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En 1935, à la chancellerie du Reich, en pleine nuit, deux médecins furent appelés au chevet d’Hitler. Le führer se tordait de douleur. Ils décidèrent son transport en clinique. Dans son estomac, les médecins décelèrent de la strychnine. On crut un moment qu’il s’agissait d’un attentat. C’est alors qu’Hitler révéla qu’il prenait, pour lutter contre des gaz intestinaux, des pilules à base de strychnine et de Belladone. C’est ainsi que son entourage apprit qu’il se bourrait de médicaments.
Hitler paraissait pourtant doué d’une santé de fer. Volontaire pendant la première guerre mondiale après avoir été réformé, il avait été blessé à la jambe en 1916 et brûlé par l’ypérite en 1918. Il avait alors présenté une cécité momentanée qui avait motivé son transport dans un hôpital de Poméranie pendant trois semaines. Plus tard, pendant ses années électorales, il devait montrer une résistance étonnante.
Dès 1935, Hitler se plaint pourtant de crampes d’estomac et de gaz intestinaux. Le professeur Von Eicken, spécialiste ORL, avait aussi dû l’opérer d’un polype des cordes vocales. A partir de 1942, sa santé décline encore, surtout à la suite d’une grippe sévère au cours de l’été. Le professeur Brandt, inventeur de l’injection létale et directeur du programme d’euthanasie T-4 chargé d’expurger l’Allemagne de ses aliénés et autres handicapés, s’inquiète alors du tremblement de la main gauche du Führer. Avec ses cheveux blancs, ses épaules voutées et sa jambe trainante, Hitler apparait aux yeux de son entourage “vieilli de quinze ans”.
Ses médecins personnels évoqueront alors une affection nerveuse ou psychique, des complications méningées, un parkinson sénile… Mais pour le professeur Brandt, qui témoignera à Nuremberg, c’est le “dopage” d’Hitler qui conduit à son déclin physique et son vieillissement prématuré.
Car paradoxalement, ce terrible végétarien, qui refusait avec sarcasme tabac et café, réclamait au médecin dont il était le plus proche, le généraliste Theodor Gilbert Morell, toujours plus de fortifiants. Hitler avait d’ailleurs peur des microbes, s’observait à tout instant, prenait son pouls à tout propos et des pilules à toutes occasions.
A partir de 1936, le docteur Morell, surnommé le “maître piqueur” du dictateur et réputé pour ses traitements non conventionnels, administrait à Hitler du glucose intraveineux. Presque chaque jour, il faisait à son patient des injections à base de sulfamides, d’hormones, de glucose ou de sucre de raisin, de calcium, de strophantus (Tonicardiaque) ou de complexe de vitaminique B.
Dans son bunker de Prusse-Orientale, Hitler absorbait jusqu’à vingt-huit médicaments par jour. Il demandait des piqûres pour trouver le sommeil, des piqûres pour se réveiller, pas moins de sept piqûres avant chaque discours. Il s’endormait chaque nuit à l’Evipan, au Phanodorm et au Tempodorm. On pense qu’il avait arrêté la strychnine, mais il continuait sans doute à absorber de la Belladone, puisqu’il avait une mauvaise vision qui obligeait ses secrétaires à utiliser des machines à écrire à gros caractères.
Après Stalingrad, Morell injectait tous les jours un nouvel antidépressif à son patient, le Prostacrinum, extrait de sperme et de glande prostatique. Mais surtout, il lui donnait régulièrement des pilules dorées pleines de Vitamultine, qui contenaient de la caféine et une amphétamine, la Perventin.
En 1944, le führer parait avoir présenté un ictère. Il est probable qu’il s’agissait en fait d’une hépatite médicamenteuse. Ce que ses intimes appelleront ensuite “son long suicide” prend fin à la mort du dictateur, le 30 avril 1945.
Source :
www.egora.fr
Auteur : M.D.
D’après La fin des hommes illustres, du Docteur Fernand Destaing.