.
On n’est pas du tout de la part des dirigeants dans cette logique puisque les mesures prises tel le contrat de solidarité ou les obligations de déclarations d’absences ne s’adressent qu’aux praticiens installés.
Par ailleurs, le législateur brandit régulièrement la fin de la liberté d’installation comme s’il n’avait en tête que de décourager les jeunes qui ne sont pour rien dans les erreurs accumulées par les différents gouvernements. C’est pour éviter l’absence d’attirance pour notre métier que l’UNOF veut maintenir cette liberté. Seule, elle, oblige les tutelles à investir sur notre profession et à imaginer de nouvelles pistes.
Mais, les nouvelles organisations, légitimes, ne doivent pas être construites uniquement sur la destruction de l’ancien modèle. D’où l’obligation des Pouvoirs Publics d’investir dans la Médecine Générale. Pour maintenir l’existant, pour construire l’avenir et faire en sorte que l’évolution soit la plus harmonieuse possible.
Chacun doit trouver sa place, chacun doit rester à sa place. L’évolution démographique ne permet pas de gaspiller les bonnes volontés et de décourager les plus allants pour améliorer la réponse aux patients.
A cette condition, il n’y aura pas de guerre des générations ; à cette condition, l’offre de soins restera à la hauteur des besoins de la population et tous les Médecins Généralistes seront rassérénés sur leur avenir.
Les politiques sont-ils prêts à œuvrer dans cette direction ? Sans mouvement de mauvaise humeur, je crains que la compréhension de ces enjeux ne soit pas à l’ordre du jour.