Mark Van Nierop, dentiste néerlandais, s’est installé en 2008 à Château-Chinon, au cœur du Morvan. Depuis, plus d’une centaine de ses patients ont déposé plainte pour violences, mutilations et escroqueries. Ce que les habitants de Château-Chinon ne savaient pas, c’est que ce personnage extravagant n’en était pas à son coup d’essai. Il aurait même assassiné sa propre femme. Retour sur les mille et une vies du dentiste de l’horreur.
Cela fait plus de sept ans que les habitants de Château-Chinon, petite commune du Morvan, attendent ce moment. Leur dentiste, désormais connu dans toute la France comme le “boucher de la Nièvre”, sera enfin jugé à partir de cette semaine. Il devra s’expliquer sur ses pratiques pour le moins douteuses : anesthésies de cheval à répétition, arrachages de dents sans raison, morceaux de fraise coincés dans les gencives ou encore mâchoires disloqués… Du côté des plaignants 124 patients mutilés qui espèrent obtenir réparation et surtout entendre les explications de ce “gentil” docteur qui les a dupés allégrement.
Pourtant, dans le Morvan tout avait très bien commencé. Cela faisait deux ans que les habitants de Château-Chinon n’avaient plus de dentiste. Alors, quand, en 2008, un chasseur de tête néerlandais a trouvé le docteur Van Nierop, toute la commune l’a accueilli les bras ouverts. Il faut dire que ce grand et bel homme à la carrure de rugbyman à de quoi charmer. Il ne parle pas très bien le français mais il a toujours le sourire, reçoit en urgence dès six heures du matin et propose du café dans sa salle d’attente. Il est aussi très arrangeant, et n’hésite pas à offrir des ristournes de 50% sur les implants dentaires… A condition de payer en liquide. Et même si les patients ressortent de chez lui avec une atroce douleur, personne ne semble s’inquiéter.
Le Châtelain
Le médecin loue à l’un de ses compatriotes une grande demeure qu’il fait aménager en deux cabinets dentaires avec des équipements derniers cri. Il passe sans cesse d’une salle à l’autre et multiplie les consultations. “Ce n’était plus un cabinet, c’était l’usine”, confie après coup un ex-patient. D’ailleurs, les affaires marchent très bien. Le dentiste roule un jour dans un grand 4×4, le lendemain en Cadillac décapotable. Il rachète aussi une gigantesque demeure près de Château-Chinon dans laquelle il lance des travaux pharaoniques, fait construire une piscine, une cave à vin et de nombreuses dépendances. Dans la région, l’extravagant praticien est surnommé “le châtelain”. On apprendra plus tard qu’il n’a jamais payé les travaux.
Côté vie privée, le séduisant dentiste vit avec une magnifique Néerlandaise, grande, blonde et prothésiste. Ils se marient en grande pompe dans la commune. Il se trouve que la prothésiste avait eu son diplôme en Thaïlande et que quelques années auparavant elle avait gagné sa vie en posant pour des photos de charme. Un an après leur mariage, le couple se sépare et une nouvelle femme emménage chez le praticien.
Radié
Il faudra attendre plus de deux ans pour que les patients commencent à s’inquiéter des entourloupes et des méthodes de Mark Van Nierop. Les autres dentistes de la région, qui récupèrent les patients mutilés, alertent le conseil de l’Ordre. En 2012, un collectif de clients abusés se met en place et ne cesse de recruter de nouveaux membres. C’est le début des ennuis pour le Néerlandais, qui décide de fermer son cabinet. Il est, dit-il, tombé d’une échelle et a le bras paralysé. Pourtant, beaucoup l’ont aperçu au volant de sa décapotable, téléphone à l’oreille… Van Nierop refusera toujours de répondre aux accusations du collectif.
En 2013, il est radié de l’Ordre des dentistes. Il est par ailleurs mis en examen et placé sous contrôle judiciaire. C’est alors qu’il prend la poudre d’escampette.
De leur côté, les enquêteurs remontent la trace du dentiste et découvrent qu’ils ont affaire à un drôle de personnage. De son vrai nom Jacobus Marinus van Nierop, le praticien a déjà eu une carrière mouvementée dans son pays d’origine. Après avoir changé de cabinet un grand nombre de fois, il s’installe à Amsterdam où, en 2002, quatre patients portent plainte pour des soins mal prodigués et il doit s’expliquer devant les instances professionnelles. Il confie alors avoir de gros problèmes psychologiques, être au bord de la faillite et surtout être dépassé par la dépression de son épouse. Ses excuses ne suffiront pas, Van Nierop est interdit d’exercice aux Pays-Bas. C’est alors qu’il décide de s’installer en France, en dupant tout le monde sur ses ennuis judiciaires.
Une coïncidence surprenante
Un autre élément intrigue les enquêteurs. Quelque temps avant sa fuite, un couple est attaqué en pleine nuit à son domicile tout près de Château-Chinon. L’homme est tué et son épouse, néerlandaise, est grièvement blessée. Il se trouve qu’elle était en conflit avec van Nierop qui lui devait une importante somme d’argent… La police ne trouve aucun élément qui mette en cause le praticien mais, dans les rues de Château-Chinon, on trouve la coïncidence surprenante.
En 2014, la police française retrouve enfin la trace du dentiste en fuite. Il s’est installé au Canada, à 450 km de Montréal, où il a rencontré une femme. Sous le coup d’un mandat d’arrêt international, la police pénètre chez le Néerlandais qui vient de tenter de mettre fin à ses jours. Sain et sauf, van Nierop est placé en garde-à-vue et, coup de théâtre, il avoue avoir assassiné sa première épouse aux Pays-Bas. Un aveu qui lui vaut son extradition vers son pays, qui ouvre une enquête. Les habitants de Château-Chinon devront encore attendre avant d’avoir un procès.
Finalement, les investigations montrent que van Nierop a surtout aidé son épouse à se suicider, et la justice néerlandaise n’engage pas de poursuites. En janvier 2015, le dentiste est enfin livré à la France. Depuis, le “boucher” est incarcéré dans le Loiret et attend l’ouverture de son procès qui doit se tenir, à Bourges, du 8 au 22 mars. Sans famille, ni amis, il ne reçoit la visite que de son avocate. Il dit être en liquidation judiciaire et souffrir de graves problèmes psychiatriques. Selon les médias néerlandais, il aurait entamé une procédure pour changer de sexe.
Source :
www.egora.fr
Auteur : C. L B
[Avec Nouvelobs.com et Lexpress.fr]