RENNES, TRIBUNAL D’EXCEPTION OÙ L’ON S’EST TROMPÉ D’ACCUSÉ
Jeudi dernier, quatre médecins généralistes de Romillé ont comparu devant la commission paritaire d’Ile et Vilaine composée de médecins libéraux et de représentants de l’Assurance Maladie.
Quel crime ont commis ces médecins ? Comme des milliers d’autres en France, ils ont participé au mouvement national de désobéissance tarifaire lancé en janvier 2015 par le syndicat Les Généralistes-CSMF en appliquant le C à 25 €. Bien sûr, ce dépassement ne concernait ni les patients en CMU ni ceux à l’ACS ni ceux en difficultés financières.
Pourquoi une telle situation dans ce département, situation que l’on n’a rencontrée dans aucune autre CPAM de France ?
La CPAM d’Ile et Vilaine est dirigée par une directrice qui a décidé de faire du zèle. N’a-t-elle pas été jusqu’à faire pression sur la Maire de Romillé pour qu’elle désavoue publiquement ses médecins généralistes ! Non seulement celle-ci ne les a pas désavoués, mais elle leur a apporté son soutien car il s’agit de médecins généralistes exemplaires et dévoués qui prennent en charge la santé de la population de cette commune.
Cette élue a compris qu’aujourd’hui les médecins généralistes libéraux ont besoin d’être soutenus car leur métier est de plus en plus complexe et de plus en plus contraignant. Elle a compris que ce n’est pas en stigmatisant une profession qu’on la rendra attractive auprès des futurs médecins.
Qui sont les coupables ? Les médecins généralistes ou l’Assurance Maladie ?
Qui est responsable de la désaffection pour notre spécialité médicale responsable d’un effondrement du nombre de médecins généralistes de 26% entre 2007 et 2025 ? Qui a refusé d’engager des négociations tarifaires en janvier 2015, acculant ainsi les médecins à ce mouvement de désobéissance tarifaire ?
C’est l’Assurance Maladie qui, au fil des conventions médicales, a remisé la médecine générale libérale et ses médecins là où elle est aujourd’hui : celle où on n’a plus les moyens de travailler correctement, celle où l’on travaille le plus et celle où on est le moins rémunéré.
C’est cela qui nuit à l’accès aux soins et, à terme, à l’ensemble du système de santé et non pas le fait de pratiquer la consultation à 25 €, comme l’a affirmé la directrice de la CPAM de façon péremptoire.
Voilà pourquoi vouloir condamner ces médecins à six mois de non prise en charge de leurs cotisations sociales par l’Assurance Maladie serait une honte et relèverait de maltraitance.
A Rennes, devant ce tribunal d’exception, on s’est trompé d’accusé. C’est l’Assurance Maladie qu’il fallait poursuivre pour non-assistance à une spécialité médicale en danger et non les médecins généralistes.
Les médecins généralistes de Romillé doivent savoir que notre syndicat les défendra jusqu’au bout et qu’en cas de sanction, le syndicat Les Généralistes-CSMF ouvrira une souscription nationale auprès de l’ensemble des médecins généralistes, montrant ainsi la solidarité de notre profession.
Dr Luc DUQUESNEL,
Président de Les Généralistes CSMF
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