Brexit à la CNAM. Quatre mois de négociations pour une future convention et toujours aucune proposition écrite et surtout, chiffrée… Hier soir, Le BLOC est parti définitivement, la CSMF a claqué la porte et en appelle au gouvernement. MG France interpelle François Hollande. Le SML observe de loin et la FMF décidera la semaine prochaine, si elle reste ou si elle part.

 

La semaine dernière, la CSMF a décidé de quitter les négociations, à l’issue de la séance consacrée aux spécialités techniques et au Contrat d’accès aux soins. La centrale y a écouté poliment les propositions de la direction qu’elle comparé à un “plat de lentilles” par rapport à ses propres revendications en dix points. Et elle a pris ensuite, la décision de ne pas revenir tant qu’une proposition de texte conventionnel “avec éléments chiffrés” lui permettra “d’ouvrir enfin” de véritables négociations conventionnelles. Quelques instants auparavant, la délégation du BLOC avait pris la même décision, quittant la salle après une déclaration liminaire sur l’absence de moyens de revalorisation alloués à la négociation.

 

“L’enveloppe que nous revendiquons est minimaliste”

“Le directeur fait du recyclage. Il veut convertir le volet organisation de la ROSP en forfait structure. Il nous dit qu’il ne restera plus de budget si le C passe à 25 euros. Nous ne pouvons pas construire une convention novatrice dans ces conditions qui organiserait réellement le virage ambulatoire”, explique le Dr Jean-Paul Ortiz, le président de la CSMF. Sa centrale a chiffré l’enveloppe minimale nécessaire pour accomplir ce virage à 1,5 milliard d’euros. “Le gouvernement met bien 700 millions d’euros pour le traitement de l’hépatite C et 2 milliards pour l’hôpital. Franchement, l’enveloppe que nous revendiquons est minimaliste”, justifie le président.

Pour appuyer sa requête, le syndicat rappelle qu’il a toujours été partie prenante des grandes évolutions de la médecine libérale et profondément conventionniste. “Nous voulons négocier un texte novateur pour sauver l’exercice libéral, pas une convention qui accorde 1 euros sur le C tous les 5 ans”‘, tacle le Dr Ortiz.

Crise ? Le Dr Claude Leicher, le président de MG France, ne veut pas employer les grands mots. “Il s’agit d’une crise interne à la CSMF”, corrige-t-il. Pour lui, la centrale qui doit indifféremment défendre les intérêts des généralistes et des spécialistes, a du mal à gérer l’impatience des médecins spécialistes, qui s’estiment lésés par l’hypothèse du C à 25 euros et le renflouement de l’ASV “deux thèmes qui avantagent surtout les médecins généralistes et les praticiens du premier secteur”, tout en vidant les caisses. “De plus, la CNAM a annoncé qu’elle voulait maintenir la rémunération forfaitaire à son niveau actuel, ce qui sous-entend un petit coup de pouce là aussi”, relate le patron de MG France. “Les tensions internes à l’intérieur de la centrale sont très fortes, il est logique que le Dr Ortiz tape du poing sur la table.”

 

“Le secteur 1 doit être réinvesti par les pouvoirs publics…”

Serait-il réaliste d’envisager, si la crise persiste, la négociation d’une convention spécifique à la médecine générale ? Le Dr Ortiz repousse cette hypothèse. “Ce serait un retour en arrière de 30 ans. Aujourd’hui, l’heure est à la transversalité, à l’exercice pluriprofessionnel. Le gouvernement doit investir sur les syndicats conventionnistes”. En écho, le Dr Leicher ajoute : “Je pense que la CSMF ne peut ni ne veut rester en dehors du champ conventionnel. Les médecins généralistes ont besoin d’une convention, pour eux et pour leurs patients. Le secteur 1 doit être réinvesti par les pouvoirs publics…”

Le président de MG France vient d’écrire au président de la République, pour lui demander d’abonder dans le prochain budget de la sécurité sociale, un fond d’intervention sur les soins primaires, permettant notamment, de financer un forfait structure de 10 000 euros par médecin, la somme que la CNAM envisage de consacrer à l’aide aux ophtalmologistes pour qu’ils s’adjoignent les services d’un orthoptiste. “Un cabinet de trois médecins pourraient financer un poste de secrétariat”, rêve Claude Leicher.

Du côté du SML, on observe avec intérêt la situation. “La CSMF fait de la communication. Elle veut des chiffrages, elle les aura pour la prochaine séance”, commente avec ironie le Dr Eric Henry. Il juge néanmoins assez positives, les percées envisagées par la CNAM pour faire évoluer le contrat d’accès aux soins. “Le directeur est prêt à en revoir le contenu, il n’est pas contre l’idée de changer son nom. A suivre”.

 

“Nous en avons plus que marre d’entendre qu’il n’y a pas d’argent”

En revanche, la FMF ne cache pas son énervement. “Nous exigeons d’entrer dans le concret la semaine prochaine. Si le 29, la direction de l’assurance maladie nous propose encore une séance de diapos sans chiffrage concret, nous partirons définitivement”, menace Jean-Paul Hamon, le président de la centrale, “nous en avons plus que marre d’entendre qu’il n’y a pas d’argent alors que la profession subit une crise démographique sans précédent”. Il regrette que les mouvements de mauvaise humeur des uns et des autres ne soient pas mieux coordonnés. “Tous ensemble, on aurait tellement plus de poids” remarque-t-il.

Dans l’état actuel des textes, la signature de la CSMF, centrale polycatégorielle et de MG France, apparaissent indispensables pour valider une convention unique.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Catherine Le Borgne