Alors qu’il disputait un tournoi de joutes organisé en l’honneur du mariage de sa fille, une lance en bois vient se planter dans le visage du roi de France Henri II. Soufrant le martyre, il reste 10 jours fiévreux et délirant. Pendant ce temps, les médecins du royaume tentent l’impossible. Ils iront même jusqu’à s’entrainer sur quatre têtes de condamnés à mort. En vain.

 

30 juin 1559, c’est jour de fête au Royaume. Mieux qu’un mariage princier, on en célèbre un double. Le bon roi Henri II marie sa fille aînée, Elisabeth, au roi d’Espagne, Philippe II (qui n’a malheureusement pas pu faire le déplacement et se fait représenter), et Marguerite, la sœur du roi doit convoler avec Philippe Emmanuel, duc de Savoie. Le double événement est fêté comme il se doit. Et le roi, a fait “crier le défi”, comprenez il fait organiser un gigantesque tournoi de joutes qui doit durer cinq jours. Tous les grands du royaume y sont conviés. Et le roi lui-même compte y participer. Et même remporter le jeu au nez et à la barbe des plus vaillants conquérants de la Cour. La lice est installée devant son palais de Tournelles, aujourd’hui rue Saint-Antoine.

 

A 40 ans, le roi n’est plus tout jeune…

Dans les tribunes, deux femmes occupent la place d’honneur la reine Catherine de Médicis et Diane de Poitiers, favorite du roi, dont il est éperdument amoureux. Elles observent le tournoi avec appréhension. Si Henri II est connu pour ses qualités physiques du haut de son mètre 84, il n’est plus tout jeune et, à 40 ans, il pourrait même être le père d’une grande partie de ses concurrents. D’autant plus que Catherine de Médicis a consulté les astres : le roi doit mourir avant sa 41ème année.

Le 30 juin, le tournoi a commencé depuis 2 jours et Henri II fait déjà la course en tête. Il lui reste trois adversaires à affronter. Les deux premiers sont mis à terre très vite. Le troisième est le jeune capitaine de sa garde écossaise, le seigneur de Lorges, Gabriel de Montgomery. Au signal, chacun éperonne son cheval et s’élance. Les deux joutes touchent simultanément les armures des cavaliers, provoquant un choc terrible, mais personne n’est à terre. C’est un match nul, le roi a gagné. Seulement Henri II n’est pas le genre d’homme à se contenter d’une telle victoire. Surtout pas sous les yeux de toutes la Cour et de sa maîtresse. Il donne l’ordre à Montgomery de se préparer pour une ultime joute.

 

Des cris de stupeur sortent des tribunes

Cette fois encore, le choc est terriblement violent, la lance de Montgomery se casse, le morceau qui lui en reste en main vient se loger sous la visière du casque de roi et se plante juste au dessus de son œil droit. Des cris de stupeur sortent des tribunes.

Ouf, le roi n’est pas mort ! Très précautionneusement, on lui retire son casque. Son visage est en sang… Henri II est mal en point. On le transporte au château des Tournelles, et les médecins sont appelés. Les barbiers sont chargés de retirer les morceaux de bois de son visage. Mais ceux-ci sont si grands, de 5 à 9 cm, que le roi se tord de douleur. Puis, la plaie est lavée au blanc d’œuf. Henri II aura ensuite droit à la traditionnelle saignée avant de lui faire absorber un puissant émétique composé de rhubarbe et de momie (un mélange de bitume et de poix). Rien n’y fait. Mais Henri II survit.

 

Paré s’entraîne sur quatre têtes décapitées

C’est au tour des chirurgiens d’intervenir, et notamment du célèbre Ambroise Paré. Seulement, le médecin a besoin de connaître la profondeur des plaies, et les zones qu’elle a pu toucher. Justement, Gabriel de Montgomery, qui se sent terriblement coupable d’avoir presque assassiné le roi de France, se propose d’offrir à Paré quatre têtes qu’il pourra examiner. Quatre condamnés à mort sont choisis, et la scène de la joute fatale est rejouée, avec la même lance cassée. Les quatre têtes sont sciées en deux pour observer les dégâts. Mais la méthode est trop rustique pour apprendre quoi que ce soit aux chirurgiens. Ils renoncent à l’opération.

Cinq jours après l’accident, la fièvre reprend de plus belle, le roi délire, il souffre le martyr, ne cesse de vomir et de perdre connaissance se plaint de ne plus rien voir. Tout le monde se rend à l’évidence, on ne peut plus faire grand-chose pour Henri II. Des processions sont organisées dans Paris, pour demander la clémence de Dieu. Mais lui non plus n’y pourra rien. Après une terrible agonie de 10 jours, le roi de France meurt le 10 juillet 1559.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Aline Brillu

 

[Avec Lepoint.fr et De quoi sont-ils vraiment morts ? de Jacques Deblauwe (éditions Pygmalion)]