Deux nouveaux cabinets de généralistes en secteur 1 ouvrent leurs portes ce lundi dans Paris. Installés dans un espace de 180m², avec 4 autres professionnels, ils ont bénéficié du dispositif Paris Med. En échange d’un engagement de trois ans, les médecins bénéficient d’un loyer à prix cassé et d’aides financières à l’installation. Le Dr Bernard Jomier, en charge de la santé à la Mairie de Paris, espère relancer l’installation de généralistes en secteur 1 dans la capitale et densifier le réseau de soins de proximité.

 

Egora.fr : Quelles sont les caractéristiques du cabinet que vous inaugurez aujourd’hui à Paris ?

Dr Bernard Jomier : Ce premier cabinet Paris Med fait 180m². Il y a six professionnels de santé, dont deux médecins généralistes, deux infirmières et deux sages-femmes. Les projets Paris Med ont des formats différents selon les cabinets. Tous s’installent en secteur 1. Ce cabinet est situé dans le 20ème arrondissement, qui est défavorisé et donc ciblé par le dispositif.

D’ici la fin de l’année, nous allons ouvrir 6 cabinets. Tous ont des loyers largement inférieurs aux prix du marché. On fournit ces locaux aux professionnels de santé qui acceptent de s’installer en exercice regroupé, de respecter les tarifs secteur 1, et d’avoir des démarches de santé publique. En général, on est autour de 200 euros le m². Le marché est plutôt à 350 ou 450 euros le m². On leur verse aussi une aide à l’installation de 15 000 euros par professionnel. On évite des frais trop importants pour des jeunes qui s’installent.

Quelles sont les autres contreparties à respecter pour les professionnels de santé ?

Il y a un engagement de durée de trois ans minimum. C’est extrêmement raisonnable. En général quand on s’installe, c’est pour plus de trois ans. Le message est clair, il ne s’agit pas de vouloir bénéficier d’un effet d’aubaine et de s’en aller au bout de six mois. On espère bien sûr qu’ils resteront plus de trois ans.

Vous comptez relancer l’installation des généralistes en secteur 1 dans Paris…

Moi, quand j’ai pris mes fonctions en 2014, le premier semestre on était quasiment à 0 installation de médecin généraliste à Paris. D’ici la fin de l’année 2016, on va en installer 16. Et pour les premiers mois de 2017, 5 autres projets sont en cours de finalisation. D’autres suivront au cours de l’année.

La courbe repart, même si ça reste insuffisant. Nous voulons montrer aux jeunes qu’il est possible de s’installer à Paris. Beaucoup de ceux qui en ont envie sont inquiets du coût de l’installation, des conditions d’exercice… Et le fait de ne pas voir d’autres jeunes autour d’eux qui s’installent, ça les freine encore plus. Voir que des projets naissent, que des jeunes professionnels s’installent sans devoir s’endetter, avec des charges foncières modérées de façon durable, tout cela va lever les freins un peu psychologiques à l’installation à Paris. Je crois que c’est le début d’une reprise de l’installation de médecins généralistes et de professionnels de santé de proximité. C’est le réseau de soins de proximité qu’on redensifie, auquel on redonne de la force.

Quelles ont été les difficultés que vous avez rencontrées ?

Si c’était facile, ça fait longtemps que cela aurait été fait. Le dispositif a été validé courant 2015 par le Conseil de Paris, et c’est courant 2016 que les premiers cabinets ouvrent. Il fallait trouver les locaux auprès des bailleurs sociaux et les livrer en bon état. Il y a parfois eu des travaux importants à faire car il n’était pas question de livrer des locaux à bas coût, mais en mauvais état aux professionnels de santé. Ils peuvent exercer dans les cabinets qu’on leur livre. Et il fallait que les projets se montent. On ne soutient pas l’installation de professionnels isolés. Certains avaient déjà constitué leurs équipes, mais d’autres, isolés, ont contacté le dispositif Paris Med. Il a fallu les mettre en contact les uns avec les autres. Tout cela prend du temps. Un projet d’installation ça se murit et c’est bien.

La dynamique est maintenant enclenchée, avec une demi-douzaine de projets d’ici la fin de l’année, une autre demi-douzaine dans les premiers mois de l’année 2017. Et ça va continuer puisque les professionnels continuent de contacter le dispositif. Je suis modérément optimiste car je reste réaliste. Mais je pense que l’on va redensifier le tissu de professionnels de santé à Paris.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Fanny Napolier