Défendre la convention, unique parce que tous
spécialistes !
La convention est un outil. Un outil pour organiser le contrat
entre notre profession et la société. Celle que nous avons mise
en place apporte un certain nombre d’avancées dont la place centrale
du médecin généraliste en médecin traitant n’est pas la
moindre. Les rémunérations afférentes à ce statut ont marqué la
première année de la convention. Au début peu visibles, elles
atteignent leur vitesse de croisière et fêtent leur premier
anniversaire ce mois-ci. Peu à peu, l’architecture mise en place
devient palpable aux médecins de famille et la réalité l’emporte sur
le fantasme. Une rémunération pour tous d’un montant moyen
trimestriel de 1200 à 1500€ sans charge de travail supplémentaire
représente une évolution importante de notre profession. Cela change
du passé où seulement une minorité profitait d’avantages
conventionnels. Est-ce que les médecins de famille souhaitent un
retour en arrière ? La deuxième année verra enfin une
augmentation de la consultation, qui n’avait pas bougé depuis quatre
ans, sans que cela émotionne les précédents signataires de la
convention spécifique. Incapables d’atteindre les 20€, ils furent
tétanisés deux ans durant pour poursuivre le mouvement. Outre le
fait que cela n’a pas facilité notre tâche, leur attitude passée ne
leur donne aucune légitimité pour atteindre leurs objectifs
illusoires. Les médecins de famille se rendent bien compte que ce
n’est pas le moment de mettre à bas les avancées obtenues depuis
deux ans. Cette convention est évolutive, elle le montre chaque jour
puisque, dès la deuxième année, de nouvelles rémunérations
apparaissent. Autrefois, il fallait attendre 5 ans avant de revoir
une nouvelle augmentation. Alors, il va falloir choisir. Soit
poursuivre une dynamique conventionnelle pour amener la consultation
du généraliste à 23€ en 2007, soit repartir dans une période
d’instabilité à la recherche d’un avenir illusoire, alors que la
société autour de nous s’enfonce dans le doute et que l’avenir des
médecins ne semble pas une priorité des gouvernants actuels ou
futurs. La reconnaissance de la médecine générale comme
spécialité ne peut se faire que dans un cadre conventionnel unique
afin de pouvoir faire respecter notre spécificité dans la
parité. Choisir l’évolution raisonnable bâtie sur les acquis d’un
an de convention est la solution la plus adaptée pour les médecins
de famille. C’est en conscience qu’ils feront le choix de la CSMF et
qu’ils nous aideront à aller plus loin dans l’amélioration de nos
conditions de travail. Car nous aurons besoin d’eux et de leur
investissement, déjà bien engagé, dans la maîtrise pour atteindre
ces objectifs communs.
Démographie médicale :
l’augmentation du numerus clausus sera-t-elle suffisante
?
Le choix de l’augmentation du numerus clausus à 7000 n’a pas été
une surprise. Ce choix correspond bien à la réaction
habituelle : un coup de frein, un coup
d’accélérateur. Peut-on dire que la simple réponse quantitative
est suffisante ? On se le demande tant le politiquement correct
écarte d’un revers de manche méprisant ceux qui n’acceptent pas le
formatage universel. Pourtant les faits sont là. Jamais autant de
médecins en exercice dans ce pays, jamais autant de disproportions
entre les spécialités. Permettre un arrivage massif de médecins
sans se pencher sur les besoins qualitatifs peut avoir les effets
inverses de ceux attendus. S’appuyer sur la féminisation comme s’il
s’agissait d’un handicap pour la profession paraît un peu
court. Il faut donc accompagner cette croissance du nombre des
médecins dans 10 ans d’une orientation des futurs médecins dans les
spécialités où le besoin se fera le plus sentir. Pour la médecine
générale, permettre déjà la création de la filière universitaire de
formation avec stage dès le deuxième cycle, serait un message fort
pour la reconnaissance de la spécialité. Permettre des modes
d’exercice plus souples pourrait d’ores et déjà apporter les
premières réponses aux difficultés de certaines régions et
répondraient à l’attente de jeunes confrères qui, filles et fils
d’une époque différente de celle que nous avons connu, aspirent à
des exercices multiples et/ou partiels. Il est évident que les
mesures de type maison médicale peuvent aider à l’installation, à
condition que le projet immobilier ne dissuade pas les jeunes
confrères d’investir un lieu où ils souhaiteraient travailler de
manière discontinue, sans pour autant y vivre en permanence. Les
récentes améliorations sur la permanence de soins ajoutées à celles
à venir annoncées par le Ministre pourront permettre d’attirer plus
de médecins sur l’exercice rural tout en ne créant pas chez eux un
choix définitif. On voit bien que le côté qualitatif de
l’exercice représente plus d’opportunité que la simple augmentation
du nombre de médecins.
Face à la multiplicité des listes candidates
aux élections aux Unions régionales, prévues à la fin du mois,
Michel Combier a fait le choix de faire campagne sur son bilan. Et
sur celui de la Csmf. Aucun syndicat n’a fait autant en un an que la
maison Csmf, rappelle-t-il. Revalorisation et réorganisation de la
permanence des soins, forfait de 40 euros sur les affections de
longue durée dans le cadre du parcours de soin, majoration jeune
enfant, majoration nourrisson, bientôt le C à 21 euros, autant
d’avancées – et il ne s’agit là que de celles concernant les
généralistes – à mettre au crédit de l’Unof et de la Csmf. Selon
lui, à l’occasion de ces échéances électorales, les médecins
libéraux auront à choisir entre les acquis négociés par la Csmf et
les promesses des autres syndicats. “Les médecins ont besoin de gens
stables, qui reposent sur un appareil syndical sérieux”,
considère-t-il. Le président de l’Unof ne va pas pour autant
chercher à écraser ses adversaires : “avec nos différences, il faut
arriver à travailler ensemble”.
D’ici l’année prochaine, et
quels que soient les résultats des élections aux Urml, les élus de
l’Unof entendent par ailleurs se battre pour le C à 23 euros mais
aussi œuvrer pour une réelle reconnaissance de la médecine libérale.
2007, c’est en effet l’année de l’arrivée des diplômés spécialistes
en médecine libérale et Michel Combier ne veut pas “qu’on nous
refasse le coup des Ibode” : en d’autres termes, hors de question de
dire aux médecins issus de l’ancienne formation qu’ils sont moins
bons que les spécialistes en médecine générale et que donc ils
doivent avoir des honoraires inférieurs. Enfin, rappelle-t-il, la
nouvelle nomenclature, la CCAM, permet une nouvelle approche de la
médecine : désormais, un cardiologue qui prend la tension doit être
payé au même tarif qu’un généraliste pour le même acte. Ce n’est
plus le diplôme qui compte mais l’acte effectué et le malade pris en
charge. Une petite révolution qui contribue à une meilleure
reconnaissance du médecin généraliste.