Au delà des vicissitudes conventionnelles, polluées par la crise,
de l’absence de décision politique forte, des ambitions syndicales,
essayons, en cette fin d’année, d’évaluer l’état de notre métier et
de nous projeter dans l’avenir. L’année 2008 a été une année
blanche pour les revalorisations. Malgré les paroles données et
émises sur les ondes qui ont fait croire aux patients que le C à 23
euros avait été octroyé depuis belle lurette. Cette attitude fait
que le jour où il s’appliquera vraiment, la population pensera que
les médecins généralistes ont « encore » été augmentés. Ce
comportement institutionnel va avoir une conséquence : le désintérêt
des médecins généralistes pour tout ce que la Caisse va proposer,
que ce soit en terme d’amélioration des pratiques (le fameux Contrat
d’Amélioration des Pratiques Individuelles), de démographie, de
prise en charge des affections chroniques, etc… Et c’est
d’ailleurs là le vrai danger. L’absence de prise en compte de
revendications qui, au delà du tarif, représente une équité de
rémunération entre toutes les spécialités, va démobiliser une
profession dont les résultats dans la maîtrise médicalisée depuis
2004 sont plus que probants. Prenons date. En voulant imposer des
mesures démographiques pénalisant les médecins installés, en
modifiant l’exercice par des coups de boutoir successifs et peu
coordonnés, le Ministère de la Santé prend le risque de désenchanter
une profession qui a su répondre présent aux défis lancés pour
répondre aux besoins de nos concitoyens. Mais, l’Etat n’est pas
le seul responsable. Des syndicats de médecins lui font la courte
échelle pour imposer une modification de l’organisation des soins au
profit de groupe d’ingénierie plus ou moins transparent (allez voir
le site www.psconcept.com qui vous aide à monter votre
maison de santé, comme celle de Bletterans d’ailleurs). Sous de
beaux concepts, comme la qualité, on cherche à refourguer les
prescriptions de génériques, d’IEC, d’aspirine et autres produits,
sans avoir le courage de parler de gestion économique que pour notre
pays nous assumons tout à fait quand elle est médicalisée et non
comptable à l’euro près. Prenons donc date. En cette fin d’année
2008, où la dynamique conventionnelle nationale est attaquée de
toute part, les médecins risquent de voir disparaître ce qui a fait
la médecine générale des dernières décennies, plutôt à la
satisfaction de tous. Ils regretteront rapidement le temps où la
Consultation gagnait un euro par an, où la Permanence de soins était
réorganisée et rémunérée, où le médecin traitant était
honoré. Ils se retrouveront sous la coupe d’un Etat omnipuissant
ou d’un assureur omnipotent. Le médecin ne sera plus que le dendrite
exécutoire d’une cellule nerveuse où le corps et l’axone seront
occupés par un armada médico-administratif, propre à rendre
inefficace toute action de santé utile. De décideur à exécutant,
il n’y a qu’un pas. Seul notre pouvoir de résistance empêchera qu’il
soit franchi. Il ne tient plus qu’à vous d’éviter cette funeste
issue et de préserver l’exercice libéral de notre métier.