La santé est la première priorité des Français, et cette campagne pour les primaires de la Droite et de la Belle Alliance populaire le démontre parfaitement.

Premier à emporter le ticket pour se présenter face aux électeurs, lors de l’élection présidentielle de mai prochain, François Fillon paie désormais chèrement son rôle de challenger. Intronisé avec une franche majorité pour porter les couleurs de la Droite, l’ancien Premier Ministre de Nicolas Sarkozy n’a pas fait dans la nuance, s’agissant de son programme pour la sécurité sociale.

Portant comme une croix l’endettement de la France, persuadé que l’ère de l’argent gratuit est en train de se terminer, François Fillon promeut un remède de cheval pour désendetter notre pays : allongement de l’âge de départ à la retraite, suppression de 500 000 fonctionnaires, y compris à l’hôpital, augmentation de la TVA, recentrage des remboursements de la sécurité sociale sur les ALD et les gros risques et pour le petit risque, passage de relai aux organismes de protection complémentaire santé chapeautés par une agence, suppression de l’AME (liste non exhaustive).

Sûr de son effet auprès des libéraux, il s’engage aussi à supprimer le tiers payant obligatoire, augmenter la rémunération des médecins (les dépassements d’honoraires étant encadrés), et à booster la prévention, rémunérée.

Mais rapidement, devant les protestations indignées des électeurs y compris de son propre camp, le candidat a été obligé de faire fonctionner l’ardoise magique sur le chapitre “assurance maladie” de son programme. Après avoir tenté de rassurer sur ses intentions, il promet une V2 santé, construite après une série de consultations, qui seront présentées le 29 janvier, lors d’un colloque au Zénith à Paris.

Une situation de flottement idéale, tant pour les postulants à la primaire de gauche, que pour les candidats directs, Emmanuel Macron ou Jean-Luc Mélenchon.

Car, du côté de la Belle Alliance populaire, tous vantent la situation de la sécurité sociale quasiment à l’équilibre et s’engagent à ne pas opérer de déremboursements pour tous les risques. 

Mélenchon, Peillon, Sylvia Pinel, Valls – qui promeut la suppression du ticket modérateur pour un panier de soins primaires – sont sur cette ligne. L’idée d’une “mutuelle pour tous”, à bas prix ou proposée par la sécurité sociale pour les patients qui ne sont pas à la CMU mais sont trop pauvres pour s’offrir une mutuelle classique, fait également son chemin parmi les candidats. Ainsi, Montebourg, Peillon, Hamon défendent-ils cette idée. Et pour tous également, y compris Emmanuel Macron, le tiers payant a les yeux de Chimène, bien que l’ancien Ministre de l’Economie veuille tout de même l’expérimenter et l’évaluer avant de le rendre effectivement obligatoire.

S’agissant des rémunérations, toutes ces personnalités de gauche promeuvent le secteur 1, voire, à terme, un secteur unique (Valls, qui veut supprimer les dépassements d’honoraires) ou le salariat (Mélenchon, Montebourg dans les maisons de santé). Emmanuel Macron veut augmenter la part de la ROSP dans la rémunération, concernant notamment la prévention.

Pour ce qui concerne l’organisation des soins primaires, les propositions sont contrastées même si le rôle central du médecin généraliste n’est contesté par aucun candidat.

François Fillon garantit la liberté d’installation, promeut le médecin généraliste traitant, acteur central du parcours de soins, rémunéré pour ses actes de prévention. Il imagine des maisons pluri-professionnelles sur le territoire, sans avance de frais, aidées si elles s’installent en zones sous-dotées.

L’ancien Premier Ministre veut libérer les médecins de la paperasse et associer les représentants des professions de santé du secteur privé au processus de décision des Agences Régionales de Santé (ARS), dont il fut le créateur en tant que Premier Ministre, par la loi Hôpital, Patients, Santé et Territoires (HPST).

Héritiers de la politique menée depuis cinq ans, les candidats de la Belle alliance populaire reprennent à leur compte la Stratégie Nationale de Santé mise en place par Marisol Touraine, basée sur les soins primaires et le médecin généraliste traitant. Avec des nuances.

Manuel Valls veut limiter les installations dans les zones de forte densité médicale et supprimer le numerus clausus.

Benoit Hamon déclare qu’il va déconventionner les médecins qui persisteraient à vouloir s’installer en zones sur-dotées. Il imagine des maisons de santé pluridisciplinaires, appuyées par des sociétés de service pour les fonctions support.

Vincent Peillon veut faciliter le cumul emploi retraite dans les déserts médicaux, et réduire les impôts et les charges des retraités qui voudraient s’y installer. Il ne veut pas mettre en place des mesures autoritaires pour l’installation. Tout comme Arnaud Montebourg qui tient à ses dispensaires à soins gratuits, dont les médecins sont salariés.

Pour les écologistes, François de Rugy veut développer les réseaux avec les mutuelles, sur une base de volontariat et envisage de proposer une formation de deux ans à des pharmaciens, infirmières et kinés, s’ils veulent exercer la médecine dans un désert.

Emmanuel Macron envisage d’envoyer les étudiants en santé, trois mois en service sanitaire, pour aller prêcher la prévention dans les écoles et les lycées.