Cet été Egora.fr donne la parole aux associés, pour que chacun parle de l’autre. Les Drs Matthieu Calafiore et Jan Baran sont associés depuis quatre ans au sein d’une maison médicale dans le Nord. Ils évoquent les blagues à répétition qu’ils se font au cabinet et les coups durs qu’ils ont affronté ensemble.
Egora.fr : Racontez-nous votre première rencontre.
Dr Matthieu Calafiore : La première rencontre, c’était aux urgences de Tourcoing. Moi j’étais interne et lui était externe. On a commencé à travailler ensemble en 2003, ça ne nous rajeunit pas. A l’époque, il était quelqu’un de très sérieux. Ça a changé parce qu’il a vraiment beaucoup d’humour. Il était déjà quelqu’un de très travailleur, très carré dans ses prises en charge. Déjà en tant qu’externe, on pouvait se dire que ce serait un très bon médecin. Ça a duré quelques mois. Cette andouille m’a ensuite recroisé à la faculté, où il finissait son internat et où je donnais déjà des cours. Il est venu me voir et il m’a vouvoyé ! Ensuite, quand il est venu au cabinet, ça a très vite accroché.
Dr Jan Baran : Le tout premier jour, je n’ai pas de souvenir précis parce que je ne suis pas encore marié avec le Dr Calafiore. Mais j’étais externe aux urgences de Tourcoing, dans un hôpital périphérique pas loin de chez nous. C’était mon premier stage d’externe. Je me souviens d’un interne assez pédagogue. Avec une coupe de cheveux hyper élaborée. Ça devait lui prendre une demi-heure le matin, avec une raie au milieu avec les cheveux soufflés… Ça devait être du boulot. Plus sérieusement, un interne très pédagogue et patient. Avec des chemises Vichy improbables. Quelqu’un de sympa.
Racontez-nous votre plus grosse prise de bec.
Dr Matthieu Calafiore : Oh… Je n’en ai pas le souvenir. Je me souviens plutôt de la plus grosse connerie qu’on ait faite ensemble. On s’amuse à se faire des blagues, l’un l’autre régulièrement. C’est habituel. Mais un jour, sa blague a été de mettre de la vaseline sur toutes les poignées de portes. Sauf que quand j’ai eu de la vaseline sur la main, je lui en ai mis sur le T-shirt. Il a attrapé sa bouteille d’eau et me l’a lancée. J’étais trempé, mais mon ordinateur n’a pas vraiment apprécié. On a dû le faire réparer. Entre nous, il y a beaucoup d’ambiance. Ça nous permet de dédramatiser pas mal de choses, même si on a à côté de ça des discussions très sérieuses.
Dr Jan Baran : Avec lui ? Il n’y en a pas vraiment. Peut-être une fois, en jouant, j’ai malencontreusement pourri son ordinateur. Il n’était pas en colère, mais un peu. J’ai balancé une bouteille d’eau et ça a foutu en l’air son ordinateur. Il a un peu fait la tête. Non, en fait il était plutôt ennuyé de ne plus avoir d’ordinateur. Disons qu’il l’a vécu un peu moins stoïquement qu’il n’est capable de vivre les choses.
Quelle est votre principale différence ?
Dr Matthieu Calafiore : J’ai peut-être tendance à me prendre trop au sérieux. Son habitude à lui est de me dire de déboutonner mon premier bouton de chemise, en me disant que je ne suis plus à l’école. Lui, il est à 100 à l’heure. Moi je fais beaucoup d’activités, je suis assez hyperactif, mais plutôt d’un tempérament calme. Alors que lui est d’un tempérament bouillonnant en permanence. Actuellement, nos cabinets sont au premier étage. On va bientôt déménager, et j’espère qu’il réussira à ne pas tomber dans les escaliers avant qu’on ne parte. Il les dévale quatre par quatre. A chaque fois que je l’entends descendre les escaliers, je me dis qu’il va tomber et se faire mal. Je ne serai pas surpris.
Dr Jan Baran : A part le fait que je suis plus intelligent et plus beau que lui ? Je ne vois pas. Si, il est beaucoup plus posé, moins nerveux, moins impulsif. Il est très serein.
Qu’est-ce-qui vous rapproche ?
Dr Matthieu Calafiore : L’humour nous rapproche beaucoup. On vient tous les deux d’un milieu ouvrier, on n’a aucun médecin dans la famille. On a un peu les mêmes origines sociales. J’étais boursier quand j’étais étudiant, lui faisait des jobs étudiants pour pouvoir payer ses études. Ça nous donne une vision des choses qui est assez sympathique pour comprendre certains problèmes que peuvent avoir nos patients. Ça nous ouvre l’esprit assez facilement. On a aussi en commun le fait d’essayer de se remettre en question dans notre prise en charge. On essaye de ne pas considérer ce qu’on a appris comme acquis et définitif. Ça nous arrive souvent de discuter d’une nouvelle prise en charge ou d’une nouvelle recommandation.
Dr Jan Baran : Il m’a fait devenir maître de conférences, puis maître de stage, alors que j’y étais un peu opposé. Le fait qu’on se soit connu d’avant. Et que ce soit quelqu’un de patient. Et la proximité de nos bureaux. Concrètement, dans la maison médicale, l’espace par lequel on fait sortir nos patients communique. Si on ouvre la porte, on se retrouve face à face. Donc on aime bien se croiser là un peu plus souvent qu’au secrétariat, avec les autres associés…
Quel est votre souvenir le plus marquant au cabinet ?
Dr Matthieu Calafiore : J’ai un souvenir assez marquant, mais ça l’implique plutôt lui. Il a eu un accident de voiture devant le cabinet. Il n’était pas du tout en tort, c’était un motard qui n’avait pas de permis, avec une moto qui n’était pas homologuée. Le motard a déboulé à toute vitesse dans la rue du cabinet, Jan était en train de se garer et le motard l’a percuté de plein fouet. Ça l’a bien chamboulé. J’ai ce souvenir d’avoir discuté avec lui, pour essayer de relativiser les choses, lui dire que le motard n’avait que quelques blessures… On a pu compter l’un sur l’autre dans ce moment un peu difficile. Je sais que si j’ai un souci, je pourrai l’appeler facilement et lui aussi. Ce n’est pas que de l’association de travail, on est amis et ça compte beaucoup.
Dr Jan Baran : Quand je me suis fait piquer ma voiture. Ou quand j’ai eu un accident avec une moto. C’était un truc assez fort. Un espèce de motard est arrivé à fond les ballons et a percuté ma voiture. J’ai dû annuler les consultations de l’après-midi. Je n’étais pas très serein, je croyais que le mec était mort. J’avais plein de sang sur moi. J’étais blanc comme ma chemise. Et Matthieu était là. C’est lui qui est venu donner les premiers soins au motard avant que je n’en sois plus capable. Je me suis un peu posé, j’ai attendu. La police est venue. Ils ont presque mené l’enquête en pensant que j’avais essayé de l’assassiner parce que j’avais du sang sur ma chemise… Après j’ai ramené ma voiture au garage, et un associé m’a ramené chez moi.
Source :
www.egora.fr
Auteur : Fanny Napolier