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EGORA – Grève les 1er et 2 décembre dans les cabinets médicaux : « On va vers une période de fin d’année très agitée »

« Unie dans la colère », une grande intersyndicale appelle tous les médecins libéraux à fermer leur cabinet les 1er et 2 décembre prochain afin notamment de peser dans les négociations conventionnelles et obtenir une revalorisation immédiate de la consultation. « Ce n’est que le début », annonce le Dr Luc Duquesnel, président Les Généralistes-CSMF, pour qui la fin de l’année risque d’être « très agitée » en ville.

 

Les médecins libéraux sont appelés à la grève les 1er et 2 décembre. Pourquoi ?

Pour nous, il y a deux enjeux. D’abord, on a commencé une négociation conventionnelle où le directeur de la Caisse nationale d’Assurance maladie (Cnam) ne veut pas parler du tarifaire, alors que l’enveloppe mise sur la table est très faible. C’est un comble pour une négociation conventionnelle… qui, en plus de ça, a deux ans de retard ! La dernière remonte à 2016 et celle que nous négocions actuellement ne s’appliquera qu’en 2023 : cela fera sept ans sans négociation. Le second enjeu, c’est celui de l’accès aux soins. Cette négociation conventionnelle, très clairement, telle qu’elle est planifiée par l’Objectif national de dépenses d’Assurance maladie (Ondam), ne permettra des améliorations qu’à la marge. Pour nous, syndicats, médecins généralistes, cela ne donnera pas envie aux jeunes de devenir médecins traitants à une époque où leur nombre ne cesse de baisser.

 

La problématique concerne-t-elle uniquement les généralistes ?

La négociation tarifaire ne concerne pas que les généralistes, mais tous les médecins libéraux et tout particulièrement les spécialités cliniques. L’union fait la force ! Malheureusement, aujourd’hui, si on ne crée pas un rapport de force important, vu la situation économique du pays et le déficit budgétaire, on n’a aucun espoir que ce gouvernement investisse sur la médecine libérale.

 

Fermer les cabinets plusieurs jours en décembre, c’est très fort…

C’est très fort, certes, et cela rappellera le mouvement de 2001-2002 à certains. Je pense que ce n’est que le début. D’autant qu’il y a deux mouvements qui sont en train de naître. Le premier, c’est celui qui vient des réseaux sociaux, mené par des médecins qui ne sont pas syndiqués. Leur point commun, c’est un sentiment de mépris, la différence qu’ils ressentent entre leur quotidien de médecin et le jugement de leur travail par l’État. Payer 25 euros des consultations de trois quarts d’heure, quel mépris ! Le second mouvement, c’est notre intersyndicale qui a décidé de s’unir pour dire « non » au directeur de la Cnam.

 

Cette question de la revalorisation des médecins libéraux, c’est la priorité ? Jusqu’où êtes-vous prêts à aller ?

Je ne dis pas que les questions sur les assistants médicaux, sur les soins non programmés par exemple ne sont pas importantes. Mais là, on doit aller vers une convergence des luttes. La priorité pour les médecins généralistes et libéraux globalement, c’est de créer un rapport de force qui change la donne devant l’Assurance maladie. Encore une fois, les 1er et 2 décembre, ce n’est que le début d’un mouvement que – je le crains – le gouvernement attend de voir et de jauger. On va vers une période de fin d’année très agitée dans les cabinets médicaux. On a déjà connu cela deux fois, mais la différence avec les précédents mouvements, c’est que les services d’urgence n’étaient pas dans une situation aussi délicate.

 

« Ce n’est que le début », dites-vous. Qu’est-ce qui peut vous faire cesser votre mouvement de contestation ?

Très clairement, une augmentation tarifaire des médecins qui leur donne les moyens de prendre en charge plus de patients. Le mouvement des « Médecins pour demain » et celui des « Vendredis de la colère » de l’intersyndicale demandent une revalorisation de l’acte de base. Nous voulons aussi une consultation de niveau G2 pour les médecins traitants : pour tous nos patients en ALD, nos patients âgés, la consultation devrait être à 60 euros car ce sont des consultations longues. Redonnons à nos jeunes l’envie de devenir médecins traitants et pas seulement d’être médecins dans des centres de soins non programmés !