A l’occasion de la convention santé des Républicains, ce mercredi 25 mai, le Dr Arnaud Robinet, député maire de Reims et secrétaire national du parti de Nicolas Sarkozy, détaille les propositions du programme santé, élaboré dans l’attente de la prochaine primaire.
Egora : Quelle est la finalité de la convention santé organisée ce mercredi par Les Républicains ?
Dr Arnaud Robinet : Nous nous situons dans l’optique d’une primaire. Il y a donc les propositions du parti et de l’autre, les propres propositions des candidats qui pourront bien entendu puiser dans ce socle, rien n’est figé dans le marbre aujourd’hui. Mais ce qui est clair, c’est que le parti veut moderniser en profondeur le système de santé par le biais de plusieurs thématiques, notamment la prévention et la revalorisation de la médecine libérale. L’objectif des Républicains, c’est de proposer un véritable projet de loi autour de la médecine libérale, ce qui passe par la revalorisation des actes. Mais on ne veut pas retomber dans une négociation pour un ou deux euros sur la consultation, nous voulons mettre en place une véritable négociation avec les médecins libéraux pour une remise à plat de la nomenclature et revaloriser l’acte médical.
Tous les syndicats médicaux considèrent comme acquis et comme un minimum, le tarif de 25 euros pour la consultation. Que leur répondez-vous ?
Je pense que l’on ne peut pas limiter le débat à l’augmentation de la consultation à 25 euros. Je peux comprendre que 23 euros, ce ne soit pas acceptable pour un professionnel qui a fait d’aussi longues études, et qui se consacre au sacerdoce que représente l’exercice de la médecine générale. Mais il faut aller beaucoup plus loin que cela. Nous voulons revaloriser les actes de la médecine de ville, en fonction des actes, de la pathologie, du parcours de soins, des forfaits. Plusieurs éléments peuvent être mis sur la table, au-delà d’une revalorisation de 2 euros.
Ce projet de loi pour la médecine libérale annihilerait certains éléments de la loi de Santé ?
Oui, nous supprimons le tiers payant obligatoire. Il peut être facultatif mais nous reviendrons sur sa généralisation obligatoire. On permettra également de redonner du temps médical aux médecins en les déchargeant de tâches administratives, en les simplifiant. Enfin, nous nous attacherons à mettre en place la délégation de tâches. Les maisons de santé sont une solution, mais ne nous semblent pas être une panacée. Nous donnerons aux médecins et professionnels de santé de ville, la possibilité de s’organiser en réseaux interprofessionnels, il y a une forte demande à ce sujet. Nous ne voulons pas mettre en place un modèle unique d’organisation de la médecine libérale, les professionnels doivent pouvoir s’adapter et proposer des choses car l’enjeu, c’est la prise en charge en ambulatoire. Il faut que la médecine de ville soit capable d’absorber tous les patients qui vont sortir de l’hôpital et assurer un suivi de qualité.
Et puis, nous voulons développer les nouvelles technologies et l’apport de la santé numérique. Il est très clair que l’e-santé va faire évoluer en profondeur la pratique de la médecine et nous voulons encourager la pratique de ces nouvelles technologies. Les télé- consultations, la télémédecine doivent être valorisés financièrement, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Quelles sont les solutions préconisées par Les Républicains pour contrer la désertification médicale ?
Nous sommes très attachés la liberté d’installation, de prescription et de choix de son médecin et cela sera inscrit dans le marbre. Nous ne voulons pas de coercition, nous sommes attachés à la liberté, nous ne préconiserons pas une installation dans un périmètre défini par exemple. La désertification médicale existe dans le milieu rural, mais aussi en milieu urbain dans les grandes villes, pour des raisons de loyer ou d’insécurité notamment. Nous pourrons proposer aux médecins qui feront le choix de l’exercice regroupé dans des zones sous-denses, un nouveau mode de conventionnement avec une grille tarifaire revalorisée, plus attractive. Nous voulons aussi assurer la contribution à la permanence des soins des médecins libéraux et hospitaliers dans certaines villes proches de déserts médicaux. Nous voulons imaginer une forme de mutualisation, de complémentarité entre les urgences hospitalières, la médecine de ville et les établissements privés.
Nous souhaitons ouvrir le service public hospitalier aux établissements privés. Il est clair qu’on ne peut pas exiger des établissements privés qu’ils renoncent aux dépassements d’honoraires pour pouvoir participer au service public hospitalier. On sait très bien que les dépassements d’honoraires existent dans le secteur public, et ils sont même parfois importants. Nous voulons une équité entre le public et le privé, nous voulons stopper cette opposition systématique entre le public et le privé, les gentils d’un côté et les méchants de l’autre, nous cherchons la complémentarité. De même, nous reviendrons sur le décret imposant aux cliniques privées la notion de bénéfices raisonnables.
Quelle est la position de votre parti sur les dépassements d’honoraires ?
Dès lors que les patients ont le choix de leur médecin, je n’y suis pas opposé à titre personnel. Ensuite, se pose le problème des mutuelles et des réseaux de soins. Nous sommes opposés aux réseaux fermés, mais plutôt favorables aux réseaux ouverts car le problème du financement de notre protection sociale se pose déjà, avec notamment, la place des complémentaires par rapport à la l’assurance maladie.
Avez-vous l’intention de revenir sur l’accord ANI, qui instaure une protection complémentaire obligatoire pour tous ?
Ce que l’on voit aujourd’hui, c’est que cette complémentaire généralisée ne satisfait pas. On tire les prix alors la couverture n’est pas satisfaisante par rapport à la complémentaire d’origine. Mais nous laisserons le libre choix, pas question de généraliser.
Les professionnels de tous bords protestent contre l’Ondam 2016, fixé à 1,75 %. Que pouvez-vous leur dire ?
Nous notons qu’il y a une iniquité entre le public et le privé, alors que nous sommes pour l’égalité. J’ajoute que nous voulons donner plus d’autonomies aux établissements hospitaliers, un peu sur le modèle mis en place pour les universités.
Les groupements hospitaliers de territoires, Les Républicains les gardent ?
Il y a un vrai sujet de discussion entre nous, certains sont opposés, d’autres y sont favorables. Tout dépend des territoires, la notion de régionalisation est intéressante, il ne faut pas vouloir tout imposer de manière uniforme. Chez moi, dans la Marne, le GHT fonctionne, mais on ne peut pas en dire autant sur certains autres départements. Il faut que le privé puisse intervenir et être présent.
“Je veux donner à l’hôpital un temps d’avance, grâce à un système de soins ouvert et décloisonné”, a martelé Alain Juppé ce mardi au salon Paris Healthcare Week, à Paris. Le candidat à la primaire de droite a présenté les grandes lignes de son programme santé. Le premier défi à relever, pour Alain Juppé, c’est la “débureaucratisation” de l’hôpital. “Nous étouffons sous les normes et les réglementations”, a déclaré le candidat LR, sous les applaudissements. “Les hôpitaux doivent s’adapter aux besoins de la population plutôt qu’aux évolutions des normes. Il faut encourager les avancées ciblées venant des professionnels de santé eux-mêmes”, a-t-il ajouté. Une évolution qui doit passer par “plus d’autonomie et de souplesse pour les établissements”. Pour Alain Juppé, “les hôpitaux doivent être jugés sur la qualité des soins et l’équilibre des comptes”. Le candidat a aussi appelé à “sortir du dogme des 35 heures”, qui créé une “surcharge des agents et des tensions, ainsi qu’un recours à l’intérim fréquent et onéreux”. Sur la qusetion des Groupements hospitaliers des territoires (GHT), Alain Juppé a regretté que la réforme soit “conduite à marche forcée”, même s’il a admis qu’il fallait “regrouper les services, mutualiser les fonctions logistiques”, afin de réaliser des “gains de productivité.” D’autre part, le candidat à la primaire a souligné que la tarification à l’activité était un “bon principe”, qu’il ne fallait pas “remettre en cause”, mais “l’ajuster et l’améliorer”, dans la mesure où il peut “inciter à des actes médicaux non pertinents”.
Concernant la chirurgie ambulatoire Alain Juppé a déploré le retard français par rapport à d’autres pays, “comme le Québec, que je connais un peu”, a glissé le candidat. Il a martelé son intention d’ouvrir l’hôpital sur la ville et le médico-social. “Il faut mettre les bouchées doubles”. Il a aussi appelé à “développer une offre de consultation alternative aux urgences”, via les maisons médicales de gardes gérées par les libéraux et les maisons de santé pluriprofessionnelles au plateau technique léger.
Deux heures plus tard, le candidat François Fillon est aussi intervenu présentant un programme aux grandes lignes similaires. Il est apparu plus décontracté que son rival, se prêtant davantage au jeu des questions-réponses avec l’assemblée. “Le principe de l’autonomie fonde l’hôpital public. Au fil d’une dérive technocratique, sous le fardeau des 35 heures et dans le dédale des injonctions paradoxales, ce principe est en danger de mort”, a assuré François Fillon. L’ex Premier ministre de Nicolas Sarkozy, a par ailleurs abordé le sujet de la rémunération des médecins. “On ne va pas pouvoir continuer très longtemps à contourner la question de la rémunération des médecins. On a longtemps pensé que ça permettrait de contenir la dépense, on s’est trompés”, a ajouté François Fillon. “C’est dans l’autonomie, la liberté et la responsabilité que le système de santé peut se développer”, a-t-il martelé. Sur la question des Groupements hospitaliers des territoires (GHT), François Fillon a indiqué que le dispositif était “équilibré pour autant que l’on puisse encourager les accords d’association avec les offreurs de soins privés et systématiser les partenariats avec la médecine de ville”, a-t-il précisé.
Source :
www.egora.fr
Auteur : Catherine Le Borgne