Les déserts médicaux ne concernent pas que la médecine libérale. Dans certaines zones rurales, les hôpitaux peinent aussi à recruter des médecins. Pour les inciter à accepter ces postes, le député LR Jean-Luc Warsmann propose de leur offrir une exonération d’impôts sur le revenu pendant cinq ans. Une mesure indispensable, estime-t-il, pour éviter la fermeture de certains services en zone rurale.

 

Egora : Quel est le but de votre proposition de loi ?

Jean-Luc Warsman : Dans les centres hospitaliers, situés dans les zones de revitalisation rurale, on rencontre le même problème démographique qu’en médecine libérale. Le législateur a mis en place des dispositions pour rendre plus attractives ces zones, notamment fiscalement, mais il n’a pas traité le problème des médecins hospitaliers. L’idée est très pragmatique. Comme pour les libéraux, il s’agit d’une exonération totale d’impôt sur le revenu pour les médecins pendant cinq ans, puis une exonération dégressive à 75%, 50% et 25%. Cela ne concerne pas un nombre considérable de postes, mais ça donne le petit surcroît d’attractivité qui permet le maintien de l’offre hospitalière dans ces zones rurales.

Avez-vous chiffré cette proposition en termes de postes concernés, de coût ?

On est en train d’expertiser. On est en train de regarder combien ça représente d’établissements. Mais tous les gros établissements, les CHU, ne sont pas dans les zones en revitalisation rurale, donc cela concerne peu de postes. Par contre, le piège que l’on voit, c’est que si un certain nombre de ces établissements ne parviennent pas à recruter, on peut arriver à des fermetures de services faute d’avoir pourvu les postes de médecins et de remplir les conditions de sécurité nécessaires. On pourrait avoir, faute de mettre en place un tel dispositif, des fermetures de services et des restructurations hospitalières non souhaitées et non souhaitables pour la population.

Qu’en pensent les médecins que vous avez rencontrés ?

Ce sont des médecins hospitaliers qui m’ont interpellé sur le sujet, en me décrivant des services avec des praticiens hospitaliers proches de la retraite. Ils m’ont dit : “Faites quelque chose. Mais n’inventez pas quelque chose de nouveau. Etendez-nous simplement ce qui a été fait pour la médecine libérale.” Quand on y réfléchit, c’est contradictoire d’avoir mis en place un dispositif d’attractivité pour la médecine libérale et de ne pas l’avoir fait pour la médecine hospitalière. Il y a un équilibre à avoir et ce point aujourd’hui n’a pas été vu.

L’argent suffit-il à attirer les médecins ?

Non, bien sûr. Mais il participe incontestablement à l’attractivité des postes. Les mesures prises en faveur de la médecine libérale sur un certain nombre de territoires ont des effets. Sur mon territoire, des maisons pluridisciplinaires de santé se sont implantées, desmédecins ont travaillé à faire venir des stagiaires et tout ce travail paye. A partir du moment où les postes deviennent attractifs, des étudiants commencent à venir faire des stages, certains deviennent intéressés. C’est une démarche positive qu’il faut remettre en place.

Certains parlementaires voient la coercition comme une solution. Qu’en pensez-vous ?

Je crois qu’à partir du moment où on rend les postes attractifs, où on les fait découvrir aux étudiants en médecine, les successions peuvent bien se passer. Il faut prendre le travail à la base. Si les choses sont bien faites, il n’y a pas besoin d’en arriver là. Les postes de praticiens en zone rurale sont des postes intéressants.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Fanny Napolier